Bilan 2020 – La saison de Ons Jabeur en détails (Partie 1/2)

Suite à sa sortie au troisième tour du tournoi d’Abu Dhabi, Ettachkila vous propose un bilan de la saison 2020 de Ons Jabeur

Durant cette année 2020 marquée par une crise sanitaire, économique et sociale sans précédent en Tunisie, très peu de choses ont réussi à donner aux tunisiens une raison de s’extasier et de rêver, Ons Jabeur en fait incontestablement parti. M’hamed Ben Salah revient sur cette saison exceptionnelle de la tenniswoman pour Ettachkila.

Un début de saison 2020 avec peu de certitudes

Ons a commencé la saison à la 81^ème place du classement WTA suite à une saison 2019 en dents de scie, avec comme uniques faits marquants un troisième tour à l’US Open et deux demi-finales, une sur gazon à Eastbourne et une en fin d’année sur dur à Tianjin. Le meilleur résultat de sa carrière reste sa finale à Moscou en fin d’année 2018 et une défaite, amère, contre la Russe Daria Kasatkina alors aux portes du top 10 mondial.

C’est en Chine qu’elle entame sa saison 2020, des débuts qui ne laissent rien envisager de bon, puisqu’elle s’incline sèchement au premier tour contre l’excellente joueuse chinoise Qiang Wang alors 28^ème joueuse mondiale. C’est sur cette fausse note qu’Ons Jabeur s’envole pour sa tournée australienne, sans se douter que sa carrière est sur le point de prendre un tournant majeur.

 Deux rendez-vous au programme, le tournoi d’Hobart et l’Open d’Australie où elle est assurée d’être présente dans le tableau final. Et c’est à Hobart qu’elle va lancer sa saison avec une première victoire dans un tableau final contre Anna Blinkova. Au deuxième tour, elle livre une performance de haut niveau face à l’espagnole Gabine Muguruza, qui a à son palmarès deux tournois du grand chelem (Roland Garros 2016 et Wimbledon 2017), mais finit par s’incliner au tie-break du troisième set après un combat de 2h23. Rien de mieux pour préparer son Open d’Australie, d’autant plus qu’elle devra affronter au premier tour, la tête de série 12 du tableau, à savoir la britannique Johanna Konta. Pas une mince affaire.

L’Open d’Australie, première pierre d’un édifice solide  

Et c’est à ce moment-là que commence véritablement la magnifique saison de notre championne, puisqu’elle vient à bout de la britannique en deux petits sets et s’ouvre le tableau en faisant tomber une tête de série au premier tour. Elle enchaine ensuite contre Caroline Garcia, pour se donner le droit d’affronter au troisième tour l’ancienne numéro 1 mondiale, Caroline Wozniacki, dont elle se défait en trois manches à la suite d’un combat extraordinaire qui aura duré plus deux heures. Cela sera d’ailleurs le dernier match de la carrière de la danoise. En huitième de finale elle réussit à se sortir en deux sets de Qiang Wang, contre qui elle venait de subir sa première défaite de la saison trois semaines plus tôt. Cela lui permet d’accomplir un véritable exploit en se qualifiant en quart de finale d’un grand chelem. Une première pour elle mais aussi pour le tennis féminin de tout un pays et toute une région. Elle sera malheureusement battu dans un match accroché par la jeune prodige Américaine, Sofia Kenin, 15^ème joueuse mondiale, qui remportera par la suite le tournoi.

Cet exploit va faire prendre un tournant à la carrière de la tunisienne. En effet, cela lui permet de rentrer pour la première fois dans le top 50 et laisse déjà présager une belle saison. Elle affirmera en conférence de presse à Melbourne « Je suis un produit 100% tunisien », au plus grand plaisir de ses compatriotes.

Après quelques joutes en Fed Cup, cap sur le moyen orient, avec au programme les tournois de Dubai et Doha où Ons Jabeur et son nouveau statut sont attendus par un public nombreux et acquis à sa cause. Et elle ne décevra pas. En effet, Ons atteint le deuxième tour à Dubai en accrochant une deuxième joueuse du top 20 à son tableau de chasse en la personne d’Alison Riske, avant de s’incliner dans un match complètement fou contre la numéro 2 mondiale Simona Halep. C’est à ce moment-là qu’on se rend compte que l’Open d’Australie n’était pas un exploit isolé et qu’elle a les moyens de battre n’importe quelle joueuse du circuit. Elle confirmera cette impression la semaine suivante à Doha en atteignant les quarts de final et en battant sur son passage pas moins que la numéro 3 mondiale, Karolina Pliskova. Un exploit monumental qui vient conclure un début de saison tonitruant, et qui permettra à Ons de rentrer à Tunis à la 39^ème place mondiale avant une interruption de plus de cinq mois en raison de la crise sanitaire. Une période que Ons passera en Tunisie à préparer la reprise avec son staff.

