INTERVIEW : Nabil Trabelsi, « The Tunisian Super Eagle »

L’entraîneur-adjoint de l’équipe nigériane, Nabil Trabelsi, est une compétence tunisienne avérée qui s'illustre depuis quelques années loin de nos frontières. Nabil s'est livré à Ettachkila sur son expérience avec les Super Eagles, ses débuts en Allemagne et sa relation avec la Tunisie. En coopération avec nos confrères «Les talents tunisiens», son INTERVIEW.

ETTACHKILA. Bonjour Nabil, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

NABIL TRABELSI. Bonjour à vous et merci pour l’invitation. Nabil Trabelsi, j’occupe le poste d’entraineur adjoint de Gernot Rohr, le sélectionneur allemand du Nigeria. Sur le plan personnel, je suis né à Strasbourg, en France, j’ai 48 ans, et je suis papa de trois enfants. Mon histoire avec le football a commencé en Tunisie, à L’Ariana, une ville spéciale pour qui je garde des bons souvenirs. C’est là-bas que j’ai passé toute ma jeunesse et appris les bases du football avant de m’envoler pour l’Allemagne (à l’âge de 21 ans) et rejoindre le Fribourg FC qui évoluait alors en dritte Liga (troisième division).

ETTACHKILA. Comment ça s’est passée ton aventure en Allemagne ?

NABIL TRABELSI. J’ai joué quelques saisons avec le F.F.C avant d’opter pour une reconversion professionnelle. Mon processus de formation a duré six ans pour d’obtenir une licence UEFA A. J’ai également obtenu d’autres diplômes notamment sur l’aspect mental (en Suisse) ou technique (aux Pays-bas avec Marcel Lucassen, l’actuel directeur de développement d’Arsenal)

Toutes ces années m’ont permis d’apprendre beaucoup de choses sur les spécificités du football allemand et sur les méthodes scientifiques de la formation. J’ai eu la chance de côtoyer de grands noms de la Bundesliga tout au long de mon apprentissage, à l’instar de Robin Dutt (ancien entraineur de Freiburg), Christian Streich (l’actuel coach du club, qui s’occupait à l’époque des U19) et surtout mon ami Marcus Sorg (l’actuel adjoint de Joachim Low, le sélectionneur de l’Allemagne).

ETTACHKILA. Tu as eu une expérience avec les jeunes de Freiburg. Quel apprentissage cela t’a permis de faire ?

NABIL TRABELSI. Outre le volet technique, je me suis bien instruit sur les volets psychologique et mental des joueurs (en utilisant par exemple des notions comme la team-famille). Parmi les joueurs que j’ai formé à l’académie de Freiburg (l’une des meilleures en Allemagne), je peux vous en citer le gardien d’Hoffenheim, Oliver Baumann, ou encore le défenseur du Borussia Mönchengladbach et champion du monde 2014, Matthias Ginter). J’ai beaucoup travaillé aussi dans le domaine du scouting et j’étais derrière l’arrivée de plusieurs joueurs en Bundesliga (comme le tunisien Amir Akrout en 2008).

Pour l’anecdote, j’ai eu sous mes ordres le tunisien Mohamed Drager durant trois ans dans les catégories de jeunes de Freiburg. Nous gardons encore un contact régulier et une excellente relation.. Je suis très fier du parcours qu’il fait.

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Durant ma formation en Allemagne, j’ai appris toute la rigueur et le professionnalisme imaginables..

Nabil Trabelsi

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ETTACHKILA. Ensuite, tu reviens en Tunisie, à travers l’Etoile du Sahel..

NABIL TRABELSI. C’était en 2012, l’entraineur (et mon ami) autrichien Bernd Krauss m’a contacté et m’a proposé de l’accompagner à Sousse pour devenir son adjoint à l’Etoile Sportive du Sahel. Je n’ai pas beaucoup réfléchi et j’ai directement accepté cette opportunité d’aller entrainer un grand club comme l’ESS. L’effectif était de grande qualité avec des noms comme Balbouli, Felhi, Adel Chedli, Santos, Kom et beaucoup d’autres joueurs. C’était ma première expérience comme entraineur adjoint, et malgré qu’elle n’a pas trop duré (pour plusieurs raisons), je retiens tout de même des choses positives de mon passage à Sousse où j’ai engrangé de l’expérience aux cotés d’un grand nom comme Bernd Krauss.

ETTACHKILA. Ensuite, tu enchaines avec une deuxième expérience en Tunisie. Cette fois avec la sélection..

NABIL TRABELSI. Oui, absolument. C’était en 2014 avec le belge George Leekens qui m’a emmené dans son staff à la tête des Aigles de Carthage. J’avais pour mission d’observer les adversaires de la Tunisie et de travailler avec le reste du staff sur la préparation des matchs. Nous nous sommes qualifiés à la CAN 2015 en étant premier de notre groupe (avec le Sénégal, l’Égypte et le Botswana) mais, malheureusement, je ne fais pas la CAN avec la sélection tunisienne, et je rentre en Allemagne, pour continuer mon travail avec Freiburg.

