[BLOG] Pelo Amor da Bola – Pour l’Amour du Football

En 2004, la sélection remporta le 1e titre continental de son histoire, à domicile, contre le Maroc (2-1) en comptant dans ses rangs deux joueurs d'origine brésilienne. À travers cet article, nous aborderons les liens entre O Pais do Futebol et Bled El Jasmin.

6 Juin 1973, la Seleção débarque dans la capitale..

Les archives prouvent que la première présence de joueurs brésiliens en terre tunisienne, remonte aux années 1950, ou un club carioca fera une partie de sa tournée en Afrique et passera par Tunis et le stade Chedly-Zouiten : Il s’agissait du São Cristóvão de Futebol e Regatas. La 1e formation de Ronaldo (Ô Fenomenô) posera ses valises pour quelques jours, en 1954, au pays du jasmin pour y affronter : le Club Sportif de Hammam-Lif (0-0), l’Espérance de Tunis (0-11) et l’Union Sportive de Ferryville (2-8). En 1965, cette fois-ci, une entente entre le Club Africain et l’Étoile Sportive du Sahel accueille le São Cristóvão (2-3), le public et la presse tunisienne découvrent alors, l’allégresse, la gaieté et la technique des joueurs issus des rues de Rio de Janeiro en soi.. um Arte. 1968, le onze de Radojica Radojičić (alors sélectionneur de la Tunisie) a rencontré, pendant une tournée d’automne à Kinshasa, un autre club carioca : le Bonsucesso Futebol Clube, la rencontre s’est soldée par un score vierge (0-0).

La coupe du monde 1970 au Mexique, sera un repère historique, symbolique et important pour une majorité d’amoureux du ballon rond dans le monde entier : d’une part, parce que c’est pour la 1e fois que la compétition est retransmise en couleur sur les postes de télévision, et d’autre part, car le tournoi sera un mondo-vision aux quatre coins de la planète…

Les tunisiens se passionnaient alors pour les matchs et se ruaient vers les cafés, chez un voisin ou dans un lieu de rassemblement pour suivre la Squadra Azzurra (les citoyens du nord de la Tunisie, avaient un accès libre à Rai Uno) de Giacinto Facchetti, Gigi Riva, Roberto Boninsegna et le fameux Sandro Mazzola en face, une Seleção qui entrera dans le Hall Of Fame, qui comptait dans ses rangs, pour ne citer qu’eux : Jairzinho, Gérson, Carlos Alberto, Zé Maria, Tostão et Ô Rei Pelé.. avec Mário Zagallo comme sélectionneur. Les Auriverdes, et leur tactique portée sur l’offensive, corrigeaient la Nazionale (4-1), Pelé et ses coéquipiers montreront au monde entier, ce 21 juin 1970, que le Brésil est … Ô Pais do Futebol (Le pays du football).

Lors de l’année 1972, un tournoi amical est organisé en Algérie, au stade du 5-Juillet, y sont conviés le Milan AC, Palmeiras et un XI de Budapest pour affronter une sélection maghrébine (Algérie, Maroc et Tunisie uniquement) dans laquelle figurent trois joueurs tunisiens, les défunts Moncef Melliti, Mohamed Ali Akid (Club Sportif Sfaxien) et Ezzedine Chakroun (Sfax Railways Sport), d’ailleurs, pour l’anecdote, ce dernier marquera le but vainqueur en finale (1-0) contre la Sociedade Esportiva Palmeiras.

En 1973, deux saisons sont passées depuis le sacre au stade Azteca de Mexico, Ô Rei [Pelé] est à la retraite, le numéro 10 revient tout naturellement au meneur de jeu du Sport Club de Corinthians : Roberto Rivellino. Ce dernier, présent au Mexique pour la campagne victoire, est devenu le fer de lance de la Seleção et avec ses coéquipiers, ils feront une escale dans la capitale Tunis, pour jouer un match amical contre la sélection tunisienne. Ce 6 juin 1973, le stade olympique d’El Menzah sera comble pour accueillir les champions du monde, s’en suivra un duel entre Paulista et l’enfant de Bab Jedid, Sadok Sassi (Attouga sera remplacé en cours du match). Paulo César, par deux fois, trompa la défense tunisienne avant que Mohieddine Habita marque un de ses buts historiques, en trompant Lucena Wendell le keeper de Botafogo (2-1), s’en suivra deux réalisations en fin de match pour la Seleção par Vaz Franco Valdomiro et João Leivinha : score final (1-4). Quand bien même, les spectateurs présents dans les travées et aux alentours de la Cité Sportive Nationale d’El Menzah ont vu joué des virtuoses.. Ô Jogo.

