Football, CAF Cup : L’Étoile pour confirmer le renouveau

L'Étoile Sportive du Sahel affrontera lors du Play-off Round de C3 la formation de Young Buffaloes Football Club. L'occasion pour Ettachkila de revenir sur les forces et faiblesses de l'ESS..

Quart de finaliste de la dernière CAF Champions League, l’Étoile Sportive du Sahel a conclu la dernière saison de LP1 à la troisième place, lui accordant ainsi le droit de disputer « seulement » une CAF Cup pour cet exercice 2020/2021. Vainqueur de la compétition à quatre reprises, avec une dernière édition remportée en 2015 sous les ordres du coach Faouzi Benzarti, le club espère profiter de son regain de forme récent pour briller une nouvelle fois sur la scène continentale.

La crise … avant la renaissance ?

Après avoir enchainé pas moins de cinq entraineurs différents en l’espace d’une seule saison, l’ESS avait, à l’aube du nouvel exercice, l’objectif de gagner en stabilité sportive afin de retrouver un chemin vers les trophées qu’elle n’a plus connu depuis 2016, et un championnat de LP1. C’est ainsi que la direction a décidé de nommer le brésilien Jorvan Vieira pour prendre les rênes de l’équipe et ainsi démarrer la saison sous les meilleurs auspices. Connu pour sa capacité à travailler dans des conditions difficiles, l’ancien sélectionneur de l’Irak n’aura pourtant pas tenu longtemps à Sousse. Seulement 1 mois et 8 matchs plus tard, revoilà un nouveau limogeage de la part du club du Sahel, qui se met ainsi à la recherche de la perle rare, un coach capable de faire oublier tous les problèmes institutionnels qui touchent le club, et qui se font ressentir jusque sur le plan sportif.

C’est alors que les dirigeants profitent de la crise institutionnelle profonde qui touche un autre club tunisien, en contactant l’entraineur qui vient tout juste de démissionner du Club Africain : Lassad Dridi. Déjà passé par le Stade Tunisien, le CS Sfaxien ou encore l’US Monastir, ce technicien tunisien est surtout connu pour sa capacité à instaurer une certaine discipline au sein des clubs par lesquels il passe, et à construire des équipes avec une très bonne assise défensive, soit deux éléments qui manquaient cruellement à l’Étoile.

Dès son arrivée, le coach a su imposer un système et des principes de jeu clairs, tout en composant avec un groupe décimé par les blessures et le covid, et ainsi relancer des joueurs qu’on ne croyait plus capables de performer sous le maillot du club. Après 5 matchs à la tête de l’équipe et autant de victoires, Lassad Dridi a ainsi permis aux supporters de l’ESS de retrouver une équipe compétitive et un groupe uni, allant même jusqu’à nourrir des ambitions dans une course au titre qui semblait perdue d’avance il y a encore un mois. De quoi rêver d’un triomphe africain ?

Les armes pour aller au bout ?

Avec un effectif mêlant jeunes issus du centre de formation et cadres expérimentés, l’Étoile semble disposer d’un groupe capable de figurer parmi les belles surprises de cette édition 2021 de la CAF Cup. Alors que l’apport d’éléments comme Aymen Balbouli, Iheb Msakni ou encore Yassine Chikhaoui est extrêmement précieux aussi bien sur qu’en dehors du terrain, le club peut également profiter de l’éclosion de plusieurs jeunes au plus haut niveau. Parmi eux, le défenseur central de 22 ans Salah Harrabi, qui a déjà pu disputer quelques rencontres la saison dernière, et qui confirme toutes les bonnes impressions qu’il avait pu laisser entrevoir. De la même génération que Harrabi, le milieu offensif Fraj Kayramani s’est lui imposé comme un titulaire indiscutable depuis la prise de fonction de Lassad Dridi, apportant une touche technique devenue indispensable à l’entrejeu étoilé.

Outre ces deux éléments, le retour de blessure du jeune Aly Soumah, ailier virevoltant qui a fait forte impression lors de ses apparitions lors de la dernière saison, devrait également permettre au staff de disposer d’un grand choix sur le front de l’attaque. Ajoutez à cela l’éclosion de l’attaquant Souleymane Coulibaly, actuel meilleur buteur du championnat tunisien qui marche sur l’eau depuis l’arrivée du nouvel entraineur, et vous obtenez une armada offensive très prometteuse qui semble capable de mettre à mal un grand nombre de défenses sur le continent. Cependant, c’est dans le secteur défensif que se trouvent les principaux chantiers de Lassad Dridi, et ce malgré la présence de Salah Harrabi. Meilleure attaque du championnat avec 19 buts inscrits, l’Étoile est néanmoins la 5^e défense, avec 10 buts encaissés en 12 rencontres. Si cela peut s’expliquer par une grande instabilité dû aux blessures, et l’impossibilité d’aligner le même quatuor défensif lors de deux rencontre consécutives, c’est surtout le manque de qualité dans ce compartiment qui en est la première cause.

