Khazri, un Aigle sur le banc des accusés

Après la qualification de la Tunisie pour la prochaine CAN (2022), une vague de critiques s’est abattue sur la sélection à propos de la performance des joueurs lors de la double confrontation face à la Tanzanie. Un joueur a particulièrement cristallisé l'attention : Wahbi Khazri. Tentative d'analyse

Des critiques exacerbées

La prestation de Wahbi Khazri n’a pas manqué de susciter les réactions les plus virulentes dans les médias et sur les réseaux sociaux de la part des supporters et des observateurs tunisiens (notamment pour son action isolée où on le voit trotter seul en attaque et en position de hors-jeu pendant que ses camarades combinaient au milieu). Dans ce marasme de réactions (dont certaines valent ce qu’elles valent), on retient qu’il est principalement reproché à Wahbi sa condition physique défaillante, son manque d’implication et son inefficacité..

Si cette conclusion est hâtive car basée sur un raccourci émotionnel et manquant d’arguments contextualisés, il convient toutefois d’analyser la situation du joueur sur les points évoqués plus haut.

Une déficit physique évident…

Lors de la dernière sortie tunisienne en Tanzanie, si sur le plan de la condition physique le joueur a bien été (de l’aveu du sélectionneur Mondher Kebaier) en deçà de son objectif (réaliser 10 km durant le match), cette prestation doit être mise dans son contexte : un temps de jeu réduit pour le stéphanois en manque de certitudes avec un changement d’entraineur et une situation globale très particulière (compétitions ayant du mal à décoller du fait de la pandémie du Covid-19). Un déficit physique également constaté chez le reste des joueurs tunisiens (dont certains finissent leur saison et d’autres n’ont pas encore connu le retour aux compétitions locales) hormis Dylan Bronn et Elyes Skhiri, qui ont fait preuve d’une grande régularité physique lors des dernières sorties de l’EN

Un winner indispensable au groupe

Sur le supposé manque d’implication, le sélectionneur national n’a pas manqué de rappeler lors de sa récente mise au point sur les ondes la radio Mosaïque FM que Wahbi a toujours fait preuve d’attitude positive (en acceptant notamment de se faire remplacer alors qu’il avait parfois mal réagi auparavant dans des conditions similaires), qu’il avait une mentalité de gagneur et qu’il s’entendait désormais beaucoup avec Youssef Msakni au sein du groupe Tunisie. Mondher Kebaier a également révélé qu’il avait débriefé le joueur dans l’avion de retour de la délégation tunisienne et que Wahbi était réceptif et conscient de la nécessité de travailler les points d’amélioration fixés par le staff technique.

Des chiffres qui plaident en sa faveur

Si l’argument de l’inefficacité peut s’entendre du fait que le joueur n’évolue pas à son poste de prédilection (un choix du sélectionneur national du fait de la pénurie d’attaquants compatibles avec sa philosophie de jeu compartivement à d’autres compartiments de jeu comme le milieu de terrain), les chiffres montrent toutefois que Wahbi Khazri occupe, avec 3 buts (exæquo avec des attaquants d’autres nations), la 2e place des meilleurs buteurs de l’actuelle campagne de qualification à la CAN.

En conclusion, et face à cette pression populaire dont il fait l’objet, Wahbi Khazri est plus que jamais challengé pour retrouver son niveau de forme et répondre présent aux prochaines échéances.. Et cela passera forcément par sa situation en club (une situation compliquée, il faut dire), faute de quoi il verra son statut en sélection sérieusement menacé et donnera peut-être raison à ses détracteurs… Un chalenge à la mesure de ce compétiteur ? Les prochains mois nous en diront plus !