Méconnu du grand public il y a encore quelques semaines, l'ailier du FC St. Pauli, Elias Saad, a connu une ascension fulgurante lors de cette fin de saison. Le jeune ailier, qui fait désormais parler de lui en Bundesliga 2, s’est confié à Ettachkila dans cette interview exclusive.
Titularisé pour la première fois en Bundesliga 2 le 16 avril 2023 face à l’Eintracht Brunswick, le jeune ailier tunisien Elias Saad, a connu une trajectoire pour le moins atypique qui l’a porté des tréfonds du football amateur allemand jusqu’à la rencontre d’Andreas Bornemann, l’actuel directeur sportif du FC St. Pauli. Recruté en janvier dernier par ce club historique de la ville de Hambourg (fondé en 1910, ndlr), le natif de Wilhelmsburg est revenu avec nous dans cette interview sur ses débuts, son parcours et sa relation avec la Tunisie.
Ettachkila : Bonjour Elias et merci d’avoir accepté de nous accorder cette interview. Vous êtes une sorte de « découverte » pour de nombreux suiveurs du football allemand. Comment pouvez-vous vous présenter ?
Elias Saad : Bonjour et d’abord merci pour cette invitation. Elias Saad, j’ai 23 ans et je suis né à Hambourg en Allemagne, mes parents sont originaires de Gafsa en Tunisie. Je me suis passionné pour le football depuis tout petit et je joue au FC St. Pauli, avec qui j’ai signé un contrat professionnel il y a six mois.
Ettachkila : Elias, dans une récente interview vous déclariez être un « street footballeur ». Pouvez-vous nous dire plus sur cette manière de vous définir ?
Elias Saad : Tout petit, je guettais la moindre occasion pour sortir de chez moi et taper dans le ballon avec mes copains. À Wilhelmsburg (quartier d’Hambourg dont il est natif), on avait des terrains pas loin de la maison. C’est là-bas que j’ai appris les b.a.-ba du football. Je me considère être un pur produit du football « de la rue » dans la mesure où je ne suis pas passé par un centre de formation, comme la plupart des joueurs professionnels. À l’âge de 16 ans, je pars à Buxtehude (une ville de la région de Hambourg) pour rejoindre l’équipe de football locale. C’est dans ce cadre amateur que j’ai évolué avec des amis d’enfance, on s’amusait comme des fous.
Ettachkila : Avant de signer au St Pauli, vous avez joué à l’Eintracht Norderstedt en division régionale, que retenez-vous de votre passage ?
Elias Saad : Mon passage à l’Eintracht Norderstedt est, jusqu’ici, le meilleur moment de ma carrière. J’y suis devenu un meilleur footballeur, fait beaucoup d’amis et pris énormément de plaisir avec le groupe. Le club et l’équipe m’ont toujours témoigné une grande confiance. J’étais mis dans de bonnes dispositions pour performer et être décisif.
Ettachkila : Tout le monde ne le sait peut-être pas, mais vous avez également joué au Futsal avec les HSV-Panthers. Que vous a apporté cette expérience ?
Elias Saad : Le futsal m’a beaucoup appris : savoir jouer dans les petits espaces, éliminer en un contre un et devoir en permanence être décisif. Je me suis aussi amélioré techniquement et dans ma finition. C’est un sport qui exige une grande débauche d’énergie et beaucoup de concentration. .
Ettachkila : Au-delà de ce parcours atypique, comment définiriez-vous votre style de jeu ?
Elias Saad : Je dirais que je suis un joueur qui n’a pas peur d’aller au duel et d’affronter de bons défenseurs. J’aime le défi et je veux toujours me confronter aux meilleurs. J’ai un style de jeu basé sur la provocation car c’est ma force. J’aime dribbler mais je sais aussi quand c’est plus judicieux de faire la passe. Par ailleurs, je suis fan de Franck Ribéry : je trouve géniale sa façon de dribbler, j’ai regardé beaucoup de matchs du Bayern München juste pour le voir jouer.
« Le contrat Pro est pour moi un rêve devenu désormais réalité. Maintenant, je vise les prochains objectifs, y compris jouer pour le FC St. Pauli lors d’un match au Millerntor.»
Elias Saad lors de sa signature au St Pauli
Ettachkila : Avant de signer chez les Freibeuter der Liga (surnom des joueurs de St. Pauli), Kiel et Nürnberg te voulaient également. Qu’est-ce qui a fait pencher la balance en faveur de St. Pauli ? Quel rôle le directeur sportif Andreas Bornemann a-t-il joué dans votre décision finale ?
