Au terme d’un match plaisant et d’une grande intensité auquel il n’aura manqué que les buts, les deux représentants du football tunisien se sont quittés sur un match nul samedi après-midi (0-0) pour le compte de la 3ème journée du Groupe C. Nettement dominateurs en seconde période, les Sang et Or ont été frustrés par un Ali Jemal héroïque. Les étoilistes, déterminés et très combattifs, rentrent quant à eux de Radès avec un point qui pourrait les relancer au classement. Le compte rendu
Au delà de la rivalité sportive souvent exacerbée, ce septième rendez-vous entre l’Espérance Sportive de Tunis et L’Étoile Sportive du Sahel en CAF Champions League était celui des retrouvailles entre Roger Lemerre et Radhi Jaïdi, comme nous y revenions vendredi dans un article sur les trajectoires croisées du « Général » et de son ancien soldat en sélection tunisienne, sur qui il a eu une influence majeure.
Si l’émotion suscitée par cette opposition inédite a valu au technicien octogénaire d’être taxé par certains de sénilité, suite à ses propos à la conférence d’avant-match (Lemerre avait déclaré qu’il « ne serait pas déçu si l’Espérance (club qu’il avait entrainé en 1983/84, ndlr) venait à gagner »), il n’en était rien sur la pelouse de Radès samedi, tant les protégés de l’ancien champion du monde militaire n’ont absolument rien concédé aux Sang et Or.
Face à son mentor, Radhi Jaïdi a aligné un 4-3-3 classique avec deux changements comparativement au dernier déplacement chez le CR Belouizdad, à savoir les titularisations d’Iwuala et de Rached Arfaoui qui ont pris les places de Coulibaly et d’Elhouni (blessé). Avec un Ghailene Chaalali en « tampon » devant la paire Mohamed Amine Tougaï – Hani Ammamou en défense et un Mohamed Ali Ben Romdhane replacé aux côtés de Bougrine à l’entrejeu, le coach Sang et Or entendait dominer le ballon et sortir rapidement en exploitant les qualités techniques de son milieu.
En face, disposés en 5-4-1, les coéquipiers du capitaine du jour, Iheb Msakni, enregistraient l’absence de Malek Baayou mais pouvaient compter sur Mootez Zaddem et Jacques Mbé à l’entrejeu devant une défense très renforcée (avec notamment le replacement de Houcine Benayada en libéro). Zine Eddine Boutmene et Souleymane Coulibaly avaient à charge de déséquilibrer, en un minimum de touches, l’arrière-garde de l’Espérance suite à la récupération du ballon.
Dès les premiers instants, les vingt-deux acteurs vont nous offrir un match d’un rythme et d’une vivacité comme on en a rarement vu sur les terrains tunisiens ces dernières années. Si Arfaoui, Eduwo et Iwuala (particulièrement brouillon malgré toute sa bonne volonté) ont très vite voulu emballer le match devant un public retrouvé, les défenseurs de l’Etoile ont montré beaucoup de répondant, notamment avec Abdelrazek Bouazra qui intervient in extremis sur l’avant-centre nigérian (8’). Arès un premier quart d’heure très disputé ayant vu les coéquipiers de Tougai pêcher dans les derniers gestes, les étoilistes se créent la première occasion franche de la rencontre (16’) par l’intermédiaire de Souleymane Coulibaly : idéalement lancé en profondeur par Iheb Msakni après un travail sur le côté droit de Mohamed Habib Yaken, l’ivoirien ne profite pas de sa position et frappe mollement dans les bras d’un Moez Ben Chrifia concentré.
Ayant contraint le duo Ben Romdhane – Bougrine à jouer dans une position plus basse, les protégés de Lemerre vont gagner la majorité des deuxièmes ballons et obliger leurs adversaires à user du jeu long. Les Sang et Or vont insister en attaque avec d’abord Bougrine qui ne trouve pas Ben Romdhane (19′) puis Hani Amamou qui croise trop sa tête sur corner (20’). Si Bouazra, en dégageant de la tête sur la transversale, a failli tromper son propre gardien (23’), Mohamed Ali Ben Romdhane va taper l’équerre des buts d’Ali Jmal suite à un coup franc bien enroulé (40’). Le score en restera là à la mi-temps (0-0) : un Half d’un engagement total, à qui il n’aura manqué que les buts.
À la mi-temps Radhi Jaïdi décide de jouer la carte Farouk Mimouni en remplacement d’un Iwuala manquant de lucidité. Avec une connexion Mimouni-Ben Hmida retrouvée sur le flanc gauche, l’Espérance va instantanément gagner en fluidité offensive et se procurera coup sur coup plusieurs situations chaudes. À la conclusion d’un 4 contre 3, la reprise instantanée de Mimouni est déviée par Ali Jmal qui enchaîne un sauvetage miracle sur sa ligne devant le tir à bout portant de Ben Romdhane (57′). Deux minutes plus tard, les Sang et Or réclament un penalty suite à l’intervention du portier étoiliste sur Kingsley Eduwo, dos au but, mais le referee Bakary Gassama (impeccable hier) ordonne de jouer.
La forteresse étoilée résiste aux assauts des camarades d’un Bougrine qui aura tout tenté. Après un double changement Souleymane Coulibaly – Boutmene pour le duo Amri – Bongonga, Ben Hmida sollicite de nouveau Jemal qui sort brillamment son dangereux centre-tir (64′) avant de s’interposer sur le coup franc de Bougrine (68′) dont il a bien lu la trajectoire. Solides, les coéquipiers de Benayada plient mais ne cèdent pas.
Avec l’entrée de Nassim Ben Khalifa à la (78′) en remplacement d’un Rached Arfaoui qui a beaucoup travaillé sur le côté droit, les Sang et Or lancent les dernier rushs : si la surpuissante reprise en première intention de Ghaylene Chaalali est légèrement décollée (79′), Ben Romdhane, à la conclusion d’un contre et d’un ballon décalé par Eduwo, va encore trouver le poteau de Jmal (86′). En supériorité numérique après l’expulsion de Bouazra pour somme d’avertissement (88′), les coéquipiers de Ben Chrifia ne réussiront pas à faire sauter le verrou de l’ESS malgré les dernières tentatives d’ Eduwo (tir contré à la 91′) et de Tougai (93′) sur un corner de Bougrine . (0-0 score final)
Largement dominateurs en seconde période et ayant produit un volume de jeu conséquent, les Sang et Or (qui partagent désormais la tête du Groupe C avec le CR Belouizdad, vainqueur hier du Jwaneng Galaxy au Botswana dans le temps additionnel) continuent toutefois, et pour le deuxième match consécutif, d’accuser un net manque d’efficacité. En face, la bande à Lemerre, qui aura montré un état d’esprit et une combativité remarquables, rentre avec un point positif de Radès sur lequel elle pourra capitaliser pour la suite de la compétition dans un groupe désormais très ouvert. Le maître et l’élève réussiront-ils à se départager ? Réponse dans deux semaines pour le deuxième acte de ce passionnant Clásico..