Le Holding émirati CITY FOOTBALL GROUP a récemment acquis le club belge de Lomme. Une étape de plus sur la voie du « Nation Rebranding » à travers la diplomatie sportive. Ettachkila a mené l'enquête auprès d'un ancien collaborateur du Groupe sur une période aux multiples zones d'ombre : Les prémices du Projet et l'avant-Cheikh Mansour.
Le Holding émirati CITY FOOTBALL GROUP a récemment fait l’acquisition de 100% du club belge de Lomme, portant à 9 le nombre de clubs dans lesquels le Groupe possède des participations à travers le monde (La société, majoritairement détenue par les Émirats Arabes Unis, appartient à 78% à l’Abu Dhabi United Group, à 12% aux sociétés chinoises China Media Capital et CITIC Capital et à 10% à la firme américaine Silver Lake). Comment les EAU en sont-ils arrivés là et surtout, quels sont les acteurs clés de cette stratégie ? Une enquête Ettachkila :
Aux origines d’une stratégie d’État
De par leur politique de diversification d’investissements, les Émirats Arabes Unis ont préparé l’après-Pétrole bien avant leurs voisins en utilisant le sport comme levier, à travers le sponsoring et l’organisation d’évènements de prestige (cérémonie des Soccer Awards, accueil des mises au vert de grandes équipes européennes, Grand Prix de Formule 1 d’Abu Dhabi etc..)
Mais le pays est toutefois longtemps resté dans l’ombre du voisin Qatari qui, bien que plus petit de moindre envergure, avait plus de visibilité dans la région et dans le monde grâce à la puissance de ses médias d’actualités et sportifs (Al Jazeera, Al Jazeera Sport)
Une opération de rachat d’un club de football devenait alors nécessaire pour les EAU. Deux pays sont short listés : L’Italie (encore imperméable aux capitaux étrangers et dont les gros clubs se portaient bien financièrement) et L’Angleterre (avec des clubs en souffrance mais une législation plus souple)
L’homme du « Rêve Émirati »
Entre en scène un acteur qui jouera un rôle majeur dans ce Projet, mais dont le nom est curieusement occulté : le milliardaire, joueur d’échecs et patron du géant de l’immobilier Hydra Properties : Suleïman al-Fahim, parti recommencer sa vie, à l’âge de 21 ans, aux USA après la perte de ses parents et de son plus jeune frère dans un tragique accident de la route à Dubaï.
Doctorat et MBA en poche, celui qui fut à un moment surnommé le « Donald Trump d’Abu Dhabi », s’entoure de brillants conseillers de tous horizons. Il décide de mettre le cap sur l’Angleterre : Liverpool, Arsenal, Chelsea voire Leeds sont un temps ciblés. C’est finalement Manchester City qui sera choisi.
Après des mois d’études et d’évaluation de business plan portant sur la restructuration du club, le nouveau stade, la stratégie marketing et de globalisation, la création du « Brand City » (marque City), la société de portefeuilles Abu Dhabi United Group (ADUG) est créée en 24H pour accélérer l’achat des Citizens.
Un deal qui se verra également facilité par l’entremise de la puissante broker anglaise Amanda Staveley (récemment impliquée dans les négociations de rachat de Newcastle par le fond souverain « Saudi Arabia’s Public Investment Fund »
Une entrée en matière fracassante
Les futurs propriétaires savent que pour séduire les fans, il faudra frapper un grand coup sur le marché des transferts et signent la pépite du Real Madrid, Robinho, aux dernières minutes du Mercato 2008/09 contre £32.5 M, record de l’époque en Premier League.
Avec Suleïman al-Fahim comme argentier du club, Manchester City envisage sérieusement de recruter les meilleurs joueurs de la planète sur le court / moyen terme.. Les noms des stars fusent et les pistes (fantaisistes pour la plupart) se multiplient : Fàbregas, Torres, van Nistelrooy, Gianluigi Buffon sont un temps évoqués par les médias..
Les fans, euphoriques, impriment des billets à l’effigie d’Al-Fahim, dont le projet et la fortune auguraient un changement de standing spectaculaire pour l’éternel deuxième club de Manchester dont l’heure de gloire allait peut-être enfin sonner..
En Septembre 2008, le rachat de City est signé en grandes pompes à l’Emirates Palace Hotel en présence d’Al-Fahim, ingénieur du Deal de A jusu’à Z. Mais, rocambolesque coup de théâtre : 48H après, ce dernier est éjecté pour laisser toute la lumière au patron du groupe, et jusqu’ici très discret personnage : Cheikh Mansour
Les raisons « officielles » d’un Volte-Face
Le profil de Cheikh Mansour (smart businessman et membre influent de la famille royale d’Abu Dhabi) contraste totalement avec celui d’Al Fahim, fanfaron, décomplexé face aux médias (il est le fondateur et animateur de la société de production de télé-réalité Hydra Executives et a multiplié les sorties médiatiques, dont certaines maladroites, Outre-Manche) et dont les connaissances limitées du marché sont loin de rassurer « au pays ».
