Dans une interview accordée au journaliste de l’Equipe Nabil Djellit, le directeur sportif des sélections nationales, Mohamed Slim Ben Othman, est revenu sur plusieurs sujets et actualités du football en Tunisie. Ettachkila vous présente les grandes lignes de cette longue et riche interview.
Après un mondial Qatari riche en émotions pour la Tunisie, il était question d’évaluer les dernières sorties des aigles de Carthage et en particulier ces deux matchs contre la Corée du Sud et le Japon et l’état d’esprit avant la CAN. Slim Ben Othman a ainsi déclaré : « On sait tous qu’on a montré un beau visage lors du dernier Mondial, il fallait garder cette dynamique… Dans l’ensemble, c’est positif. On finit premier de notre groupe de qualification à la CAN avec un seul but encaissé. On a réalisé deux matches solides contre deux gros morceaux en amical avec un nul en Algérie et une victoire en Égypte… » avant d’ajouter « Il y a eu aussi cette tournée asiatique ratée, mais elle va nous servir à corriger ce qu’il faut juste avant la CAN à venir.. »
Pour expliquer cette marque de fabrique de la Tunisie « l’Italie de l’Afrique » et la capacité des aigles de Carthage à gérer les grands matchs, Ben Othmane a évoqué l’importance du collectif « On est une équipe qui n’a jamais eu de grosses individualités. On a Msakni qui est un joueur de classe mondiale.. mais la solution passe par le collectif. La Tunisie est consciente de ses forces mais surtout de ses faiblesses. Ce groupe-là, il allie le talent et l’intelligence tactique. » avant de conclure « La Tunisie est une équipe très intelligente. Il y a peut-être plus de talents en Algérie et au Maroc que chez nous. On compense cela par la rigueur et l’intelligence ».
Concernant les ambitions de la Tunisie à la CAN, le jeune directeur sportif n’a pas hésité à annoncer la couleur « Nous, on reste sur une demi-finale en 2019 et un quart de finale en 2022…On part donc pour faire une grosse compétition. Une fois encore, nous sommes conscients de la force de notre collectif. En Côte d’Ivoire, on veut faire mieux que lors des deux dernières éditions…» avant d’enchaîner sur le projet de la fédération avec les binationaux « c’était compliqué de convaincre des binationaux de faire un choix vers 18, 19 ans de nationalité sportive. On l’a fait avec Hannibal (Mejbri), (Anis) Ben Slimane et Hamza Rafia, et cela nous permet d’avoir l’une des générations les plus prometteuses de l’histoire du pays…C’est une alternative obligatoire si on veut continuer à performer sur la scène internationale. Et si on veut renforcer notre statut de grand d’Afrique. »
Abordant le sujet de la formation des jeunes, le constat est devenu beaucoup plus compliqué « Aujourd’hui, on a des lacunes. L’État doit jouer son rôle au niveau des infrastructures et des moyens. Sur ce point-là, on ne combat pas à armes égales avec nos voisins et nos concurrents.. La Tunisie n’a qu’un seul stade homologué par la FIFA pour les rencontres internationales. Si on veut rester compétitif, on n’a pas le choix, il faut travailler de manière intelligente. À court et moyen terme, pour conserver notre statut, ça passe par cette politique sportive de binationaux. En attendant qu’on mette plus de moyens.. » Ceci dit, ça n’a pas empêché de remporter le tournoi UNAF des U20 haut la main pour la troisième fois de suite « Au-delà de notre succès pour la troisième fois d’affilée, pour moi, l’un des problèmes du foot tunisien, c’était cette catégorie-là qui représente la post-formation. On avait beaucoup de mal à accompagner ces joueurs-là… Il y a une vraie tendance positive. Puis, on a l’avantage de compter sur des binationaux très tôt et de créer un lien fort »
Évoquant le cas du jeune joueur formé au PSG, Ismael Gharbi, Ben Othmane a été très transparent « C’est l’un des premiers joueurs avec qui je suis rentré en contact lorsque j’ai commencé à travailler pour la Fédé tunisienne. Aujourd’hui, la balle est dans le camp du joueur. La Fédé a fait tout le travail avec Ismaël et sa famille. Cela ne dépend plus de nous. C’est à lui de manifester son envie de rejoindre la Tunisie. »
Sur le sujet du président Wadi Jari aujourd’hui arrêté suite à une plainte du ministère de tutelle « Humainement, c’est clair que cela a un impact. Cela nous touche tous parce qu’il avait une grande proximité avec toutes les composantes de la Fédé… Après sur un plan professionnel, ça nous incite de redoubler d’efforts pour hisser le drapeau de la Tunisie au plus haut. »
Enfin, suite à l’information d’un média tunisien concernant la sanction de quatre joueurs de la sélection, Ben Othman a nié en bloc cette rumeur « Ce que rapporte ce média sur les quatre joueurs cités sont des informations erronées. Les noms cités ne correspondent même pas à la réalité. Je vais vous éclairer sur le sujet. Déjà, les quatre cités sont absents pour d’autres raisons. Deux ne sont pas là par choix techniques, et deux autres par manque de temps de jeu en club. »