[PORTRAIT] Le Kram, North Suburbs (3/3)

Dernier article de notre série des fratries qui ont marqué le Club Africain à la fin des années 1980 et dans les 1990's. Embarquons direction le Kram pour parler des frères Sellimi..

Le ballon entre la gare « l’Aéroport » et le Kram

Avec un ticket d’une valeur de 400 millimes dans la main, nous embarquons dans le TGM (Tunis-Goulette-Marsa) en direction de la banlieue nord et sa ville populaire d’el Kram. Située au bord de la mer, proche du port de la Goulette, c’est ici qu’une fratrie, qui a marqué l’histoire du Club Africain est née: Lotfi, Samir et Adel. Ettachkila vous dresse le portrait de ces trois joueurs issus de la famille Sellimi, des plages de Kheireddine et Salammbô, jusqu’au stade olympique d’El Menzah en passant par le Parc A-Mounir Kebaïli..

Lotfi Sellimi, le voyageur

Le 8 juillet 1968, à Malouche (gouvernorat de Mahdia).. à 350 km de Tunis, Lotfi Sellimi voit le jour dans cette petite ville sahélienne. L’aîné des Sellimi emménage très jeune avec sa famille dans la banlieue nord de Tunis et plus exactement au Kram. C’est dans les rues de cette ville populaire que le jeune garçon a appris les bases du sport roi et a intégré dès son plus jeune âge l’un des clubs phares de la banlieue nord : Club Olympique du Kram (ex-Étoile Olympique La Goulette Kram). Alors qu’il évoluait avec les juniors de l’EOGK, Lotfi Sellimi est repéré par l’Espérance, qu’il l’enrôle dans la foulée. Après une (petite) saison avec les sangs et or, il décide de traverser l’avenue Mohammed-V pour se rendre au Parc A et rejoindre le rival : le Club Africain.

Le jeune Lotfi, qui a connu toutes les sélections jeunes avec la Tunisie, ne fera pas long feu avec le club de Beb Jedid. En effet, après avoir son obtenu son baccalauréat, il prend la décision de poursuivre ses études en Belgique, sans avoir jouer un match avec les « pro » du CA. Une fois sur place, l’aîné des frères Sellimi a connu plusieurs clubs évoluant dans les divisions inférieurs du royaume, comme Union Royal Namur FLV, La Forestoise Football Club et l’Olympic Charleroi

Quelques années après (en 1993), le CA annonce le retour de son attaquant formé au club dans son effectif. Lotfi disputa alors son premier match avec l’équipe première clubiste, en coupe de Tunisie , face au Dahmani Athlétique Club (10-0). Une victoire écrasante marquée par un quintuplé de l’aîné des Sellimi ( avec la présence sur le terrain de ses deux frères Samir et Adel). Au cours des années clubistes Lotfi Sellimi sera repositionner en défense. Il remporte le championnat en 1996 ainsi qu’une Arab Cup Winners’ Cup en 1995.

À son échelle, Lotfi aura laissé son empreinte dans le club de ses premiers amours…

Samir Sellimi, le capitaine et leader

Né le 5 juin 1970, Samir Sellimi commence (comme son grand frère Lotfi) son apprentissage au football dans les rues et les « Batha » du Kram. A l’age de 9 ans, le joueur décide de rejoindre l’Étoile Olympique La Goulette Kram pour faire ses premières classes avec le club de sa ville. Ayant pour exemple le regretté Hammadi Agrebi (paix à son âme) et le numéro dix de l’équipe de France un certain Michel Platini, le cadet des Sellimi va rapidement se faire une réputation hors de la banlieue nord de Tunis. C’est quelques années plus tard, que Club Africain l’accueille alors au Parc A – Mounir Kebaïli pour y poursuivre sa formation.

Le 19 Avril 1987, Samir Sellimi (âgé de 17 ans) dispute son premier match avec l’équipe première du CA, lors d’un derby en championnat face au rival l’Espérance (1-1). L’entraîneur Kazbek Tuaev le convoque avec Khaled Saïdi pour participer au succès en demi-finale de Coupe 1988 face à l’Étoile (3-3 agg, 4-5 tab) mais le Club Africain s’incline en finale face au Club Olympique des Transports (1-1 agg, 5-4 tab).

La reprise pour l’exercice suivant (1988-1989) aura été charnière pour le milieu de terrain, qui prend plus d’assurance et de volume dans le jeu. À tout juste 18 ans, Samir Sellimi devient titulaire dans le onze et connaît sa première sélection avec la Tunisie. C’était le 28 septembre 1988 pour un déplacement à Monrovia face au Liberia, il dispute son premier match (amical) sous les couleurs des Aigles de Carthage.

C’est avec ce statut de néo-international, que le joueur entamera une saison 1989-1990, un brin revanchard. Le Club Africain, qui débute mal le championnat, effectuera une « remontada » au classement pour rattraper le Stade Tunisien et l’Espérance lors d’un sprint final incroyable (dont une victoire 1-0 contre l’Avenir Sportif de la Marsa lors de la 26e journée). Le club de Beb Jedid termine cet exercice à la place du leader avec 83 points et Samir Sellimi remporte son 1e trophée majeur.

Par la suite, Samir Sellimi devient un cadre incontournable du Club Africain et enchaîne les matchs en club et avec la sélection. En 1991 il gagne la CAF Champions League après une victoire record en finale (7-3 agg) face aux ougandais de Nakivubo Villa Sports Club (actuel Villa Sports Club). Dans la foulée, Samir Sellimi complète son palmarès avec la Roubaia (quadruplé en VF) historique en étant le capitaine de la formation Biancorossa.

