Dossier : Stade Tunisien, le pari des jeunes talents

Alors que le Stade Tunisien était en difficulté lors des premiers matchs de la saison, Jalel Kadri, le remplaçant de Montassar Louhichi, commence à mettre sa patte sur son équipe. Pas forcément attendus par les observateurs en début de saison, les "stadistes" pourraient bien être une des bonnes surprises du championnat tunisien cette année.

Un recrutement massif, pour un début poussif

Avant le coup d’envoi de cet exercice 2019-20, il était bien difficile de se faire un avis sur ce que l’on pouvait attendre du Stade Tunisien. Ces derniers venaient de signer Montassar Louhichi, l’ex entraîneur du CA Bizertin, qui sort d’une saison mitigée avec le club nordiste, et avaient enregistré la signature de beaucoup de joueurs venus d’Europe, de Libye ou du championnat local.

Louhichi avait l’avantage de connaître ce contexte, avec des joueurs formés la plus part en Europe mais qui souffraient cruellement d’un manque d’expérience sur le plan local. Un choix assumé par le président Jalel Ben Aissa, qui marquait une vraie rupture avec les recrutements hasardeux, et qui reflétait une vraie stratégie de miser sur des jeunes joueurs à fortes valeurs marchandes.

Lors des premières rencontres, ce manque d’expérience et d’automatismes, sur le banc comme sur le terrain, était criant. En ouverture du Championnat, le « Baklawa » a été sévèrement puni par le Club Africain (3-0), malgré une première période plus qu’intéressante. Trop naïfs, notamment défensivement, les coéquipiers de Houssem Bnina avaient alors étalé leurs lacunes du moment. Des débuts compliqués statistiquement, mais qui semblaient encourageants au vu des ambitions affichées dans le jeu, face à des cadors du championnat ( 2 défaites face au Club Africain et l’US Monastir lors des 3 premières journées).

L’arrivée de Jalel Kadri, la mayonnaise prend

Après ces résultats décevants, Jalel Ben Aissa décide de débarquer Montassar Louhich pour le remplacer par Jalel Kadri. Ce dernier, n’a pas changé de stratégie, continuant d’essayer d’imposer son football fait de rythme et de jeu rapide. Les résultats s’améliorent et l’équipe commence à récolter les fruits de son travail (13 pts sur 15 possibles pris sur les 5 derniers matchs).

Dans cette optique, il s’est appuyé sur des jeunes joueurs, qui semblent progresser rapidement avec leur nouvel entraineur. En premier lieu, Haykel Chikaoui, le milieu offensif de 23 ans, passé par le centre de formations du FC Sochaux, n’avait jamais eu sa chance en Ligue1. Parti s’exiler au Portugal, le marseillais de naissance, a enchaîné deux expériences en D2 portugaise pour s’aguerrir (Varzim et le FC Porto B). Arrivé au club l’année dernière, il a débuté cette saison avec beaucoup d’enthousiasme et s’est déjà rendu indispensable. Prêt à aller provoquer la défense adverse sur chaque ballon, doté d’une très bonne qualité de passe, notamment aux abords de la zone de décision (3 passes décisives cette saison), il s’impose déjà comme un joueur primordial pour l’équilibre offensif de son équipe.

Daysem Ben Nasr, milieu défensif de 21 ans, passé lui aussi par le centre de formation de Clermont Foot et Montulçon en National 3, avait rejoint le Stade Tunisien en décembre dernier. Milieu offensif de formation, le franco-tunisien est redescendu d’un cran cette année, pour se positionner devant la défense. Très bon techniquement, il possède un “gros volume de jeu”, et il est capable de multiplier les efforts et d’être toujours près du ballon. Daysem sent le jeu et est capable d’effectuer les bons choix pour mettre ses partenaires dans les meilleurs conditions. Ce joueur ne fera pas long feu au Stade Tunisien.

Le technicien stadiste, Jalel Kadri, qui a basculé vers un 4-3-3 plus solide, s’appuie également sur d’autres jeunes qui confirment tous leurs potentiels. Issam Ben Khemiss, le pensionnaire de Lorient en Ligue 2, passé par Doncaster Rovers en D3 anglais, est le troisième milieu du terrain de la formation des verts et rouges. Ce gaucher, qui peut évoluer à différents postes au milieu du terrain, est utilisé comme milieu relayeur par Kadri. Un poste qui lui permet d’exprimer tout son talent et sa justesse technique. Aymen Sfaxi, l’ailier formé par l’ESS semble enfin exploité tout son potentiel. Avec deux buts et une passe décisive depuis le début de la saison, il devient indispensable à son équipe, tant son apport offensif et son repli défensif dénotent d’une grande maturité tactique.

Par ailleurs, le défenseur central Rafik Mednini, l’ex pensionnaire de l’US Ben Guerden, âgé de 23 ans, est devenu, quant à lui, une pièce maîtresse de la défense stadiste, aux coté de Walid Hasni, passé par le centre de formation de l’AS Cannes en France, le Werder de Breme en Allemagne ou Vicenza en Italie. Les deux hommes, supplié par Houssem Bnina, forment une paire défensive solide et redoutable en Ligue 1.

En conclusion, le pari du président Jalel Ben Aissa, commence à prendre forme. Son équipe classée 6e avec 14 pts au compteur, remontent doucement la pente. Après avoir réussi à tenir en échec le leader espérantiste à domicile (0-0), ils pourront voir plus loin et confirmer leur potentiel, avec des matchs à venir face à Ben Guerden, l’ES Sahel et le CS Sfaxien.