Avec quatre tunisiens (Nabil Kouki , Khaled Ben Yahia, Kais Yaakoubi et Lotfi Sellimi) à la tête d'équipes de Ligue 1 Algérienne, la Tunisian Touch démontre qu'elle continue à séduire au pays du million de martyrs..
Cette saison, quatre entraîneurs tunisiens opèrent en Algérie, une première pour nos techniciens dans un championnat qui figure parmi les meilleurs en Afrique : Avec Nabil Kouki, l’un des coachs les plus respectés chez nos voisins, l’Entente Sportive de Sétif espère confirmer sa belle saison et faire mieux que sa deuxième place de l’année dernière. Sous la houlette de l’éloquent Kais Yaâkoubi, la Jeunesse Sportive de Saoura, qui a terminé sur le podium la saison dernière, aimerait quant à elle réaliser une belle campagne en Coupe de la Confédération et pourquoi pas titiller les favoris pour le titre. Pour sa part, le Mouloudia Club d’Alger a misé sur l’expérimenté Khaled Ben Yahia pour retrouver le chemin des titres après une décennie de disettes. Enfin, le petit promu Olympique de Médéa a fait le pari du discret Lotfi Sellimi.
Après les pays du Golfe, le Soudan et plus récemment le Maroc, nos techniciens engagés avec les quatre clubs algériens essayeront de consolider le rayonnement et l’image d’excellence de l’école tunisienne. Tour d’horizon de la Tunisian Touch en Algérie :
Nabil Kouki, « l’Aigle Noir » veut (enfin) prendre son envol
Après une première expérience en 2013 avec Chabab Ahly Bordj Bou Arreridj, Nabil Kouki (51 ans), qui a roulé sa bosse dans plusieurs pays arabes (Libye, Soudan ou Jordanie) a fait, six ans après, un comeback remarqué en Algérie à travers l’Entente Sportive Sétifienne. Ce club historique du football algérien avait marqué son retour au premier plan à la fin des années 2000. Sous l’impulsion de son président Abdelhakim Serrar, l’Entente a remporté 8 titres de champion entre 2007 et 2017 en plus d’une deuxième couronne dans la plus prestigieuse des compétitions de la CAF en 2014.
En 2019, après un début de saison difficile sous les ordres de l’emblématique Kheïreddine Madoui, les Aigles Noirs ont opté pour un changement surprenant et audacieux en choisissant Nabil Kouki. Un choix qui va s’avérer payant : Alors qu’il végétait au milieu du tableau quelques journées après le démarrage du championnat, le club sétifien se remet vite en scelle sous les ordres du technicien tunisien et termine l’exercice à la deuxième position (derrière le Chabab Riadhi Belouizdad). Bourreau de travail, soucieux du moindre détail et réputé pour son jeu offensif, Kouki a insufflé une nouvelle dynamique à son équipe et a fait adhérer ses joueurs autour de son projet. Sans cette crise financière qui a beaucoup perturbé son groupe, le club aurait pu mieux gérer le sprint final..
Pour cette nouvelle saison, l’ESS a vu les départs conjugués de Youcef Laouafi (Étoile Sportive du Sahel) et ses deux meilleurs éléments offensifs ; Houssam Ghacha (Antalyaspor, Turquie) et Mohamed Amine Amoura, transféré au FC Lugano (Suisse). Des pertes qui n’ont pas empêché le technicien tunisien de qualifier son équipe (dans la douleur) à la phase de poules de la Ligue des champions. Prolongé avec son staff jusqu’en juin 2022, Nabil Kouki continuera d’écrire sa petite histoire avec El Kahla (surnom de l’ESS, ndlr) et ce malgré un contexte financier très compliqué. Cet entraineur perfectionniste, qui prône un football à la fois offensif et efficace, a su tirer le meilleur de chaque joueur et inculquer sa philosophie et ses convictions de jeu. Avec Setif, il lui manque juste un titre..et il serait mérité !
Khaled Ben Yahia, à la rescousse d’un « Doyen » endormi
Autre tunisien, autre destin. Khaled Ben Yahia avait fait, jusqu’ici, toute sa carrière d’entraineur en Tunisie. Jamais tenté par une expérience occidentale, l’ancien grand défenseur et international tunisien est passé sur le banc de plusieurs clubs de la LP 1, tels que son club formateur, l’Espérance Sportive de Tunis (avec lequel il a remporté deux titres de champion et deux coupes de Tunisie) mais aussi l’ES Zarzis, El Gawafel sportives de Gafsa, L’Olympique de Béja et l’Avenir Sportif de la Marsa. L’arrivée de celui que les puristes appelaient affectueusement Krol à la tête de la Mouloudia Club d’Alger a suscité étonnement et satisfaction chez les fans de la MCA. À 61 ans, le technicien tunisien débarque au chevet d’un géant endormi et impatient de renouer avec la gloire. La tâche de l’ancien Sang & Or ne sera pas aisée, il aura pour mission de redresser ce grand club algérois qui peine depuis quelque temps à retrouver le haut du pavé. Mais Ben Yahia est un habitué de la pression et des défis. Dans une déclaration aux journalistes lors de sa présentation officielle, il a été très clair sur ses objectifs :
« Lorsqu’on s’engage avec un grand club comme le Mouloudia, pas besoin que les dirigeants vous fixent des objectifs. Vous savez dès le départ que vous êtes là pour jouer les premiers rôles, et surtout pour gagner des titres.»