Après la crise Covid et un arrêt aux stands obligatoire, une tournée américaine encourageante

Le retour à la compétition n’aura lieu qu’en août pour la tournée américaine avec au programme les tournois de Lexington et Cincinnati avant de s’attaquer au deuxième grand rendez-vous de la saison, l’US Open. A Lexington, Ons Jabeur, tête de série 8, atteindra le troisième tour, en s’inclinant dans un match qui laisse nourrir quelques inquiétudes, contre la jeune prodige américaine Coco Gauff. En effet, Ons va mener d’un set et un break d’avance (6-4 4-2 service à suivre) avant de perdre son service à la suite d’un jeu long et accroché, puis de s’effondrer complètement en encaissant un cinglant 10-1 sur le reste du match. Elle signera au passage sa première contre-performance de la saison et laissera paraitre quelques signes d’inquiétudes aussi bien sur le plan physique que mental. Elle enchaine avec le tournoi de Cincinnati qui se déroule exceptionnellement à New York en raison des mesures sanitaires mises en place pour l’US Open, et réalise un très beau tournoi atteignant les quarts de finale en s’imposant une nouvelle fois contre une joueuse du top 20 avant de s’incliner contre une Victoria Azarenka injouable sur toute la tournée américaine. Ces très bons résultats permettront à Ons Jabeur d’atteindre la 31^ème place mondiale qui lui assure pour la première fois de sa carrière un statut de tête de série dans un tournoi du Grand Chelem. Un rang qu’elle saura tenir puisqu’elle atteindra le troisième tour de l’US Open en s’inclinant, comme à Melbourne, en deux sets face à une excellente Sofia Kenin désormais numéro 4 mondiale. Dans l’ensemble, sa tournée américaine peut être considérée comme réussie avec un bond de 5 places au classement WTA, et durant laquelle le seul faux pas restera ce match contre Coco Gauff.

Une saison sur terre tronquée et un nouveau statut de tête de série à Paris

Elle retrouve la jeune américaine quelques jours après l’US Open, au premier tour à Rome pour le seul tournoi de préparation sur terre battue avant Roland Garros. Elle s’inclinera malheureusement une nouvelle fois face à la joueuse de 16 ans.  Malgré cette défaite, Ons fera quand même figure de tête de série lors des Internationaux de France. Une nouvelle fois, elle répondra présente dans un grand rendez-vous en atteignant les huitièmes de finale de Roland Garros et en faisant chuter au passage la 12^ème joueuse mondiale Aryna Sabalenka en 3 sets. En huitième de finale, elle laisse passer une chance de rejoindre une nouvelle fois Sofia Kenin en quart de finale, en s’inclinant dans un match frustrant face à une des surprises du tournoi, Danielle Collins. Un match qui laissera une légère amertume malgré une très bonne quinzaine parisienne.

Pour finir cette saison exceptionnelle, Ons Jabeur se rend en République Tchèque, à Ostrava pour son dernier tournoi de l’année en indoor. Après deux matchs remportés haut la main, son parcours s’arrête au troisième tour contre la grecque Maria Sakkari 23^ème joueuse mondiale dans un match qui va nous rappeler étrangement le seul véritable faux pas de sa saison. En effet, comme à Lexington, elle laisse échapper un match qu’elle avait entre les mains en menant 6-3 3-1 avant d’encaisser le même 10-1 que contre Coco Gauff quelques semaines auparavant.

Malgré ces deux faux pas, la saison d’Ons Jabeur a été extraordinaire notamment sur le plan comptable, avec une ascension fulgurante au classement, en gagnant 50 places pour passer de la 81^ème à 31^ème place mondiale. Plus qu’un exploit sportif, la tunisienne a fait vibrer tout un pays et tout un peuple en manque d’ondes positives. Elle a rempli les cafés, les bars et a fait passer le pays tout entier d’un fuseau horaire à un autre chaque semaine. Nous sommes impatients de vivre une nouvelle saison pleine d’émotions. En attendant les prochaines échéances et notamment l’Open d’Australie 2021, nous reviendrons dans une deuxième partie sur les statistiques détaillées de sa saison 2020, en essayant d’en tirer le maximum d’enseignements et de dégager quelques axes de progressions pour la saison à venir.

M’hamed Ben Salah