CAF CL : Zamalek – Espérance – Les raisons de l’échec et les clés de la qualification

Analyse à froid de la défaite de l'Espérance en Egypte face au Zamalek, et les clés de la réussite pour arracher son billet de qualification, dans une rencontre à haut risque

Comme c’était le cas en Supercoupe d’Afrique à Doha au Qatar, l’Espérance de Tunis était loin de son adversaire à plusieurs niveaux : L’envie, l’abnégation, l’expérience de certains joueurs comme des coachs et même l’usure physique, tout était à l’avantage du Zamalek au match aller.

C’est donc dans la logique la plus froide possible que les Chevaliers Blancs ont remporté cette première manche des quarts de finale de la Ligue des Champions sur le score de (3-1). « Tarajji » n’aura pas su profiter de son temps fort en début du match, pour faire douter, un peu, les Égyptiens, qui ont géré assez tranquillement le reste du match.

30 minutes d’espérance, 60 minutes frustrantes

En début de rencontre, l’équipe tunisienne a entretenu l’idée d’une hypothétique victoire, les sang et or mettent le pied sur le ballon et se créent plusieurs occasions, notamment la plus importante lorsque Hamdou Elhouni perd son face-à-face avec le portier égyptien (1e). Malgré la sortie sur blessure de l’arrière gauche algérien Elyes Chetti (21e) remplacé par Khalil Chammem, l’Espérance a réussi à ouvrir le score sur un joli mouvement en attaque, conclu par un plat du pied parfait d’Abderraouf Benguit, sur un double décalage d’Ibrahima Ouattara et Hamdou Elhouni (27e). Un très court avantage dont l’EST n’en profite pas, et c’est finalement le Zamalek qui profite d’une défense très attentiste pour recoller au score sur une excellente frappe du marocain Mohamed Ounajm (31e). Les Égyptiens ont même failli en rajouter un deuxième but, sur une tête à bout pourtant de Mahmoud Alaâ à la (37e), qui s’est écrasée sur la barre de Mouez Ben Cherifia.

En deuxième période, Khalil Chammem se procure la première opportunité sur une frappe lointaine, dégagée en corner par Mohamed Abougabel (53e), avant qu’Achraf Bencharki n’inscrive le deuxième but du Zamalek (72e) sur une remise de Mostafa Mohamed, un but suivi par un carton rouge « injuste » pour Mohamed Ali Ben Romdhan, dans la confusion totale. Cette expulsion a réduit les chances des espérantistes de revenir dans le match et ils se sont même pris un troisième but, dans le temps additionnel, sur un penalty de Mahmoud Alaa (90+3e).

Les symboles de la faiblesse

Malgré toute son expérience internationale, le portier Mouez Ben Cherifia, a commis une erreur de placement sur le premier but. D’abord, parce que Ounajma n’avait beaucoup de solution que de frapper de loin, et ensuite, par ce qu’il n’a pas bien lu la trajectoire de la balle avec un positionnement approximatif. Avec 37 ballons touchés, l’Ivoirien Foussiney Coulibaly n’a rayonné comme à son habitude au milieu du terrain, il n’a pas réussi à tenir le duo marocain Bencharki-Ounajm souvent dans sa zone, et s’est trouvé souvent tout seul face aux vagues égyptiennes. Un chiffre peut refléter le match de la sentinelle du dispositif de Mouine Chaabani, 65% de passes réussies, c’est peu pour un joueur de ce calibre et à ce niveau de la compétition. Le dernier symbole de cette faiblesse, est le choix de Mohamed Ali Ben Hammouda sur le coté, le joueur est resté une heure sur la pelouse, pour 18 ballons touchés, et 10 ballons perdus. Avant-centre de formation, son non-match à l’aller confirme qu’il ne peut pas s’adapter à ce poste et qu’il n’arrive pas à faire la différence sur le côté. Son remplacement par l’Algérien Abderrahmen Meziane, a encore affaibli l’équipe défensivement, à l’image du deuxième but égyptien arrivé d’un surnombre de deux joueurs du Zamalek face à Iheb Mbarki. Voila trois symboles de la défaite de l’Espérance, dans des postes clés et sensibles.

Dhaouadi-Yaakoubi en défense, la mauvaise paire

En l’absence de l’Algérien Abdelkader Meziane blessé, et Khalil Chammem, qui a débuté sur le banc des remplaçants, Mouine Chaabani a fait confiance à la paire Mohamed Ali Yaakoubi et Chamseddine Dhaouadi en défense centrale, un choix qui s’est avéré mauvais et pas payant. Non pas que Dhaouadi est mauvais à ce poste par exemple, mais car son jeu très similaire à celle de Yaakoubi a montré toute sa limite face aux égyptiens. Tous les deux sont très bons de la tête (quoi que Yaakoubi a été battu par Moustafa sur le premier but égyptien), ils ont très mal négocié le jeu assez technique de Bencharki et Ounajm. A l’image de leurs comportements envers l’arbitre après le deuxième but égyptien, ou la faute inévitable de Dhouadi dans le temps additionnel qui amène le penalty, la paire défensive sang et or n’était pas dans son match et a manqué de sérénité et de calme, là ou en face, Mahmoud Alâa a sorti un match parfait, sur les plans défensif et offensif.

Mouine Chaabani, ou l’entêtement tactique

Par certains paris perdus par son technicien et un coaching qui a manqué de clairvoyance, l’Espérance paie la note d’une lecture de match mal gérée par Mouine Chaabani. Indépendamment de la titularisation de Ben Hammouda sur le coté, ou Dhaouadi dans l’axe, ce sont les choix au cours du match qui ont démontré une certaine faiblesse du jeune entraineur. Comme en supercoupe d’Afrique, le head coach du Zamalek, Patrice Carteron a gagné la bataille du milieu, avec sa paire Hamed-Sassi et surtout le positionnement de Bencharki en électron libre entre Coulibay et Ben Romdhan. Le marocain a posé beaucoup de problèmes aux tunisiens, et s’est baladé entre les lignes des sangs et or, chose que le staff technique de l’EST doit absolument lui trouver une solution au match retour. L’entrée en jeu de l’algérien Meziane tout comme Besghaier en fin de match, alors que l’équipe évolue à 10 contre 11, au lieu de sécuriser le score et de lancer Kwame pour bloquer le milieu du terrain, n’a pas aidé l’équipe dans les derniers instants et à laisser quelques interrogations sur la lecture de jeu de Mouine Chaabani…

Que faire ?

Maintenant, l’objectif est très clair pour les coéquipiers de l’excellent Benguit, mettre au moins deux buts au Zamalek sans encaisser aucun. La mission semble compliquée, en l’absence de quelques éléments clés du dispositif sans et or, mais pas impossible. Pour y arriver, l’équipe ne doit pas tomber dans la précipitation et l’énervement, ça n’amènera nulle part face à des vieux briscards de l’Afrique. Mettre de la folie et du rythme ne doit pas rimer avec agression et intimidation.

Tactiquement, Mouine Chaabani dispose d’une palette large pour composer son équipe, il possède quelques éléments en forme ces derniers temps, comme Fadi Ben Coug souvent décisif comme joker de luxe, et qui pourrait faire la différence si le score est de (1-0), à quelques minutes de la fin … Défensivement, l’équipe reste fragile et les égyptiens sont redoutables en contre, le travail mental et collectif pour rester solidaires devrait être parfait pendant les 90 minutes. Ce match se disputera sur deux aspects, celui qui est psychologique sera rempli par les 60 000 supporteurs attendus, mais sur le volet tactique, le troisième acte Chaabani-Carteron sera la clé de la rencontre .