Suleïman al-Fahim sera débarqué dans le secret le plus total
Avec l’arrivée des nouveaux owners et ce volte-face à la tête du Groupe, d’autres postes semblaient menacés comme celui du CEO et ancien Head Project pour le Brand Jordan chez Nike, Garry Cook. Le tenace anglais restera finalement en place jusqu’en 2011, les émiratis ne voulant pas tout bousculer tout de suite.
Garry Cook travaillera sur la refonte complète du centre d’entraînement du club et fera de premiers pas à l’international avec une tournée estivale en Afrique du Sud en 2009, où l’équipe sera reçue par Nelson Mandela. Les fans se rappellent notamment de l’anglais pour l’échec du transfert de la star brésilienne de l’AC Milan, Ricardo Kaká, finalement parti au Real Madrid malgré les arguments financiers plus alléchants des Citizens.
Toutefois, et pour suppléer le départ du sulfureux ancien Premier ministre et homme d’affaires thaïlandais Thaksin Shinawatra (qui avait acheté le club en 2007 via sa société UK Sports Investments, après avoir tenté Liverpool en 2004) au poste de Président du club, le choix se portera sur le profil moderne de Khaldoon al-Mubarak.
Al-Mubarak, dont le père (ancien ambassadeur des EAU en France) a été assassiné à Paris en 1984 par le groupe Abu Nidal, est diplômé de l’Université Tufts de Boston. Ce PDG du Groupe financier « Mubadala », reconnu pour son sens de la mesure et sa fiabilité, est resté fidèle au poste depuis Septembre 2008.
Nouveaux visages, même stratégie
Depuis, Mansour et Khaldoon sont devenus les visages du « Board » et ont constamment cherché à diversifier le modèle économique du club anglais.
En 2014 le City Football Group (appartenant à 78% à l’Abu Dhabi United Group) est créé afin d’acquérir de nouveaux clubs partout dans le monde dans des villes stratégiques et, ainsi, développer la marque City et l’image des EAU à l’international.
Les visages sportifs seront bien évidemment les ex-Barça : Pep Guardiola, mais aussi le directeur technique Txiki Begiristain, et Ferran Soriano, directeur exécutif et véritable artisan de cette structuration mondiale. Son idée (qu’il avait poussée au Barça mais qui s’est vue rejetée par la direction et les socios du club catalan) est de créer une marque mondiale et de nombreuses marques locales, développant des talents à travers un réseau de clubs qui fournirait des joueurs au club principal et générerait d’importants revenus…
Une manne financière colossale est mise à disposition de ce trio pour atteindre les objectifs sportifs et opérationnels du club
Fin de « L’open bar »
Après une première amende de 49 Millions £ infligée par l’UEFA en 2014 pour non respect du fair-play financier (pour, en gros, dépenses excessivement supérieures aux recettes générées), Manchester City recourra à d’habiles et ingénieux montages financiers pour contourner cette règle (en utilisant diverses sociétés de consulting et surtout le sponsor principal du club et du stade, Etihad, compagnie aérienne émiratie basée à Abu Dhabi, autour de laquelle planent des suspicions de conflits d’intérêts). Ces manœuvres raviveront les soupçons de dopage financier.. L’UEFA finira par accuser City d’avoir surévalué ses revenus publicitaires sur la période 2012-2016 et bannira le club des compétitions européennes jusqu’en 2022 (sanction assortie d’une amende de 30 Millions €). L’affaire est désormais devant le… TAS, qui devra rendre sa décision pendant la première quinzaine du mois de juillet.
Al Fahim, Echec et mat?
Quant à celui qui fut classé n° 5 mondial à 9 ans par La Fédération internationale des échecs (à savoir Suleïman al-Fahim), il avait décidé entretemps de faire bouger rapidement ses pions en allant acquérir le club de Portsmouth à l’homme d’affaires franco-israélien Sacha Gaydamak en juin 2009.
Al Fahim déclarera à la BBC Radio Solent que Portsmouth se dotera d’un nouveau stade et viserait Le TOP 8 anglais à l’horizon 2016.. Seulement, l’aventure tournera encore (très) court et Al Fahim revendra après..6 semaines 90% du club au Saoudien Ali al-Faraj en Octobre 2009.
Une opération des plus complexes portant l’entremise du célèbre agent israélien Pini Zahavi.. où se mêleront les intérêts d’Al-Faraj, de l’homme d’affaires d’origine népalaise Balram Chainrai et ceux de Sacha Gaydamak, accusé d’avoir transféré les actifs du club à des entreprises familiales.
En 2018, Al Fahim est condamné (en son absence) à 5 ans de prison aux EAU pour faux et d’usage de faux. Il est accusé d’avoir volé 5,6 Millions € à sa femme afin de financer l’achat de « Pompey » (surnom du club de Portsmouth). Pour beaucoup, une condamnation politique par excellence..
Et maintenant ?
Avec ce cas d’école CITY FOOTBALL GROUP, il est intéressant de voir à présent comment évolueraient les choses après le COVID-19 et quels seraient les nouveaux marchés visés.. Il est fort à parier que de grands coups seront frappés du côté de l’AmSud..
Alors Wait and See…
Vous pouvez lire l’excellent Thread de nos confrères du Football Club Geopolitics sur la stratégie du City Football Club, qui nous a servi de point de départ pour cette enquête
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