Alors que Saddam Ben Aziza enchaine les bévues depuis la fin de saison dernière, Bahaeddine Sallami et Omar Konaté ne semblent pas en mesure d’effectuer 90 minutes sans être coupables d’une erreur grave pouvant déboucher sur une occasion de but adverse. Alors que le premier ne semble bénéficier d’aucune qualité propre à un défenseur central, le second n’a jamais été en mesure de justifier son transfert de la RS Berkane en 2017, avec de grandes défaillances dans la relance et des égarements inquiétants au niveau du placement. Et si le recrutement d’un élément était attendu à ce poste lors du mercato hivernal, les dirigeants étoilés semblent attendre l’éclosion de jeunes éléments du centre de formation, dont Abderrazek Bouazra (22 ans), prêté la saison passée à la JS Kairouannaise. Alors qu’il est difficile de savoir à quoi ressemblera le duo qui formera l’axe central de l’équipe d’ici la fin de saison, il est certain qu’il s’agit d’un élément indispensable quant à la réussite ou l’échec du club en CAF Cup.

Une compétition plus relevée que d’habitude ?

Alors que l’ Étoile Sportive du Sahel s’apprête à affronter les Young Buffaloes d’Eswatini, c’est non sans trembler qu’ils ont atteint ce dernier tour préliminaire avant la phase de groupes. Adversaires des égyptiens d’Arab Contractors lors du tour précédent, les étoilés ont dû attendre la dernière minute du match retour pour décrocher leur qualification grâce à un penalty de Souleymane Coulibaly, alors auteur d’un doublé et sauveur d’un soir. Encore entrainée par Jorvan Vieira à l’époque, l’équipe avait alors laissé paraitre plusieurs signes d’inquiétude, avec une charnière centrale Ben Aziza-Konaté qui a volé en éclats devant les feintes de l’attaquant tunisien Seifeddine Jaziri. Alors qu’elle semble avoir retrouvé de la stabilité depuis, l’Étoile devrait néanmoins négocier ce déplacement en Eswatini avec la plus grande prudence contre un adversaire pour lequel on dispose de très peu d’éléments.

Vainqueur de la dernière édition de MTN Premier League, les Young Buffaloes avaient ainsi décrocher leur ticket pour l’édition 2021 de la CAF Champions League. D’abord vainqueur du Messager Ngozi (Burundi) au premier tour préliminaire, les Eswatiniens ont ensuite dû faire face à l’AS Vita Club (RD Congo), qui a constitué une marche trop haute pour ce club encore peu expérimenté à l’échelle continentale. Défaits sur le score de 6-3 en score cumulé (2-2 en Eswatini, défaite 4-1 en RDC), les Young Buffaloes ont donc été reversé en CAF Cup, où ils affronteront là encore un gros morceau, quadruple vainqueur de la compétition. Une fois passée cette étape, l’Etoile du Sahel aura néanmoins fort à faire pour espérer atteindre le dernier carré de la compétition, objectif qui semble à ce jour raisonnable au vu de l’effectif du club.

Ainsi, plusieurs grosses écuries du football africain composent cette saison le plateau de ce tournoi. En plus des deux finalistes de la dernière édition, la Renaissance Sportive Berkane et le Pyramids Football Club, nous retrouvons quelques habitués à l’image du Club Sportif Sfaxien, Orlando Pirates, Gor Mahia ou encore la Jeunesse Sportive de Kabylie. Enfin, le tableau final des phases de groupes devrait également compter quelques mastodontes qu’on a davantage l’habitude de voir en CAF Champions League. Nous pouvons par exemple citer le Raja de Casablanca, demi-finaliste de la dernière CL ayant subi une élimination surprise lors du tour préliminaire, mais également l’Entente Sportive de Sétif, Primeiro de Agosto, ou encore Enyimba. A l’heure du renouveau, l’ESS et son coach Lassad Dridi n’auront donc pas le droit à l’erreur ce dimanche au Trade Fair Ground de Manzini, en terre eswatinienne. Alors que la CAF Cup peut représenter une occasion de confirmer les belles performances acquises en championnat.