En sélection, Samir a été convoqué pour la CAN 1994 (après avoir fréquenté toutes les équipes de jeunes de la sélection) . Le joueur va enfin goûter à une grande compétition avec les Aigles de Carthage, hélas pour lui, la sélection de Youssef Zouaoui sort au premier tour et ce fût un fiasco pour lui (et pour tout le pays) qui était pourtant ravi de jouer avec son petit frère Adel sous le maillot d’El Mountakhab (sélection en VF). Le gaucher compte au total 50 sélections (1988-1995) avec la Tunisie. Son retour au Parc A se fait en douceur, il remporte l’Arab Cup Winners Cup face à l’Étoile (0-1 ap) et surtout le Lion haut la main en 1996 (trophée de champions).

La cadet des Sellimi raccrocha les crampons en 1997, alors âgé de 27 ans, après avoir été promu capitaine. En dix années sous les couleurs du Club Africain. Samir Sellimi a remporté 7 trophées et symbolise en partie cette décennie 1990’s dorée des clubs tunisiens..

Adel Sellimi, la polyvalence

Le plus jeune de la famille, né le 16 novembre 1972, a été l’un des visages les plus emblématiques du Club Africain pendant des saisons. Contrairement à ses frères, Adel a signé sa première licence au Parc A alors âgé de 10 ans, lui même l’avoue (régulièrement) qu’il a été façonné par cet ADN du club de Bab Jedid. L’attaquant svelte, racé et rapide débute avec le CA à l’âge de 17 ans pendant la saison 1989-1990 dans une rencontre face à l’Association Sportive de Oued Ellil (qui se solde par une victoire 2-0). L’épilogue de cette première expérience chez les « pro » aura été exceptionnel pour Adel Sellimi qui remporte un championnat dès sa toute première saison dans son club formateur.

Dans la foulée, l’attaquant découvre la C2 africaine et malgré un revers en finale contre BBC Lions il prend conscience très tôt de son potentiel dans la formation de Beb Jedid. Par la suite, Adel Sellimi a été l’un des grands artisans du quadruplé en 1991, en inscrivant l’unique but de la fameuse rencontre Club Africain – Club Athlétique Bizertin en 1992, en marquant également lors de finale aller de Champions League (6-2) face au Nakivubo Villa SC et en terminant par la même occasion co-meilleur buteur de la CL avec 6 buts (ex æquo avec Faouzi Rouissi). L’attaquant remporte dans la foulée la coupe de Tunisie face Stade Tunisien (2-1 ap.) et l’Afro-Asian Cup face à Al-Hilal (4-3 agg). Cette saison aura été celle de tous les succès pour l’attaquant, M’rad Mahjoub l’appelle en sélection pour intégrer le groupe de Tunisie.. à 19 ans à peine. (face au Cameroun en amical 2-2)

Les saisons suivantes seront moins glorieuses pour le petit « Adel », le transfert de Faouzi Rouissi en Ligue 1 fragilise la force offensive du CA ainsi que le départ du technicien roumain Ilie Balaçi. En 1995, le Club Africain affronte l’Étoile en finale de l’Arab Cup Winners Cup (le club de Bab Jedid l’emporte grâce au penalty de Nabil Maâloul ), avance de remporter le titre de champion de Tunisie en 1996, après une excellente saison (avec comme récompense le titre de la meilleure attaque du championnat – 49 buts).

C’est au terme de cette saison que Adel quitte son club formateur pour tenter l’aventure sur le vieux continent. Durant ses années européennes, le joueur connaîtra la Ligue 1 (Football Club de Nantes), la Liga2. (Real Jaén) et la 2.Bundesliga (Sport-Club Freiburg).

Concernant la sélection, après une première participation à la CAN 1994, Adel Sellimi a pris une dimension continentale dès la magnifique CAN 1996 (la Tunisie a terminé 2e), année durant laquelle il a participé aux Jeux Olympiques à Atlanta aux Etats Unis. Il enchaîne ensuite avec la campagne de qualifications pour le CDM 1998, ou il inscrit un but face au Liberia de George Weah (victoire 2-0) au stade olympique d’El Menzah en 1997 et réussit avec sa génération à retrouver la coupe du monde (la seconde participation après celle de 1978 ndlr) et fût du voyage en France en 1998 (avec son numéro 11 mythique). Il a été également présent pour la CAN 2000 sous l’égide de Francesco Scoglio et pour la coupe du monde 2002 en Corée-Japon. L’attaquant compte 71 matchs avec les Aigles de Carthage pour 21 buts. Un ratio excellent qui le place 3e meilleur artilleur de l’histoire de la sélection.

Pour l’histoire, Adel Sellimi participe en 1997 au match symbolique Europe vs Rest of the World (2-5) au stade Vélodrome en compagnie de Ronaldo, Gabriel Batistuta, Nwankwo Kanu et Hidetoshi Nakata pour ne citez qu’eux.

Suite à sa retraite internationale après la World Cup 2002, le joueur fait le choix de revenir dans son club de cœur pour achever sa carrière. Adel Sellimi ponctue au terme de la saison 2004 (alors âgé de 34 ans), 15 saisons dont 9 avec le club de Bab Jedid avec qui le numéro 11 du Kram a remporté 7 trophées.. OUSTOURA (icone en VF).