Au bout d'un plan cliniquement exécuté, les Aigles de Carthage, piqués dans leur orgueil, ont fait tomber des Super Eagles auteurs d'un sans faute en phase de poule et cités parmi les favoris de la compétition. Retour sur une « victoire à la Tunisienne » dans ce choc des huitièmes de finale.
« Gueule de bois » et cacophonie Covidienne
Jeudi 20 Janvier, 22h03 : la Tunisie se fait surprendre et tombe de haut dans un match rocambolesque face à la Gambie. Les supporters des Aigles de Carthage sont médusés, abasourdis. Comment la Tunisie, pourtant idéalement placée avant ce match, est-elle arrivée à une telle désillusion avec des joueurs passées de la sérénité à l’apathie totale ? Les interrogations et les inquiétudes étaient sur toutes les langues..
Car il faut savoir que cette défaite plaçait les Aigles de Carthage en mauvaise posture avec une gênante troisième place que tout le monde voulait éviter et les mettait face aux Super Eagles du Nigeria à Garoua, presque à « domicile » vue la distance qui sépare le théâtre des huitièmes de finale de la frontière Nigeriano-Camerounnaise (30 Km).
Pour ne rien arranger, la Tunisie devait aussi faire face au folklore kafkaïen des vrais faux testés positifs : en moins de 48h, des informations sortent de partout sur une probable erreur sur les résultats des tests Covid. Les joueurs positifs de la veille seraient potentiellement négatifs. Sans totalement inverser la donne, l’idée du retour de certains cadres commençait à germer et à redonner des raisons d’y croire, mais sonnait comme une maigre consolation auprès de l’opinion publique, très peu optimiste à l’approche du choc de Garoua.
Le collectif tunisien plus fort que tout
Malgré un premier tour impressionnant et un effectif truffé de stars, les hommes d Augustine Eguavoen ne sont pas parvenus hier à Garoua à dominer la Tunisie. Les hommes de Jalel Kadri (le coach principal Mondher Kebaïer étant suspendu suite à un carton rouge contre la Gambie, en plus d’être positif au Covid) ont brillé par leur rigueur, leur solidarité et leur discipline tactique. Le classique 4-3-3 a, cette fois, fait la différence.
À la différence du match contre la Gambie, la Tunisie a cherché très haut les Super Eagles pour les gêner dans la première relance. La Tunisie a également mis beaucoup de rythme et d’agressivité : Seifeddine Jaziri a pressé très haut pour empêcher la défense Nigériane de poser le jeu. Au milieu, la paire Laidouni – Skhiri a fait la loi. Aïssa par sa grinta, son énorme abattage a éteint le milieu Nigeria. À côté, le métronome Skhiri, véritable point d’équilibre du jeu tunisien, a permis d’assurer les phases de transitions. Derrière, Carthage était protégée par les remparts Montassar Talbi et Bilel Ifa qui ont court-circuité toutes les offensives Nigérianes. Tous ces éléments, combinés à une grande présence mentale des Aigles de Carthage, ont permis aux tunisiens de finir le premier Half sur un score de parité (0-0)
Un bombazo signé Msekni
Les Tunisiens rentrent aux vestiaires avec cette sensation qu’ils peuvent et doivent le faire, car leur stratégie a, jusqu’ici, fonctionné à merveille et les quelques incursions de Simons et Chukwueze ne les ont pas inquiétés outre mesure. (47′) minute, longue diagonale de Dräger qui trouve Msakni au milieu de terrain. Nems accélère, élimine Ndidi, se met sur son pied droit à environ 25m. Le reste n’est que poésie. Frappe légèrement extérieur, rebond vicieux et BUT pour la Tunisie (1-0) !
Ce but vient récompenser l’excellent état d’esprit et la domination mentale des Aigles de Carthage. Secoué, Eguavoen décide de procéder à quelques changements avec notamment l’entrée d’Iwobi à la (64′) mais le neveu de Jay-Jay Okocha va se rendre coupable d’une grossière faute sur Msakni, sanctionnée d’un carton rouge. le Nigeria jouera les 25 dernières minutes à 10. Un scénario totalement inattendu pour des Super Eagles qui vont toutefois très vite réagir en se montrant entreprenants. Mais en face, la Tunisie (qui a légèrement reculé, accusant le coup physiquement) reste bien en place. Le danger vient essentiellement de Sadiq, entré en jeu à la (75′), dont la taille a fait beaucoup de mal aux tunisiens et qui aurait pu égaliser dans les arrêts de jeu mais sa frappe croisée passera finalement juste à côté du poteau du gardien Béchir Ben Saïd, bien sorti dans les pieds.
La Tunisie décide de jouer les contres et d’exploiter les espaces. L’entrée de « Cheikh » Sliti est capitale dans la conservation du ballon et l’exploitation des 1 contre 1. Naîm offre une palette que Rafia n’a pas encore proposé : explosivité, justesse et facilité à éliminer. Dans la même logique, Kadri fait rentrer Jebali et Khazri pour exploiter les espaces et bloquer les arrières nigérians. Des choix payants puisque les Aigles de Carthage vont héroïquement tenir jusqu’au bout (1-0, score final).
Une victoire à la Tunisienne
Après ce coup d’éclat et une prestation maîtrisée de bout en bout, la Tunisie, sortie d’un premier tour décevant mais complètement ressuscitée dans cette phase à élimination directe, affrontera ce samedi à 20h (et toujours à Garoua) le Burkina vainqueur du Gabon aux TAB un peu plus tôt dans la soirée.
Une qualification au courage et au sacrifice, celle aussi d’un groupe solidaire qui a réussi à puiser au fin fond de ses ressources pour se reconcilier avec soi-même et surtout offrir une belle qualification à tout un peuple. Ce n’est peut-être pas encore fini, nos Aigles pourront encore chanter le fameux « Manéch Mrawhin».. (on ne va pas encore rentrer, ndlr)