1977 FIFA World Youth Championship.. Acte I

Sous l’impulsion du vice-président de l’organisme mondial du football, l’irlandais Harry Cavan, une idée de réunir les sélections U-20 de toutes confédérations confondues se développe dans les couloirs de la FIFA au cours des années 1970. Pourtant, au départ, beaucoup de fédérations ont été réticentes au fait d’envoyer des jeunes joueurs qui viennent d’intégrer les effectifs professionnels (ou pas) de leurs clubs respectifs. Sur les 160 fédérations reconnues par la FIFA en 1977, seules 80 acceptent de participer au tournoi. La Tunisie obtient alors l’organisation de la compétition (sponsorisé par Coca-Cola) qui se déroula entre le 27 juin et le 10 juillet dans trois villes (Tunis, Sfax et Sousse).

La Seleção sera de la fête pour cette première historique, idem pour la Tunisie (pays organisateur), les Aiglons comptaient dans leurs rangs certains éléments, qui feront beaucoup parler d’eux quelques années plus-tard, comme Abdelhamid Hergal ou Khaled Ben Yahia.. Les Auriverdes se hisseront sur le podium du Mondial U-20 avec une victoire (4-0) contre le rival uruguayen, au stade olympique d’El Menzah. Pour l’histoire, Guina le meneur de jeu de la Seleção recevra le Golden Shoe by Adidas (prix du meilleur joueur du Mondial U-20 1977) avant de poursuivre sa carrière au Vasco da Gama et en Liga du côté du Real Murcia. En Août 1993, l’Espérance accueille Flamengo à Tunis pour un match amical qui soldera par la victoire do Mengão (0-1) qui compter dans ses rangs Walter Casagrande, Marcelinho Carioca (qui a marqué le seul but du match) et Júnior. Plus récemment en 2012, lors d’un tournoi au Qatar, les U-20 (de la Seleção et des Aiglons) se rencontrent pour la 1e fois, un match qui se soldera par une victoire de la sélection tunisienne (0-1) avec un but de Fehmi Kacem.. Juventude e loucura.

Amarildo et la mise en place du statut professionnel pour les joueurs

Juillet 1984, le président de l’Espérance Sportive de Tunis, Abdelhamid Achour surprend les suiveurs de l’époque en nommant en tant que head-coach de la formation de Bab Souika, le champion du monde 1962 : Amarildo Tavares da Silveira. L’entraîneur inculqua quelques préceptes tactiques propre à son pays et remporta deux trophées avec l’EST, il est le 1e entraîneur brésilien de l’histoire de la Ligue Professionnelle 1. D’ailleurs, en 1998-1999, Posseso (surnom du natif de Campos dos Goytacazes) retournera au pays pour une brève expérience.. au Stade Tunisien.

Dans la foulée, les présidents et les dirigeants des clubs continuent à engager des tacticiens étrangers, ainsi au cours des années 1990, le Club Sportif Sfaxien verra deux entraîneurs originaires du Brésil : José Paolo Rubim (1993-1995, 1996-1997) avec qui le CSS remporta le doublé (Championnat-Coupe en 1995 – il effectuera une saison en 2001-2002 au Club Athlétique Bizertin puis quelques temps au Stade Tunisien en 2003– et David Ferreiran (1995-1996). L’Espérance aussi aura dans ses rangs un technicien auriverde avec Roberto Di Baldos Amilton avec qui l’EST remporte la Afro-Asian Cup 1995. L’Étoile Sportive du Sahel aussi fera appel à un tacticien brésilien, durant cette décennie couronnée de succès pour les clubs tunisiens, ainsi en 1994 José Dutra dos Santos deviendra le coach de l’équipe du sahel. Les résultats s’en suivent et seront excellents : 1 championnat en 1997, 1 coupe en 1996, 1 CAF Cup en 1996 et 1 coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe en 1997. Pour l’histoire, après ses trois saisons à Sousse, l’ancien joueur de Vasco Da Gama reviendra lui aussi en LP1 du côté de Sfax (au Club Sportif Sfaxien) pour quelques mois en 1999-2000.

