Le football tunisien traverse depuis quelques mois une profonde crise de gouvernance et la récente nomination d’un nouveau staff à la tête des aigles de Carthage n’est pas pour arranger les choses. Mis sous tutelle de la FIFA, le bureau fédéral « provisoire » est sur la sellette et ses dernières décisions prennent du plomb dans l’aile. Décryptage.
Un avion « sans pilote »
Depuis la mise à l’écart de l’ancien président de la FTF, l’omnipotent Wadi El Jarii (arrêté à la suite d’accusations de malversations financières), le football tunisien navigue dans des eaux troubles et plus personne ne voit le bout du tunnel d’une situation qui s’empire jour après jour. Décalées à plusieurs reprises, les élections d’un nouveau bureau fédéral sont renvoyées au calendrier romain. Toutes les listes annoncées ont été recalées pour laisser place… au vide.
Entre tiraillements politiques d’un ministère de sports qui « manœuvre » en background et un Wassef Jelaiel qui ne fait plus l’unanimité auprès des clubs, le football tunisien se trouve dans le flou le plus total. Le 15 juillet dernier était la dernière date fixée par la FIFA pour le mandat de la direction actuelle. Mais depuis, aucune feuille de route n’a été communiquée. Des noms (à l’instar de Maher Snoussi) ont circulé pour assurer la transition, mais sans suite.
Faouzi Benzarti, la « volte-face »
En parallèle, l’intérimaire Montassar Louhichi a été éjecté pour laisser place au doyen Faouzi Benzarti à la tête des aigles de Carthage. Une décision qui a suscité plusieurs réactions compte tenu de la volonté du public tunisien, désireux de voir de nouvelles têtes au sein de la sélection.
Annoncé comme adjoint de Faouzi Benzarti, Imed Ben Younes a fait machine arrière et choisi de s’engager avec le CAB. Un premier revers qui pousse la fédération à se rabattre sur Selim Benachour, l’ex adjoint de Jalel Kadri : proposition poliment refusée par l’ancien international, qui a préféré prendre en main la sélection des U20.
Face à cette situation inédite, alors que la rumeur de l’arrivée de Maher Kanzari au poste prend de l’ampleur, Wassef Jelaiel et son entourage font le choix fort de Mehdi Nafti. Le champion d’Afrique 2004, exilé en Espagne depuis quelques années, accepte la proposition de la Fédération pour devenir « entraîneur national » aux côtés de Faouzi Benzarti. Un poste « sur mesure » qui donne à Nafti beaucoup de pouvoir dans la perspective d’une éventuelle transition à la tête des aigles de Carthage. La stratégie semble plaire à tout le monde et le binôme entame déjà son travail pour préparer les prochaines échéances.
Le coup de théâtre
Mais depuis le début de la semaine, les choses se sont accélérées : Wassef Jelaiel et son bureau seraient complètement écartés, Faouzi Benzarti a annoncé à ses proches qu’il « regrette » d’avoir validé le nom de Mehdi Nafti. Si les vraies raisons de ce revirement de situation restent encore floues, la communication serait complètement coupée entre les deux hommes, pourtant sous contrat avec la Fédération.
Et maintenant ?
Alors que Nafti a entamé son travail en prenant déjà contact avec quelques binationaux, Benzarti aurait communiqué sa décision aux plus hauts décideurs du football tunisien. Face à cette situation inédite, la collaboration entre les deux techniciens semble compliquée voire impossible. En attendant d’y voir plus clair dans les prochains jours, les tractations continuent en coulisses pour sauver le destin du football tunisien après cet énième coup de massue qui pourrait nous plonger dans un profond coma dont on ignore la durée.