ETTACHKILA. A quel moment commence ton aventure avec Gernot Rohr ?

NABIL TRABELSI. C’était à l’occasion de la CAN 2013 en Afrique de Sud. J’étais en mission de scouting pour mon club et c’est là que j’ai fait connaissance avec Gernot. Le courant est bien passé entre nous car nous partageons beaucoup de points en commun : nous avons un ami en commun en la personne Volcker Finke et avons tous les deux travaillé à l’Etoile (Gernot Rohr avait entraîné le club phare du Sahel entre 2008 et 2009). C’est tout naturellement que je commence en 2015 ma collaboration avec lui en tant qu’entraineur adjoint de l’équipe du Burkina Faso (durant un an) avant qu’il démissionne.

Gernot Rohr est un excellent entraineur doublé d’une personne humainement remarquable. Il avait une riche expérience en tant que joueur au Bayern Munich et aux Girondins de Bordeaux avant d’entrainer de grands noms du football mondial, comme Zidane, Lizarazu ou Dugarry

Nabil Trabelsi

ETTACHKILA. Après, vous arrivez au Nigeria en 2016, et vous disputez la coupe de Monde en Russie en 2018 et la CAN d’Egypte en 2019…

NABIL TRABELSI. Oui, c’est en 2016 que mon aventure au Nigeria a débuté. J’ai la chance de travailler avec de grands joueurs du continent africain (à l’instar des Musa, Ighalo, Obi Mikel ou Moses) dans un pays qui respire le football. Mon arrivée au Nigeria, je la dois beaucoup à Gernot Rohr, qui a cru en moi et qui m’a imposé dans son staff. Je suis très fier de mon parcours, nous avons réussi à nous qualifier à la Coupe de Monde 2018 en Russie où nous avons joué des matchs extraordinaires face à des stars mondiales comme Lionel Messi ou Luka Modric (le Nigeria a été éliminé sur le fil au premier tour par l’Argentine). Un an après, on joue la CAN 2019 en Egypte où on termine sur le podium en battant la Tunisie lors de la petite finale. C’est une expérience très enrichissante pour moi que d’entrainer les Super Eagles, tant sur le plan personnel que professionnel

ETTACHKILA. Justement, en évoquant la Tunisie, quel est ton rapport avec les responsables du football tunisien aujourd’hui ?

NABIL TRABELSI. Sincèrement, j’ai d’excellents rapports avec beaucoup de techniciens tunisiens. Je connais très bien Mondher Kebaier, le sélectionneur actuel, depuis qu’il était directeur du centre de formation de l’Etoile du Sahel. Je suis aussi en contact avec Fethi Laabidi ou Lasaâd Jarda, qui a réussi une saison mémorable à la tête de l’US Monastir. J’ai également une relation très respectueuse avec Dr Wadii El Jarii, le président de la Fédération Tunisienne de Football.

ETTACHKILA. Parlons un peu de ton avenir. Envisage-tu une carrière « en solo » ?

NABIL TRABELSI. Je vous avoue que c’est quelque chose qui me fait réfléchir, mais en tout cas, ce ne sera pas pour tout de suite. J’ai envie de disputer une deuxième Coupe du Monde avec le Nigeria. Notre objectif rester d’aller au Qatar en 2022 et pourquoi pas rééditer les exploits de 2014 ou 1998 (où le Nigeria s’était qualifié pour les 1/8e de finale). J’aurai l’occasion par la suite, de passer un cap et de prendre en charge une bonne équipe en tant que head coach.

ETTACHKILA. Nabil, tu joues un match amical ce mardi face à la Tunisie. Qu’est ce que tu attends de cette rencontre ?

NABIL TRABELSI. Je pense d’abord que le contexte sera complétement différent de notre dernière confrontation en Egypte (ndlr : victoire du Nigeria face à la Tunisie 1-0 à la CAN). C’est un match amical et les deux équipes chercheront à développer du beau jeu avec un football technique et rapide. Nous connaissons très bien la Tunisie et nous ferons tout pour gagner (sourire)

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Mon rêve est d’entrainer une sélection ou un club. J’ai toutes les connaissances et l’expérience pour réussir..

Nabil Trabelsi

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ETTACHKILA. Un dernier mot pour les supporters  tunisiens qui te suivent ?

NABIL TRABELSI. Tout d’abord, encore merci à vous pour l’invitation et pour tout le travail que vous faites pour mettre en lumière les compétences tunisiennes. Je salue le public tunisien et le remercie pour toute l’énergie qu’il a pu me donner à travers leurs nombreux messages d’encouragement. J’espère continuer sur cette trajectoire et aller le plus loin possible dans ma carrière..