Asma Zarrouk : « Cette crise doit nous aider à revoir nos modèles de formation »

LE JOUR D'APRÈS - Dans le cadre de notre dossier sur les répercussions de la pandémie du Covid-19 sur le football mondial et tunisien, plusieurs techniciens et joueurs nous ont livré leurs impressions et préconisations face à ce contexte inédit… Nous avons souhaité aborder la question à travers le prisme du Foot Féminin avec cette interview de la coach Asma Zarrouk. Mots d’ordre : idées claires et projection sur l’avenir du secteur à moyen-long terme

ETTACHKILA. Qui est notre invitée ?

ASMA ZARROUK. Asma Zarrouk, 26 ans. Je suis entraîneur de football titulaire de la Licence UEFA B, formatrice fédérale FFF et professeur d’éducation physique et sportive.
Ma belle aventure avec mon ancien club en France ayant pris fin (ndlr : L’Avenir Club Avignonnais, section Féminines, avec qui elle a remporté La Coupe Paul Chabas chez les A et fini en tête du championnat des U18 l’année dernière), je suis actuellement en confinement en Tunisie.

ETTACHKILA. Quel travail mental et psychologique face à cette situation brutale et incertaine de Covid-19 ?

ASMA ZARROUK. Sur le plan mental et psychologique je pense que la meilleure solution est de créer un groupe sur une plateforme et d’échanger avec les joueurs(ses) individuellement et collectivement. Pour rendre les choses ludiques dans ce contexte très anxiogène, il est recommandé de mettre en place des compétitions sous formes par exemple de quiz ou de tournois de jeux vidéo en ligne (ex : FIFA).
Pour le volet physique : utiliser le même canal de communication pour faire des exercices de cardio ou de renforcement en collectif à l’instar de ce que font beaucoup de grands clubs actuellement.

ETTACHKILA. Quels risques financiers et économiques pour le football féminin, déjà fragilisé et luttant pour une meilleure visibilité ?

ASMA ZARROUK. Le plus gros problème chez les féminines a toujours été d’ordre financier et économique, la monétisation du secteur reste très faible. Durant cette période, la plupart des clubs en France et partout dans le monde sont affectés par une forte baisse des revenus (recettes, subventions…). Par conséquent ça influe directement sur les équilibres de chaque équipe (salaires des joueuses, primes, budgets de recrutement, formation des jeunes etc…). Ce qui n’aide pas le foot féminin à se développer… Mais il faut dire que cette crise n’a épargné personne, l’impact est global mais la priorité doit rester la santé.

ETTACHKILA. Cette crise sanitaire a changé nos routines, notre manière de vivre et de travailler. Faut-il s’attendre à la même chose pour le monde du Foot ?

ASMA ZARROUK. Cette crise nous fait ouvrir les yeux sur beaucoup de choses : en tant qu’entraîneur, notre mission aujourd’hui est d’éduquer nos jeunes sur l’importance de l’hygiène de vie, leur apprendre à être autonomes et responsables lorsqu’ils sont à domicile car dans les conditions actuelles, le jeune ne peut être accompagné par son éducateur comme il en a l’habitude. Il s’agit maintenant d’axer davantage la formation sur le self leadership et l’autoformation.. Le foot doit s’adapter, bien sûr.
Plus généralement, cette crise nous amène à remettre en question notre modèle d’existence, nos relations sociales, nos comportements, notre conscience collective, notre société et ses valeurs.

ETTACHKILA. Aujourd’hui aucun scénario n’est exclu pour la suite des compétitions footballistiques… Quelle option privilégie-tu ?

ASMA ZARROUK. L’Euro Dames, initialement prévu en 2021, est par exemple finalement repoussé à juillet 2022, je cautionne cette décision et je suis favorable à l’arrêt des championnats en cours. La santé de nos sportifs est primordiale, c’est pareil pour tous les autres secteurs d’activité.
En revanche, si la situation évolue dans le bon sens, il serait préférable de laisser une marge entre la Coupe du Monde 2022 et les autres compétitions qui vont être repoussées… Bref, il faudra tout replanifier. (ndlr : au moment de l’interview, la FFF n’avait pas encore pris acte de la décision du Premier ministre Édouard Philippe de mettre un terme à la saison sportive)

ETTACHKILA. Et pour finir, quels sont tes projets pour l’avenir ?

ASMA ZARROUK. Je suis en période de transition, et sur le point de faire un nouveau départ dans un autre continent pour expérimenter une nouvelle culture, d’autres mentalités, surtout un autre monde de football. Je ne pourrais pas vous en dire plus pour le moment…
Je finirai sur ma citation fétiche tirée du film l’Enfer du Dimanche : « Soit nous guérissons, maintenant, en équipe… Soit nous mourrons, en individus. C’est ça le football, rien de plus. Eh bien, qu’allez-vous faire ?

🎙ASMA ZARROUK : « Cette crise doit nous aider à revoir nos modèles de formation »
💬 Le jour d’après coronavirus, nous avons souhaité aborder la question à travers le prisme du Foot Féminin 😉

Merci à @zarrouk870 pour cette interview#Tunisie #تونس

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— Ettachkila (At🏡) (@EttachiklaTN) April 28, 2020