Depuis le sacre à domicile en 20004, les Aigles de Carthage semblent être dans une boucle temporelle dont ils sont incapables de s’extirper. À chaque CAN, un constat amer s’impose à la Tunisie et à ses supporters : une élimination quasi inéluctable tant les facteurs négatifs autour de cette sélection sont nombreux.
La FTF fait des rations
S’il faut (encore) pointer du doigt les responsables de ce naufrage collectif, nul doute que la FTF est en tête de liste. Un mal si profond qui résulte de 18 ans* de disette, sans même la moindre finale disputée ne peut être le fruit du hasard, d’un creux générationnel ou d’un arbitrage défavorable. Une gestion catastrophique, qui depuis 2008 et le départ de Roger Lemerre a enchaîné pas moins de 16 sélectionneurs en 15 ans. Comment construire une sélection compétitive avec une telle instabilité à sa tête ? Comment avoir une vision à long terme, bâtir un projet et se donner des objectifs réalistes dans ce marasme?
Plus que le nombre de sélectionneurs, c’est surtout leur profils et les raisons qui ont poussé la FTF à les choisir qui posent question. A titre d’exemple, sur la période 2009-2018, Faouzi Benzarti a été nommé à trois reprises à la tête de l’équipe nationale et Sami Trabelsi et Nabil Maâloul deux fois. Cette redondance dans le choix des coachs donne l’impression d’un entre soi qui confère plus à une gestion mafieuse d’une institution publique au sein de laquelle chacun a le droit à sa ration plutôt que d’un travail sérieux et collégial au service du football tunisien. Il faut noter qu’en dehors des sélectionneurs issus du réseau local, la fédération a toujours pris soin d’engager des entraîneurs au CV discutables, très âgés (63 ans de moyenne d’âge) et plutôt dociles, par conséquent pas chers en salaire et malléables à souhait à qui on peut donc imposer un staff et des joueurs. Car oui, tout le monde doit manger et s’engraisser sur le dos de la bête. Des présidents de club qui soufflent le nom de quelques uns de leurs poulains au président de la fédé pour les sélectionner et ainsi gonfler de manière artificielle leur valeur marchande, au coach lui même impliqué dans le transfert de quelques de ses appelés, jusqu’à certains parachutés en équipe nationale sans même avoir encore intégré le groupe professionnel en club. D’aucun racontent même que des membres du staff médical auraient leur mot à dire sur la liste des joueurs convoqués. Vous l’aurez donc compris, l’équipe nationale sert les intérêts de quelques uns tout en essayant d’y assurer le minimum syndical pour avoir un semblant de bilan à défendre auprès des supporters. Tout le monde y gagne…….sauf le foot
Quel avenir ?
Cette direction absurde a été peu à peu instaurée par un homme, un seul, Wadii Jari president de la federation, aujourd’hui en prison (tiens donc) en attendant son jugement. Cette situation ajoute encore plus d’incertitude quant au futur de la sélection nationale. On pourrait assister dans les prochains jours à une guerre de pouvoir pour prendre la tête de l’institution. Entre le conflit ouvert qui oppose le ministre de la jeunesse et des sports au clan Jari, un sélectionneur remercié dans la foulée de cette CAN et des cadres de l’équipe tentés de prendre leur retrait internationale. Voici donc la sélection dans une situation inédite digne d’une impasse mexicaine où chacun observe l’autre en attendant de voir ce qu’il va faire pour dégainer. Un tableau sombre sans aucune lueur d’espoir, si ce n’est celle d’une autre révolution, cette fois-ci dans la Tunisie du foot.
Pour rappel, le bilan de nos participations à la CAN depuis 2004
- 4 février 2006 (sortie en 1/4 de finale)
- 4 février 2008 (sortie en 1/4 de finale)
- 21 janvier 2010 (sortie au 1er tour)
- 5 février 2012 (sortie en 1/4 de finale)
- 30 janvier 2013 (sortie au 1er tour)
- 31 janvier 2015 (sortie en 1/4 de finale)
- 28 janvier 2017 (sortie en 1/4 de finale)
- 14 juillet 2019 (sortie en 1/2 de finale)
- 29 janvier 2022 (sortie en 1/4 de finale)
- 24 janvier 2023 (sortie 1er tour)