Un peu plus tard, Robertinho et Cabralzinho complètent la liste des tacticiens auriverdes qui ont exercé dans le championnat tunisien. Le 1e a été en poste au Stade Tunisien entre 2005 et 2007 (avant de revenir pour quelques mois en 2007-2008) alors que le 2e était à la tête de l’Espérance en 2007, 2008 et sans oublier le défunt Antônio Dumas qui fût en poste à l’Avenir Sportive de Gabès en 2012 et à la Jeunesse Sportive Kairouanaise en 2016.. malheureusement, sans grande réussite.

Les premiers joueurs brasileiros en LP1

Le Brésil est considéré comme le pays qui exporte le plus de footballeurs au monde et l’arrêt Bosman permettra à des joueurs opérant en Serie B, Serie C de s’exporter eux-aussi.. partout à travers la planète. L’Afrique (et la Tunisie par conséquent) comptera également son contingent de joueurs débarquant du Pais Do Futebol. Certains ont plus marqué le jomhour (public en VT ndlr) que d’autre, mais pour les plus nostalgiques, citons les attaquants Daniel José, Gilson André da Costa Maciel, Reinaldo Aleluia, Marcos Dos Santos (passé par le Club Athlétique Bizertin) et Magno Cruz qui ont portés les couleurs de l’Espérance, n’oublions pas l’ex-défenseur du Stade Tunisien Estevão Toniato et l’attaquant Serginho Fraldinha, le milieu offensif Souza Santana connu sous le nom de Zé Filho et l’attaquant Vitor Sonny, les deux au Club Africain, Ismaël Perera Reis, le numéro 10 Danilo Petroli Bueno ainsi que Diogo Acosta à l’Étoile ou/et plus récemment Gil Bahia, Ricardinho et Wellington Melo du côté de l’Union Sportive de Ben Guerdane.

L’histoire de naturalisation des auriverdes …

En 2000, et au vue de la coupe du monde en Corée-Japon, la FTF proposa à l’attaquant Adailton Pereira dos Santos (qui a porté les couleurs du Santos Futebol Clube et l’Espérance) de venir jouer sous les couleurs de la Tunisie. Le natif de Caatiba acceptera, lui qui vient de soulever le trophée de champion de LP1, quatre saisons de suite (1999, 2000, 2001, 2002) et 1 coupe en 1999. Ady connaîtra, seulement, trois sélections avec les Aigles de Carthage et ne sera pas des 23 de Ammar Souyah pour le Mondial 2002, le tuniso-brésilien poursuivra sa carrière en Libyan Premier League et en Veikkausliiga (Finlande), Ykkönen où il remportera le championnat (D2).. sucesso único.

José Clayton

Juillet 1994, un jeune de 20 ans, inconnu du grand public, s’engage avec l’Étoile en provenance du Moto Club (qui évolué alors en Serie B) et va rapidement faire l’unanimité autour de lui, son nom : José Clayton. Le latéral gauche deviendra un joueur clé de la formation sahélienne et sortira trois saisons de très haut niveau avec cinq trophées (1 championnat en 1997, 1 coupe en 1996, 1 CAF Cup en 1995, 1 coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe en 1997 et un supercoupe d’Afrique 1998) après cette expérience plus que convaincante la Fédération Tunisienne de Football proposa au joueur d’être naturalisé et porter les couleurs de la sélection pour le Mondial 1998 en France. Le natif de São Luís do Maranhão acceptera et portera les couleurs de la Tunisie à 39 reprises entre 1998 et 2006. Après la coupe du Monde, il ira au Sporting Club de Bastia mais reviendra au bout d’un an en LP1, cette fois au Stade Tunisien puis signera du côté de l’Espérance avec qui le joueur remporta trois championnats de suite (2002, 2003 et 2004)

