Achraf Aouadi : Une question de principe

Si Wadi El Jarii, à la tête de la Fédération Tunisienne de Football depuis mars 2012, est le seul et unique candidat à sa propre succession pour briguer un troisième mandat, la manière suscite beaucoup d'interrogations et le combat d'Achraf Aouadi, mérite beaucoup de considération. Notre avis

Wadi El Jarii : ACTE III

Pour bien comprendre le bras de fer engagé par le président d’I Watch, Achraf Aouadi, contre Wadi El Jarii, il faut remonter le temps et revenir quelques années en arrière. L’histoire qui a débuté en Mars 2012, a vu Dr Wadii Jari, arrivé à la tête de la fédération tunisienne de football, en étant plébiscité par les urnes : 236 voix contre seulement 95 voix pour Tarek Hammami au second tour de l’assemblée générale élective. Celui qui a passé six ans dans les différentes commissions de la FTF, a su sauter sur la première occasion pour prendre en main l’organisme le plus puissant du football tunisien. Depuis, il avance seul et écrase tout sur son passage, de part son bilan sportif qui reste relativement positif, et surtout son énorme travail de coulisses et de lobbying qui fait de lui l’homme qui fait peur, même au plus haut sommet de l’état tunisien.

Le nom de Wadii El Jari ne cesse de défrayer la chronique, surtout après sa dernière réélection à la tête de la FTF en Mars 2016. Dans une ambiance électrique, et malgré la contestation de plusieurs membres et présidents de clubs, qui ont jugé l’assemblée générale illégale (En particulier Mahmoud Baroudi, l’ex président de Grombalia Sport), il a réussi son tour de « magie » en l’emportant devant Jalel Tekaya au second tour, avec 281 voix contre 181. Un deuxième mandat qui vient consolider un socle fort et intacte de plusieurs clubs fidèles et loyaux derrière cet homme fort.

Ayant le vent en poupe, Wadii El Jarii n’hésite devant rien et fait voté avec son bureau, lors d’une assemblée générale extraordinaire de la FTF, le 20 décembre 2019, des ajustements sur les textes réglementaires et en particulier l’article 97, qui stipule que la présidence de la fédération sera portée à 3 mandats au lieu 2 actuellement ( de 4 ans), et ce dès 2020. L’acte 3 démarre ainsi …

Liste « unique », une pratique révolue ?

Dans quelques jours, les clubs affiliés à la Fédération Tunisienne de Football, ne vont, en effet, avoir d’autre choix que de voter pour la seule liste en lice aux élections, celle de Wadi El Jarii, sans rien pouvoir y changer. Tel est le résultat de la récente réforme du mode de scrutin, qui a exigé à toute liste voulant déposer sa candidate, de recueillir au moins le parrainage de 15 clubs au moins, mais quand 142 sur les 145 éligibles aux votes choisissent la liste du président sortant, vous l’avez compris, les dés sont pipés et le train est en marche …

De son côté, l’actuel président de l’ONG anti-corruption I Watch , Achraf Aouadi, candidat lui aussi aux élections de la fédération tunisienne de football, explique que sa démarche est avant tout une question de principe, de contre-projet et surtout un combat pour la démocratie qui est celui d’avoir une deuxième liste pour contrer la première.

Sur base de plusieurs recours en appel, de la légitimité même de l’organisation indépendante des élections, ou sur le respect de certains membres de la liste de Wadi El Jarii, de tous les critères et pré-requis d’être candidats à ces élections, à l’image de Houssein Jenayeh, qui ne justifie pas de cinq ans de responsabilité sportive dans un club de football, les affaires se suivent, mais en vain … Une fin de non recevoir, de tous ces recours, aussi attendue qu’elle ne surprend plus personne

Une fuite en forme d’aveu ?

Décidé de poursuivre son combat pour faire valoir son droit, le jeune Aouadi sait pertinemment qu’il fait face à une machine sportive, médiatique et politique. La fuite en avant de la FTF pour expliquer cette situation inédite et ce système qui peut nuire à l’image de Wadii El Jarii en premier, reste une énigme dans un pays qui pense avancer, en toute transparence et démocratie. Le jeu et l’enjeu du pouvoir au sein de la FTF demande beaucoup de stratégie et de bras de fer, quant aux vertu et la probité, c’est un combat de plusieurs générations …