Arrivé à la surprise générale chez le récent promu en Serie A, l’international tunisien Wajdi Kechrida découvrira le Calcio à travers l’Unione Sportiva Salernitana 1919. Ettachkila vous propose ce voyage à la province de Salerno, pour découvrir cette magnifique ville et son emblématique club de foot, encore méconnu par une large partie du public tunisien.
L’histoire de Salerno
Salerne (Salerno dans la langue de Roberto Benigni) est une ville italienne de la province de Salerne en Campanie. Située sur le golfe du même nom, au sud de Naples et à quelques pas de la fameuse côte amalfitaine, Salerne est une magnifique région historique du sud de l’Italie. Cité prospère tout au long des siècles, elle a été le creuset du style normand arabo-byzantin. De sublimes monuments tels que le Castello di Arechi, le Jardin de Minerva ou le Lungomare di Salerno témoignent encore de ce glorieux passé.
Salerne accueille également la plus ancienne université de médecine d’Europe, la Schola Medica Salernitana, plus importante source de savoir médical en Europe au début du Moyen Âge. Le symbole du club, l’hippocampe, a par ailleurs une référence historique puisqu’il était l’emblème de cette même université.
La ville de 120 000 habitants respire le football dans un bassin géographique englobant des bastions centro-sudistes du Tifo organizzato tels Naples, Cava de’ Tirreni (Cavese), Avellino, Castellammare di Stabia (Juve Stabia), Torre Annunziata (Savoia), Torre del Greco (Turris) et autres Caserta (Casertana).
La Curva Sud Siberiano est l’une des plus créatives, plus chaudes mais aussi des plus détestées d’Italie. Siberiano, de son vrai nom Carmine Rinaldi, était d’ailleurs une figure locale du mouvement Ultra qui s’est éteinte à 46 ans en 2010 dont le surnom (Siberiano) vient de son habitude à porter des manches courtes par tout temps. Il n’hésitait pas à défendre sa ville avec ses poings. Son héritage est désormais connu à travers le monde par le biais de vidéos et photos régulièrement partagées par des amoureux des tribunes. Tifos, chants, passion, Salerno a toujours su imposer son style.
Le Stadio Arechi est le principal stade de l’équipe de Salernitana. Construit en 1991, il tient son nom d’Arigis II de Bénévent (prince lombard de Bénévent à l’origine de la forteresse de Salerne) et comporte plus de 30 000 places. C’est un stade toujours en feu, avec une affluence moyenne de 19 800 spectateurs et où dans la foule, on peut toujours voir des femmes, des enfants mais aussi des vieux. Preuve que c’est bel et bien tout Salerne qui vibre lorsque sa Salernitana joue !
Les quatre renaissances depuis 1919
Le 19 juin 1919, sous l’impulsion de son président Adalgiso Onesti et des fondateurs Vincenzo Giordano et Matteo Schiavone, l’Unione Sportiva Salernitana voit le jour dans les rues de Salerne. Comme ses sœurs d’Avellino et la grande métropole Naples (pour ne citez qu’elles) vibre pour le Calcio et son club local.
La Salernitana possède un palmarès assez modeste avec plusieurs trophées en Serie B (1947, 1998), Serie C (1938, 1966, 2008 et 2015) et un titre en Serie D (2012). Le club Granata a connu également plusieurs refondations, au chiffre de 4 (1919, 1978, 2005 et 2011) pour des raisons extra-sportives au cours de son histoire, ce qui explique le nombre de sacres conséquent dans l’antichambre du football transalpin.
En juillet 2012, Claudio Lotito (le propriétaire controversé de la Lazio), et Marco Mezzaroma débarquent à la tête de la Salernitana pour l’aider à retrouver son identité. Le duo est ambitieux et s’en donne les moyens. La Salernitana entame sa renaissance par deux promotions successives, de la 5e à la 3e division. En 2015, le club fait son retour en Série B et se mettent à rêver d’un retour en première division pour la troisième fois de leur histoire. Les Granata ont vu passer quelques joueurs de renom tels Gennaro Gattuso, Marco Di Vaio, Mark Iuliano, Rigobert Song, Walter Zenga ou Agostino Di Bartolomei pour ne citer qu’eux.
