A seulement 19 ans et six mois, Mohamed Dhaoui dit « Cristou », est celui dont on parle sans arrêt ces derniers jours sur les médias tunisiens. Et pour cause, l’ailier de l’Etoile du Sahel, qui compte déjà 5 buts et 2 passes décisives en 6 rencontres disputées, fait l’objet d’un grand intérêt de la part du plus grand club du continent : Al Ahly SC.
Des débuts tonitruants … et des intérêts immédiats
Alors que le mercato est une période pleine de surprises et de rebondissements, il est primordial de garder en tête que chaque transfert de joueur s’inscrit dans un contexte particulier, avec les motivations qui lui sont propres. Celui, désormais très probable, de Mohamed Dhaoui vers Al Ahly, est lui un peu plus particulier que d’autres.
En seulement quelques mois, celui qui dispute sa deuxième saison en pro est rapidement devenu l’élément le plus décisif de son équipe. Impliqué sur près de 50% des buts inscrits par l’ESS, « Cristou » représente assurément l’un des plus grands talents ayant vu le jour au sein de l’Académie de l’Etoile, réputée pour la qualité de sa formation.
Dès lors, ces débuts éclatants laissent présager un avenir radieux pour Dhaoui sous le maillot de son club formateur, qu’il est parvenu à hisser à la première place du classement provisoire de LP1. Cela était sans compter sur la puissance financière d’un géant égyptien … mais aussi de la détresse économique de l’Etoile du Sahel.
Des « choix » contraints par une dure réalité
Mohamed Belhadj Mahmoud, Firas Belarbi, Ayoud Ayed, Tayeb Meziani, ou encore Aymen Sfaxi : voici les noms dont l’ESS a été contrainte de se séparer ces derniers mois, afin de pouvoir combler une partie de sa dette abyssale. En grave crise financière, et sujet à plusieurs litiges liés à des plaintes d’ex-joueurs, le club se retrouve aujourd’hui dans un besoin constant de liquidités.
Dans ce contexte, refuser l’offre d’Al Ahly (qui se rapprocherait de 1,5 million de dollars pour un contrat de 5 ans) parait irrationnel, et ce malgré la perte sportive considérable que représenterait ce transfert. Il parait donc difficile de croire que le joueur a encore son mot à dire dans cette affaire, tant les enjeux dépassent le « simple » cadre sportif. Il en va de la survie de l’institution, dont l’un des seuls leviers économiques crédibles est à l’heure la vente de ses éléments les plus performants.
Et s’il n’est pas étonnant de voir d’autres départs suivre dans les mois à venir (Oussama Abid, Zinedine Boutmene ..), ce transfert d’un des plus grands espoirs tunisiens vers la Premier League égyptienne, pose le débat, plus large, de la capacité de la LP1 à exporter ses joueurs vers les grandes ligues européennes. Alors que les clubs tunisiens font, pour la grande majorité, face à de graves problèmes économiques, le choix de vendre ses meilleurs éléments « au plus offrant » devient monnaie courante.
L’Egypte, le Qatar, ou encore l’Arabie Saoudite deviennent donc les choix privilégiés des joueurs locaux les plus prometteurs, choix contraints par des réalités économiques détruisant tout rêve européen. L’Europe, quant à elle, continuera d’attendre l’opportunité idoine pour améliorer l’image du joueur tunisien sur son marché.