CS Chebba : Un règlement de compte déguisé

Le ton monte entre le CS Chebba et la FTF et semble atteindre le point de non-retour, après les lourdes sanctions annoncées hier. Cette décision n'est finalement que la face cachée de l’iceberg et leur différent remonte à quelques mois auparavant. Tentative d’explications.

Une sanction « historique »

Dans une correspondance envoyée hier par la commission nationale de discipline et de fair-play de la fédération Tunisienne de football , le CS Chebba pourrait voir son avenir voler en éclats après cette sanction fracassante..

En effet, le gendarme du football tunisien a annoncé la condamnation du club de 40 mille dinars d’amende, une suspension pour deux ans de toute activité sportive du président Taoufik Mkacher et du secrétaire général du club, Mohamed Ben Brahem et un retrait de 6 points du classement général du club « en application de l’article 52 du règlement de la FTF». Difficile, même en cherchant bien, de retrouver trace d’une sanction si sévère dans l’histoire du football professionnel en Tunisie. La raison ? : « Des publications (sur la page Facebook du club) jugées outrageantes envers les structures sportives et leurs officiels » qui « affectent la réputation de ses institutions sportives et de ceux qui y travaillent »

Sans doute, le promu Chebba paie les pots cassés de sa politique frontale envers la fédération, et ce dernier communiqué est une suite logique d’une logue période de tension et d’hostilités entre les deux protagonistes. Persuadé d’être victime d’un règlement de compte, le président Taoufik Mkacher déclare qu’il est prêt à assumer ces responsabilités et démissionner de son poste (pour épargner sa jeune équipe, une situation devenue explosive) Mais la question qui se pose, pourquoi cette « grotesque » sanction ? Et pourquoi le CS Chebba en particulier ?

Une histoire de parrainage..

Le 22 Mars 2020, lors les élections de la Fédération Tunisienne de Football, la liste du président sortant Wadii Al-Jari, qui cherchait à briguer un 3e mandat à la tête de la FTF, a reçu le “parrainage” de 142 clubs sur les 145 éligibles aux votes. Plusieurs clubs tels que le Club Africain, l’Espérance de Tunis, l’AS Soliman ou le CA Bizertin font parti des “mounachidoun” (parrains) de cette candidature, affichant ainsi leurs choix avant le déroulement même du vote. Des méthodes, que nous pensons être révolues depuis 2011..
En même temps, trois clubs ont dérogé à la règle et ont choisi de ne pas s’aligner derrière l’unique liste en course. il s’agit de l’Etoile du Sahel (ESS), le Club Sfaxien (CSS) et le Croissant Sportif de Chebba (CSC).

Une décision (défection) anodine dans un état de droit et dans un démocratie traditionnelle mais qui, au final, a soulevé des questions quant aux types de relations futures entre ces clubs et le bureau fédéral actuel…

Vous l’avez compris, l’histoire dépasse des simples statuts sur une page Facebook, c’était plutôt un confrontation frontale ouverte entre ce petit club “déserteur” et l’armada de la FTF. Le CS Chebba l’a bien compris, il n’a pas eu la vie facile tout au long de la saison et a payé cher toutes ces représailles.

Bilan de courses

Pour conclure, rappelons tout d’abord, que l’escalade ne résoudra jamais les problèmes et que le dialogue doit primer pour régler les contentieux

Certes, l’état d’esprit de certains dirigeants à la FTF, qui essayent de nous faire revenir à la pensée unique, est un danger pour le football tunisien, mais le CS Chebba n’est qu’une victime d’un règlement de compte (qui desservira le football tunisien). Le signal envoyé par la FTF est très mauvais, avant une saison qui s’annonce difficile, éprouvante et très particulière.