Une montée dans la ferveur, Lolito en sauveur
La victoire sur le terrain de Pescara lors de la dernière journée de la saison 2020-2021 a permis à cette ville folle de son équipe de fêter une montée historique. Un résultat final qui vient corroborer l’excellent travail de l’entraineur expérimenté Fabrizio Castori. Pour revenir un peu arrière, la Salernitana ne faisait pas partie des favoris pour la promotion en Série A, face à des clubs plus habitués à jouer les premiers rôles comme Empoli, Lecce ou le Chievo, une place aux play-offs n’était même pas envisageable. Mais le rêve a commencé à prendre forme au fil des journées avant de se transformer en réalité. Arrivé à l’intersaison, Fabrizio Castori (qui avait déjà entrainé le club entre 2008 et 2009) a su construire une équipe à son image, basée sur un jeu pragmatique et direct. Un pragmatisme qui se retrouve dans les stats puisque les Granata ont la deuxième meilleure défense du championnat (34 buts encaissés juste derrière Monza avec 33 buts). À 66 ans, le technicien italien réussit son pari avec le club, qui retrouve la Serie A après 23 ans d’attente..
Mais les choses ne se passent comme prévu pour la Salernitana. La Fédération italienne de football a rejeté l’ascension du club car son propriétaire Claudio Lotito est en même temps le président de la Lazio, chose que la règlement interdit. Devant l’impossibilité pour Lotito de rester à la tête du club promu, il met en place un « trust » pour confier la direction de la Salernitana à une autre entité, gérée par son fils Enrico et son beau frère Marco Mezzaroma. Une solution acceptée par le Conseil fédéral italien après plusieurs semaines de tractations et sous plusieurs conditions dont l’indépendance financière vis-à-vis de l’entrepreneur italien et sa mise en ventre d’ici au 31 décembre, sans quoi le club serait exclu de Serie A. La Salernitana va disputer ainsi sa troisième saison de son histoire au plus haut échelon du football italien, la première depuis la saison 1998-99
La survie comme objectif premier pour les coéquipiers de Kechrida
La saison s’annonce tout de même compliquée pour le club nouvellement promu. Alors que son sort en Série A était encore dans le flou il y a quelques semaines, le mercato a pris du retard pour démarrer et la direction s’active dans tous les sens pour renforcer le groupe avec un budget restreint.
À la lumière des dernières négociations du directeur sportif Angelo Fabiani sur le marché des transferts, plusieurs bons renforts seraient annoncés pour venir compléter l’effectif de Fabrizio Castori, qui compte dans ses rangs le défenseur italo-tunisien Ramzi Aya (30 ans). Après les signatures du latéral tunisien Wajdi Kechrida, du milieu malien Lassana Coulibaly ou encore de l’expérimenté nigérian Joel Obi, d’autres renforts sont attendus dans les jours qui viennent. Selon Sky Sport Italia, Crotone et la Salernitana sont parvenus à un accord pour le transfert du géant Nigérian de 29 ans Simeon Nwankwo dit Simy (pour environ 6 millions d’euros). Avec les néo-promus, Simy qui a marqué 20 buts au cours de 38 matchs de Serie A sous les couleurs de Crotone la saison dernière, sera la rampe de lancement pour le club de Salerne
Les supporteurs Granata attendaient cet événement depuis vingt-trois ans avant de démarrer ce long voyage parmi l’élite. Le premier match de la saison est prévu le lundi 15 août en Coppa d’Italia contre la Reggina, en attendant le baptême officiel en Serie A le dimanche 22 août au stadio Dall’Ara de Bologne. Mais la rencontre contre la Roma de José Mourinho le 29 août prochain sera une grande fête pour les Salernitani qui seront nombreux dans les tribunes du Stadio Arechi et la Curva Sud Siberiano pour encourager leur équipe