Avec cette série d'articles, nous allons vous faire découvrir les différents clubs (hors BIG4) qui ont inscrit leurs noms au panthéon du football tunisien en remportant le «Lion» (trophée de champion LP1) de 1956 à nos jours. Suivons la chronologie, et l'histoire, qui nous amène naturellement vers la banlieue sud de Tunis et l'un de ses trésors abandonnés : Hammam-Lif.
Le football et Salah Eddine Bey
Fondé en 1944 par Sadok Boussofara et Mongi Achfar, le Club Sportif de Hammam-Lif va gravir rapidement les échelons de la Ligue Tunisienne de Football Association (Qui précède la Fédération Tunisienne de Football) pour atteindre la division «nationale». Cette succes-story n’est autre que la folie d’un Tunisien supporter du club dès sa fondation, le fils cadet de Lamine Bey.. Salah Eddine Bey.
Avec lui, le club va pouvoir se doter de moyens supérieurs à la moyenne (de l’époque), recruter les meilleurs joueurs du grand Tunis et remporter quelques trophées comme le championnat de «Division Nationale», qui précède la LP1, à trois reprises (1951, 1954 et 1955) la Coupe de Tunisie également à plusieurs reprises, sept fois au total (de 1947 jusqu’à 1951 et le back-to-back 1954-1955) et se hissera deux fois en finale du Championnat d’Afrique du Nord, sans remporter le trophée, contre la Gallia Sports d’Alger en 1951 puis le Sporting Club de Bel Abbès en 1954.
Le club de la banlieue sud connaît sa période la plus faste, les joueurs s’entraînent dans des conditions quasi-professionnelles, les dirigeants offrent des contrats aux meilleurs joueurs tunisiens (On parle de 20 000 francs de salaire mensuel) de cette période post-indépendance et va même acquérir des éléments issus de la mythique formation du FLN avec Mokhtar Arribi et le défunt Abdelaziz Ben Tifour (Qui jouera avec Hamhama de 1946 à 1948), l’anglais George Berry fût le coach du Club Sportif de Hammam-Lif lors de cette première saison 1955-1956 (Tiers de saison).
1956 : Le premier … et le dernier titre en championnat pour El Hamhama
Au classement, Hamhama terminera leader, avec 3 points d’avance sur l’Étoile Sportive du Sahel (Second en 1956) avec une assise sur la compétition comme le montrent les statistiques (Meilleure attaque avec 56 buts et meilleure défense avec 15 buts encaissés). Citons parmi les figures importantes de ce sacre le gardien Abdesslem, l’algérien Mokhatr Arribi (1st entraîneur de l’Entente Sportive Sétifienne), l’illustre Mezri Hénia, Gaëtano Chiarenza et le meilleur buteur de l’histoire du club hammam-lifois avec 79 buts Saâd Karmous.
Ce premier trophée de champion de Tunisie post-indépendance sera le seul et dernier fait d’armes (en championnat bien entendu) d’un club qui aura marqué une période pleine d’optimisme du football tunisien, et du sport tunisien dans son ensemble. Au moment où nous écrivons ces lignes, la formation hammam-lifoise a perdu de son lustre des années beylicales et post-indépendance malgré des succès en Coupe et Super-coupe (1985, 2001), le club oscille entre la LP1, la LP2 et sujet à de grandes difficultés financières.
Les rues d‘Hammam-Lif témoignent aujourd’hui des vestiges du passé et les plus anciens se ressassent les exploits de Mezri Hénia et Saâd Karmous en espérant revoir El Hamhama renaître de ses cendres.