Khaled Ben Yahia
La mission demeure toutefois compliquée, car en proie à de grosses difficultés financières, le doyen des clubs algériens tente par tous les moyens de désamorcer sa crise financière et de sortir la tête de l’eau. Ce lourd contexte est loin de faire peur à Khaled Ben Yahia, enfant de l’Espérance sportive de Tunis, un géant du continent avec lequel il a déjà gagné de nombreux titres, aussi bien en tant que joueur qu’entraîneur : « Je suis entraîneur depuis déjà 25 ans, et j’ai eu de nombreuses expériences. Il y a deux ans, j’ai atteint les demi-finales de la Ligue des champions et j’espère réussir d’aussi bons parcours avec le Mouloudia.»
Sous l’impulsion du nouveau patron du Mouloudia, Amar Brahmia, le MCA tente de se restructurer sur les volets économiques et sportifs et a préféré rompre avec la politique des «stars», en engageant des joueurs peu connus au bataillon. Un choix assumé et validé par le coach tunisien. Le club centenaire veut tourner la page d’une décennie de disettes et entrevoit l’espoir sous la houlette de son nouvel entraîneur.
Kais Yaakoubi, un homme de défis aux portes du «Sahara»
À l’opposé du MC Alger, la Jeunesse Sportive Saoura, moins huppée et basée à Béchar dans le sud-ouest de l’Algérie, est un club refondé en 2008 qui retrouve l’élite en 2012. Soutenu par des fans inconditionnels et par le sulfureux président Mohamed Zerouati, la JSS a réussi l’exploit d’atteindre le plus haut niveau et participer à la plus prestigieuse des compétitions africaines en 2014. Une première expérience qui a permis au club de croître et de nourrir des ambitions grandissantes. La saison dernière, les Vert et Jaune ont terminé la saison sur le podium et espèrent continuer sur la même lancée sous la direction de leur nouvel entraineur Kais Yaakoubi.
Véritable globe-trotter sur les routes orientales du beautiful game, des aventures à l’étranger, Kais Yaakoubi en a déjà connu. Son arrivée à la tête de Saoura vient s’ajouter aux dernières expériences au Qatar, en Jordanie et en Syrie. Après un court passage par l’USM Alger en 2019, le technicien tunisien va tenter de relever le beau challenge proposé par Saoura : jouer les premiers rôles en championnat et hisser le club jusqu’en Ligue des champions en fin de saison. Coach Yaakoubi, réputé pour ses qualités de meneur d’hommes (une force qui le caractérise depuis ses débuts dans le monde du ballon rond) aura pour mission de transmettre sa philosophie de jeu et sa culture à son nouveau club.
L’amour et la passion pour le foot du natif du Kram sont sans limite. C’est un entraineur qui aime l’énergie du terrain et la pression du « public ». Son arrivée à Saoura, dans un environnement si particulier, où les gens vibrent pour leur club de foot est super excitant et enrichissant pour lui. Kaïs Yaakoubi est un homme de défis et le challenge algérien ne l’a pas laissé insensible..
Lotfi Sellimi, porte l’espoir de « l’OM »
L’Olympique Médéa est un club fondé en 1945 qui a connu une accession historique en Division I algérienne en 2016. Après trois saisons parmi l’élite, le club fait un petit détour l’année dernière par la seconde division avant de retrouver le premier plan cette saison. Les dirigeants du promu ont choisi de faire confiance au technicien tunisien Lotfi Sellimi (frère de Samir et Adel, l’entraîneur adjoint de la sélection tunisienne). Passé par plusieurs clubs dans le Golfe, ou en Tunisie (Hammam-Lif et Gabès) l’aîné des frères Sellimi est un technicien réservé et le moins connus des coachs tunisiens présents en Algérie. Avant d’entamer cet exercice, le club promu a révolutionné son groupe avec l’arrivée de pas moins de 22 nouveaux joueurs. Sellimi espère assurer le maintien de l’OM très tôt dans la saison, une lourde tâche qui ne semble pas lui faire peur.
En conclusion, le fait qu’autant d’entraîneurs tunisiens s’exportent aussi bien dans un championnat aussi relevé est évidement une très bonne chose pour le football tunisien : ces ambassadeurs apportent de la crédibilité à notre pays et prouvent, si besoin est, que l’on sait former de bons coachs en Tunisie.