Entre temps, José Clayton sera du voyage en Corée-Japon pour la coupe du monde 2002, passant par l’historique coupe d’Afrique des nations 2004, l’aventure aux Jeux Olympiques 2004 d’Athènes (avec un golazo contre la Serbie d’une beauté pure), l’expérience en coupe des confédérations 2005 en Allemagne et la coupe d’Afrique des nations 2006 en Égypte qui marquera la fin de sa carrière internationale. S’en suit après des courtes expériences dans divers clubs (Al-Sadd Club, Sakaryaspor et le Stade Gabésien) mais qu’aurait été la vie de José Clayton sans ce 14 février 2004, quand le gardien marocain Khaled Fouhami relâcha le ballon du tuniso-brésilien, sous les yeux d’un Zied Jaziri opportuniste … obrigado meu irmão.

Francileudo Santos

Comme l’un de ses emblématiques coéquipiers en sélection José Clayton, Francileudo Santos est originaire du Maranhão plus précisément de Zé Doca. Formé au Sampaio Corrêa Futebol Clube, le joueur tenta l’expérience européenne en Jupiler League au Standard de Liège qui tournera court. Il trouva alors un point de chute en Ligue Professionelle 1 où Francileudo Santos va rejoindre l’Étoile alors coaché par le technicien français Jean Fernandez. Durant son 1e passage au club de Sousse, l’attaquant marquera 32 buts en 50 matchs et remportera une CAF Cup en 1999, les dirigeants de la Fédération Tunisienne de Football, de l’Étoile lui proposent donc une naturalisation pour pouvoir pallier le manque de profondeur au poste de numéro 9 en sélection, néanmoins l’attaquant ne sera naturalisé qu’en 2003 alors qu’il évolue au Football Club de Sochaux-Montbéliard. Durant son expérience dans le Doubs, Santos se révéla lors de la montée et du titre de champion de Ligue 2 en 2001 en marquant 21 buts en L2 lors de sa première saison en Europe. Les années suivantes, sous Jean-Claude Plessis, sont dans la continuité de la montée (8e, 5e, 5e), Francileudo Santos est titulaire indiscutable, en étant un des meilleurs artilleurs de Ligue 1 et en formant un duo des plus qu’efficace avec Pierre-Alain Frau. Le tuniso-brésilien va même découvrir l’UEFA Cup avec les Lionceaux et remporter une coupe de la ligue en 2004.

Peu avant le début de la coupe d’Afrique des Nations organisée en Tunisie, Francileudo Santos rallie le groupe des 23 de Roger Lemerre. La belle histoire commença ainsi, et dès son 1e match contre le Rwanda, l’alchimie opère entre Zied Jaziri (son ex-coéquipier à l’ESS ) et lui, les deux « potes » marqueront chacun un but pour montrer que le collectif prime avant tout, le natif de Zé Doca participa aussi à la coupe de confédération 2005, au Mondial 2006 et aux CAN 2006 et 2008, avec pour ratio 28 buts pour 40 sélections. En clubs, il connaîtra ensuite des expériences mitigées (Toulouse Football Club et Football Club de Istres) et un retour manqué dans le fief de Peugeot. Malgré une fin de carrière professionnelle honorable avec l’Étoile en 2010-2011, les pépins physiques l’empêcheront d’atteindre le plus haut niveau européen.

Au final, les nostalgiques n’oublieront jamais cet après-midi ensoleillé de février 2004 dans un stade olympique de Radès (60000 supporters) acquis à la cause de la sélection … quelques minutes après le coup d’envoi (5e minute) sur un centre flottant dans la surface marocaine de Mehdi Nafti, Francileudo Santos reprend d’un coup de tête le ballon … la suite ? On la connaît tous.. inesquecível.