5e et dernier épisode (du moins pour le moment) de notre série sur les vainqueurs du Lion, ancien trophée de LP1, hors BIG4. Nos écrits nous emmènent au nord du pays vers la grande agglomération de Bizerte..
La décennie 1980 propice aux Requins du Nord
Parmi les formations les plus anciennes du pays, le club fondé le 12 juillet 1928, le CAB (qui a remporté deux critériums en 1945, 1946 et un championnat en 1949) a vécu sa période dorée contemporaine pendant les années 1980 avec comme figure le président M’hammed Belhaj (ancien PDG de la compagnie aérienne Tunisair) et Hammadi Baccouche qui mettront beaucoup de moyens au service des joueurs de l’équipe première.
Au total, le Club Athlétique Bizertin remporte 5 trophées en 10 ans et bon nombre des joueurs ont été sélectionnés avec l’équipe nationale de Tunisie. Ce fût globalement une réussite pour la formation de Bizerte qui jouait alors les premiers rôles dans un championnat avec une pluralité de joueurs talentueux dans les différents effectifs de Nationale A, ancienne appellation de la Ligue Professionnelle 1 (et qui va amorcer l’âge d’or des clubs tunisiens sur la scène africaine).
1983-1984 et un trophée de champion au terme d’un scénario épique
Le CAB aborde cet exercice avec de la confiance après une 5e place obtenue lors de la saison 1982-1983. Youssef Zouaoui alors head-coach, se base sur des joueurs formés au club pour mettre en place l’ossature de l’équipe. Le jeune tacticien, âgé de 36 ans, possède un effectif talentueux avec les gardiens Mondher Almia, Ahmed Bourchada, Ghazi Limam ainsi que Larbi Baratli, Mohamed Salah Kchok, Hosni Zouaoui, Mahmoud Jerbi, Ali Mfarrej, Salah Chellouf, Yassine Dziri, Mansour Shaiek, Hamda Ben Doulet (capitaine), Mohsen Gharbi. Les bizertins ont les armes pour lutter avec les grands équipes du pays, le président M’hammed Belhaj et le staff en ont conscience et transmettent cette confiance au groupe, le CA Bizertin n’a perdu aucun match face à ses concurrents direct aux premiers rôles, au stade Ahmed-Bsiri.
Au terme de la 25e journée, nous avons au classement quatre clubs qui se tiennent en 1 point : le CAB et le ST avec 61 points, l’ESS et le CA avec 60 points. Le hasard du calendrier propose pour la dernière journée deux rencontres cruciales, d’un côté au stade olympique d’El Menzah, un derby entre le Club Africain et le Stade Tunisien, d’un autre côté à 150km de la capitale, l’Étoile Sportive du Sahel qui accueille le Club Athlétique Bizertin.
Le stade olympique de Sousse est comble pour soutenir les joueurs de Dragan Vasiljević, l’ESS ouvre le score par Jamel Grana avant le but symbolique de Ali Mfarrej sur une passe de Hamda Ben Doulet, le match s’est terminé sur un score de parité (1-1).
Pendant ce temps à Tunis, les deux clubs n’arrivent pas à se départager et l’arbitre de la rencontre Mohamed Salah Bellagha accordait +8 minutes de add-time, le score ne changera pas (0-0) et grâce à la règle du goal-average des matchs aller le CAB remporte son 1e trophée de champion depuis 1949.. Les dirigeants, staff et joueurs ont été accueilli par la suite au palais présidentiel de Carthage par Habib Bourguiba et Mohamed Mzali avant de célébrer dans les rues de Bizerte le sacre et s’envoler pour la Chine afin de participer au tournoi amical Great Wall Cup durant l’été 1984. Ces années seront parmi les dernières glorieuses du club bizertin qui a remporté seulement deux trophées depuis 1990 (1 coupe de la ligue en 2004 et une coupe de Tunisie en 2013).
Bizerte une ville en manque d’infrastructures sportives
Le cas épineux du stade du 15-Octobre, la gestion actuelle du club et le manque de régularité en terme de résultats nous font dire que cette époque des années 1980 est très lointaine.
Aujourd’hui, le CAB n’arrive plus à s’auto-financer, les problèmes extra-sportifs et les moyens des collectivités du gouvernorat de Bizerte ne suffisent plus dans un football professionnel comme en témoignent par exemple d’autres formations emblématiques de la région (STIR Sportive Zarzouna, Stade Africain Menzel Bourguiba) qui stagnent dans les divisions inférieures et souffrent des mêmes maux que le grand club de la région. En proie aux querelles internes qui minent les Requins du Nord ainsi qu’une crise sportive depuis des mois, sans aucun doute, nous pouvons affirmer que le Club Athlétique Bizertin est face à un tournant de son histoire contemporaine..
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