Elias Saad : Le FC St. Pauli était vraiment le club qui me voulait le plus. Il y a aussi le fait de rester à Hambourg, pas loin de ma famille : un critère qui a beaucoup pesé dans ma décision finale.
Après, c’est quelque chose de très spécial de jouer dans le club de sa ville, là où vous avez grandi en rêvant de devenir un footballeur professionnel. Andreas Bornemann m’a justement offert cette opportunité et m’a permis de démontrer mon potentiel. Mais maintenant, j’ai encore plus faim et je n’ai pas envie de m’arrêter là.
Ettachkila : Pour un jeune homme né à Hambourg qui a signé son premier contrat professionnel avec St. Pauli, c’est un peu un rêve devenu réalité pour vous. À quoi avez-vous pensé en premier lors de la signature de votre contrat ? Qu’est-ce que cela signifie pour vous de jouer pour un club avec une telle identité et de si grandes valeurs ?
Elias Saad : C’était un rêve, vraiment. Comme je le disais, lorsque vous commencez à jouer au football, vous voulez ressembler à votre idole et vous avez dans un coin de votre tête l’idée de devenir professionnel. C’était juste incroyable de voir mes parents à mes cotés ce jour là, j’ai vu dans leurs yeux à quel point ils étaient fiers quand j’ai signé mon contrat. C’est toute ma vie qui a changé positivement lors de ce moment charnière. Jouer au St. Pauli signifie beaucoup de choses pour moi. Je donnerai toujours tout pour ce club qui m’a fait confiance et m’a donné ma chance.
« Elias est un joueur que nous surveillions depuis un certain temps. Nous savons qu’il possède encore une grande marge de progression. Il s’intègre donc parfaitement dans notre approche.»
Andreas Bornemann, directeur sportif de St Pauli
Ettachkila : Depuis votre arrivée cet hiver, votre adaptation a été très rapide en intégrant l’équipe première et en réalisant de belles performances. Comment cela s’est-il passé ?
Elias Saad : Je suis déjà allé au Millerntor (fief du St Pauli, ndlr) à plusieurs reprises. C’est un stade unique avec des fans spéciaux qui créent une atmosphère incroyable, mais je n’aurais jamais pensé que je jouerais un jour pour ce grand club. Les premiers jours ont été formidables : les gens du club m’ont accueilli chaleureusement et m’ont montré beaucoup de bienveillance. Mon premier entraînement fut un moment très spécial pour moi, j’étais épuisé (rires). Je me suis souvent couché tôt car les entraînements étaient très intenses mais j’y ai pris goût car j’ai en moi cette culture de l’exigence.
Ettachkila : Parlons un peu de la Tunisie, Elias. Quelle est votre relation avec ce pays ?
Elias Saad : Mes parents sont nés en Tunisie, je me sens tunisien et je reste très attaché à ce pays. Enfant, j’y allais régulièrement mais moins aujourd’hui malheureusement à cause de mes engagements professionnels.
Ettachkila : Justement, jouer un jour pour la Tunisie doit être une fierté pour vos parents. Quelle est votre position sur ce sujet ?
Elias Saad : Je veux que mes parents et ma famille soient fiers de moi. Je sais ce que cela signifierait pour eux de me voir un jour avec le maillot de la Tunisie. Ce serait pour moi un grand objectif et un rêve de représenter ma patrie.
Ettachkila : Quelles ambitions avez-vous désormais pour la suite de votre carrière ?
Elias Saad : Pour le moment, je prends les choses comme elles viennent mais je n’ai encore rien fait. Je suis un bosseur acharné et je sais que je dois continuer à travailler dur et faire preuve de régularité afin de chercher le niveau au-dessus qui me permettra de postuler pour un statut d’international. Sur le plan personnel, je suis toujours le même, quelqu’un de tranquille. Je ne changerai pas parce que les choses vont mieux maintenant.
Ettachkila : Le mot de la fin Elias ?
Elias Saad : Merci à vous et à toutes les personnes qui m’ont soutenu et fait confiance lors de mes débuts. J’en suis extrêmement fier et reconnaissant. Je sais que le chemin ne vient que de commencer mais je veux encore progresser et travailler pour toucher mes rêves. Que l’histoire continue !