La Fédération Tunisienne de Football a annoncé la semaine dernière la nouvelle composition du staff technique de la sélection. Ali Boumnijel et Selim Benachour ont été nommés aux postes d'adjoints de Jalel Kadri. Aymen Jedidi arrivera, quant à lui, en qualité de préparateur physique. Ettachkila vous propose ce portrait des deux anciens champions d'Afrique 2004 arrivés au chevet de l'EN à quelques semaines du rendez-vous décisif contre le Mali.
Suite au départ de Mondher Kebaier après l’élimination de la Tunisie en quart de finale de la dernière Coupe d’Afrique des nations devant le Burkina Faso, le président de la FTF a fait le choix de nommer l’adjoint Jalel Kadri à la tête des Aigles de Carthage. Deux assistants arrivent en renfort pour le rendez-vous capital face au Mali fin mars, à savoir les champions d’Afrique, Selim Benachour et Ali Boumnijel. Vainqueurs en 2004 de l’unique CAN de l’histoire de la Tunisie, les deux « élèves » du technicien français Roger Lemerre avaient à jamais marqué les esprits du peuple tunisien au sein de leur génération..
Ali Boumnijel, un grand professionnel au service de la nation
L’ancien gardien de but de la Tunisie, Ali Boumnijel (54 ans), revient en sélection après un premier passage entre 2009 et 2012 durant lequel il œuvré chez les U20 et la sélection des olympiques.
Après une carrière d’une remarquable longévité qui le verra passer notamment par le FC Gueugnon, où il dispute plus de 177 matchs de 1988 à 1997, le SC Bastia, avec lequel il perd une finale de Coupe de France en 2002, et le RC Rouen dont il gardera les cages pour une saison, il choisit de signer dans son pays natal et de s’engager avec le Club Africain en 2004. Après trois saisons avec la formation de Beb Jedid, il met un terme à sa carrière à l’âge de 42 ans
En sélection tunisienne, la carrière de Boumnijel commence en 1991 où il restera dans l’ombre d’un certain Chokri El Ouaer et ne réussira pas à s’imposer. De retour en sélection en 1998, il fait partie de la liste de la Coupe du Monde d’une sélection emmenée par Henryk Kasperczak. Après le départ à la retraite d’El Ouaer, il prend le relais dans les cages des Aigles de Carthage durant les deux mondiaux de 2002 et 2006 avant de remporter la CAN 2004, ce qui restera comme l’une des plus mémorables épopées de l’histoire du football tunisien. Ce grand professionnel à l’hygiène de vie et aux qualités morales unanimement reconnues par le grand public a réussi à remporter sur ses terres d’origine l’unique trophée qui résistait durant des décennies à ses illustres prédécesseurs Chokri El Ouaer et Attouga
Le natif de Menzel Jemil (53 sélections) a ensuite entamé une reconversion en tant qu’adjoint à Umm Salal SC au Qatar, avant de rejoindre Alain Perrin sur le banc de la sélection de la Chine. Il fait son retour en Tunisie pour travailler avec l’Étoile sportive du Sahel, avant de rallier le FC Sochaux en janvier 2019 en devenant l’adjoint d’Omar Daff. Arrivé dans le Doubs il y a trois ans, Boumnijel a vécu son dernier match avec le FCSM samedi dernier à Grenoble, avant de retrouver les Aigles de Carthage comme adjoint de Jalel Kadri. L’ancien gardien de la Tunisie devrait travailler en collaboration avec le sélectionneur en place, mais surtout apporter toute sa sérénité et son expérience à une génération qui voudra absolument disputer le mondial Qatari en fin d’année.
Selim Benachour, le « Petit Prince » de Rades
De son coté, Selim Benachour (41 ans) avait fait ses classes de formation au prestigieux INF Clairefontaine. Il réussit à intégrer le grand PSG après avoir réussi les détections des jeunes au camp des Loges, mais n’a pas réussi à s’imposer ni totalement faire ses preuves. Après des passages par le Vitória Guimarães au Portugal, le Rubin Kazan où il ne s’est jamais adapté avec le jeu et la culture locale, il enchaîne par la suite beaucoup d’expériences exotiques comme à Al Qadisiya au Koweït, avant de faire une belle pige en Espagne, chez le promu Malaga. Il retourne au Portugal l’année suivant avec Maritimo Funchal, à Chypre chez l‘APOEL Nicosie, avant de tenter une dernière expérience en Inde, à Mumbai City, chez son ami de toujours, Nicolas Anelka. Le petit Selim a réussi à gagner quelques trophées en France, les championnats du Koweït et de Chypre, avant de mettre un terme à sa carrière.
Selim Benachour a porté le maillot de l’équipe de France des moins de 16 ans et des moins de 20 ans au tournoi de Toulon 2001. Alors qu’il avait le choix de disputer le Mondial des moins de 20 ans, il choisit d’intégrer la sélection nationale tunisienne pour disputer les jeux méditerranéens en 2001 et remporter la »médaille d’or en battant l’Italie en finale. Il déclare alors « Faire un choix à la fois patriotique, pour la terre de ses parents et de ses origines, et sportif, étant lucide sur le fait d’avoir plus de chances de participer à la coupe du monde 2002 avec l’équipe de Tunisie qu’avec la France.»
En 2002, le sélectionneur Ammar Souayah lui fait confiance en le convoquant pour la Coupe du Monde. Il dispute alors les trois matchs face à la Russie, la Belgique et le Japon, comme titulaire, en présence du grand Zoubaier Baya, comme une passation de pouvoir entre les deux meneurs
Cette première expérience lui permet de s’installer durablement avec les Aigles de Carthage et de monter en puissance avec une génération de joueurs composée de vieux briscards et de jeunes pépites. En 2004, le Petit Prince parisien arrive en pleine forme à la CAN et réalise l’un de ses plus grands rêves. Cette unique victoire de la Tunisie en Coupe d’Afrique était un honneur et un aboutissement, qui plus est sur ses terres.
L’équipe enchaîne alors une honorable prestation à la coupe des confédérations en 2005, puis à la CAN suivante et se fait sortir aux quarts de finale face au Nigeria. Depuis, Selim Benachour a manqué la Coupe du Monde en Allemagne en 2006, pour cause de blessure. Sa relation avec Lemerre s’est un peu tendue et son dernier retour en sélection s’est fait en 2010, pour un match amical face à la France. Le symbole étant très fort, le « Petit Prince » décide de mettre fin à sa carrière internationale sur la pelouse de Rades pour cette dernière rencontre, après quasiment une décennie de bons et loyaux services…
Depuis, Selim Benachour a débuté une nouvelle carrière d’entraîneur en enchainant de courtes missions. D’abord avec le Club Africain, puis en Roumaine au Foresta Suceava, en Pologne chez Olimpia Grudziadz avant un dernier passage à Oldham Athletic un club de League Two (4e division) en Angleterre. Son arrivée dans le staff technique de Jalel Kadri constituera un grand défi où il devra à la fois faire ses preuves et continuer son apprentissage, mais aussi répondre aux exigences d’un contexte très particulier, qu’il a l’avantage de très bien connaître.