En cette triste date du 15 mai, le staff Ettachkila rend hommage au défunt joueur de l'Étoile Sportive du Sahel et ancien international tunisien.
Zaouiet Sousse et les premiers pas au sein de l’Étoile
Lotfi Baccouche voit le jour dans la ville de Zaouiet Sousse, comme son nom l’indique dans le gouvernorat de Sousse, le 19 juin 1973. Passionné par le football depuis son plus jeune âge, le bambin grandit au milieu d’une fratrie de 2 frères et 2 sœurs, et tombe amoureux du grand club de la région : l’Étoile Sportive du Sahel. C’est tout naturellement que le joueur va alors intégrer l’académie du club en 1985, peu après avoir soufflé ses douze printemps.
Doté d’une bonne qualité technique et d’une vision de jeu remarquable, Lotfi Baccouche est rapidement placé en position de meneur de jeu, comme un numéro dix classique. Accompagné de son coéquipier de la génération 1973, l’ancien défenseur international Férid Chouchane, les deux compères vont alors remporter pléthore de trophées durant leurs parcours chez les jeunes de l’ESS. On trouve notamment dans leur palmarès une coupe de Tunisie U-15 en 1987, un championnat U-17 en 1988, et la coupe de Tunisie U-19 en 1989. Avec ce back-ground et son rôle important dans ces succès, le coach Asparuh Nikodimov le convoque naturellement pour participer aux entrainements du groupe » pro » de l’Étoile Sportive du Sahel.
Fût un temps, je descendais du côté de Zaouia pour rejoindre Lotfi et nous partions à l’entraînement en mobylette, puis pareil dès que j’ai eu ma voiture.. ainsi a été notre quotidien.
Zoubaier Baya, ex-coéquipier et ami de Lotfi Baccouche, 2021.
Les places d’honneur, la survie et la gloire sous le ciel de Sousse
Les premières saisons et le début de carrière de Lotfi Baccouche au sein de l’effectif de l’ESS sont prometteuses, oscillant entre les places proches du podium (4e en 1989-1990, 3e en 1990-1991 et 5e lors de la saison 1991-1992). Le jeune latéral a également été dans le groupe lors de la finale de coupe de Tunisie en 1990-1991, perdue face à l’Espérance Sportive de Tunis (1-2), de même que pour la demi-finale face au Club Africain (0-0 ap, 3-4 tab) lors de l’édition suivante. Alors que le football tunisien entre dans une nouvelle ère, l’Étoile et Lotfi Baccouche connaissent une des pires saisons de leur histoire (92-93). En effet, le club étoilé termine 9e sur 14, à un point du premier relégable, et parvient à se maintenir après une longue saison éprouvante pour les joueurs et le staff. Cette saison catastrophique conduit au départ du président Hamadi Mestiri qui laisse place à l’ère de.. Othman Jenayeh.
Sous son mandat, le club prend alors une autre dimension. D’abord à l’échelle régionale, où le club attire de plus en plus des jeunes talents issus des trois gouvernorats du Sahel (Sousse, Monastir, Mahdia et quelques villes du gouvernorat de Kairouan), mais également à l’échelle nationale. L’Étoile Sportive du Sahel se structure également avec l’inauguration du complexe d’entraînement, siège du club dans le quartier Hay Hached.
Avec tous ces moyens mis en œuvre, Lotfi Baccouche progresse dans son jeu, et ce sont les passages de Rabah Saâdane mais surtout de José Dutra dos Santos qui permettent au club de revenir sur les devants de la scène en championnat.
Classés à la 2e place de LP1 en 1993-1994 et finalistes de la coupe de Tunisie la même saison, les résultats annoncent les prémices d’une génération dorée de l’ESS. Au cours de la saison 1994-1995, l’effectif se renforce, se classant 3e en championnat et finissant finaliste de l’Arab Cup Winners’ Cup face au Club Africain (1-0 ap). Le club glane également son premier trophée africain de son histoire, la CAF Confederation Cup, en s’imposant en finale face à l’Association Sportive Kaloum Star (0-2 agg). Lotfi Baccouche a joué un grand rôle dans cette épopée en étant titulaire lors de cette double confrontation historique.
L’exercice 1995-1996 a été dans la même dynamique pour le joueur et le club, le latéral droit devant indiscutable dans le 3-5-2 du tacticien carioca. La formation de Sousse termine alors 2e de LP1, remporte la coupe de Tunisie (2-1) contre la Jeunesse Sportive Kairouanaise, mais échoue en finale de la CAF Confederation Cup face au Kawkab Marrakech (3-3 agg). L’Étoile réussit finalement à décrocher le trophée de champion de LP1 au terme de la saison suivante, et retrouve une finale continentale en soulevant la CAF African Cup Winners Cup contre le club du FAR Rabat (2-1 agg).
Lors de la saison 1997-1998 qui est la première de l’ère professionnelle, les joueurs d’Ivan Buljan (le coach en place sur le banc de touche de l’ESS) restent au sommet de la Ligue Professionnelle 1 en terminant sur la 3e place du podium, Lotfi Baccouche était alors à son pic de forme, mais une blessure viendra malheureusement stopper les belles performances du polyvalent arrière gauche, qui ne participe pas à la finale de CAF Supercup 1998 remportée par les étoilés face au Raja Club Athletic (2-2 ap, 2-4 tab).
Atlanta 1996, les Jeux Olympiques et la sélection tunisienne
Lotfi Baccouche était dans le groupe lors des African Qualifiers Tournament pour les J.O 1996, et a vu son nom logiquement apparaitre dans la liste des 18 joueurs nommés par Henryk Kasperczak. Le sélectionneur polonais souhaitait alors apporter du sang neuf aux Aigles de Carthage après le fiasco de 1994, et comptait sur les joueurs de la nouvelle génération pour donner un second souffle au football tunisien. Au vu de ses qualités et de sa polyvalence, Lotfi Baccouche aura été un des personnages clés de cette renaissance. Le 20 juillet 1996, en ouverture du groupe A, il fait son entrée en jeu lors de la deuxièle mi-temps, assistant à la défaite de sés coéquipiers face au Portugal (2-0). Deux jours plus tard, le latéral est titulaire contre les États-Unis (2-0), lors du second revers des Aigles. Il participe également au fameux match face à l’Argentine de Daniel Passarella (1-1), où la Tunisie tient tête à cette merveilleuse Albiceleste, malgré son expulsion en fin de rencontre (83e) pour cause de second carton jaune.
Alors que le natif de Zaouiet Sousse enchaine les bonnes performances avec son club de toujours, l’Étoile Sportive du Sahel, une blessure le tient éloigné des terrains au cours de la saison 1997/98. Il voit alors ses chances de participation au Mondial 1998 en France se réduire considérablement.
Peu après son retour aux entrainements collectifs au complexe sportif du club de Sousse, Lotfi Baccouche décède le 15 mai 1999 dans les rues de sa ville natale de Zaouiet Sousse, le jour de son mariage, fauché par un conducteur inattentif.
Le destin aura été tragique envers ce jeune homme de 25 ans qui donna son cœur pour le club de sa région et pour la sélection tunisienne, comptant un des palmarès les plus riches de la période (1 championnat, 1 coupe, 1 African Winners Cup et 1 CAF Confederation Cup). Ironie de l’histoire, l’Étoile Sportive du Sahel remporte un nouveau trophée africain seulement quelques mois après son décés tragique : la CAF Confederation Cup 1999 face au Wydad Athletic Club (2-2 agg). Nul doute que cette consécration a été, et sera à jamais un hommage pour.. Lotfi Baccouche.
Allah Yarhmou..