FTF – CS Chebba : Un règlement de compte déguisé

Le ton monte depuis le match entre le CS Chebba et le Club Africain sur fond de decisions arbitrales. C’est la face cachée de l’iceberg, et leur différent remonte à quelques jours avant. Tentative d’explications

Un penalty oublié pour Chebba …

Tout a commencé à la désignation de l’arbitre international Sadok Selmi pour le match du CS Chebba face au Club Africain. Le promu a estimé, à tort ou à raison, que l’homme en noir est “missioné” de pénaliser le club pour des raisons encore inconnues du grand public.

Après cette rencontre électrique et une victoire du Club Africain sur un but de Wajdi Sahli (0-1), l’ambiance s’est tendue au stade et la colère des Chebbiens envers Sadok Salmi, pour un penalty oublié, s’est transformée en accusation grave et dangereuse envers l’arbitre et les institutions sportives derrière lui. En revoyant les images et les actions chaudes de ce match, et comparé à tout autre rencontre lambda de football, rien ne peut confirmer catégoriquement que la décision est préméditée, mais rien ne l’affirme non plus … Et dans le doute, le CS Chebba campe sur sa position et lance les hostilités. Entre les plateaux de télés, des communiqués publics et une volonté de porter plainte devant la justice, les responsables du promu montent dans les tours et passent à la vitesse supérieure. Persuadés d’être victime d’un règlement de compte, le président Taoufik Mkacher déclare qu’il est prêt à assumer ces responsabilités pour défendre son club et aller au bout de ces accusations. Mais, la question qui se pose, pourquoi ce timing ? Est-ce que le penalty oublié contre le Club Africain à 10 journées de la fin du championnat est l’unique cause de ce bras de fer ? Ou d’autres choses se cachent derrière cette confrontation frontale entre le CS Chebba et la FTF ?

Une histoire de parrainage

Le samedi 22 Mars dernier, trois listes ont été déposées pour les élections de la Fédération Tunisienne de Football. La liste du president sortant Wadii Al-Jari, qui cherche à briguer un 3e mandat à la tête de la FTF, a reçu le “parrainage” de 142 clubs sur les 145 éligibles aux votes. Plusieurs clubs tels que le Club africain, l’Espérance de Tunis, le Stade Tunisien, l’US Monastirienne ou le CA Bizertin font parti des “mounachidoun” (Parrains) de cette candidature, annonçant ainsi leurs choix avant le déroulement même de ces élections, supposées être secrètes.
En même temps, trois clubs ont dérogé à la règle et ont choisi de ne pas annoncer leurs décisions finales, il s’agit de l’Etoile du Sahel (ESS), le Club sfaxien (CSS) et le Croissant de Chebba (CSC). Une “défection” qui devrait être naturelle dans un état de droit et dans un démocratie traditionnelle mais qui, au final, a soulève des questions quant au type de relation future entre ces clubs et le bureau fédéral actuel…

Mécontents pour l’absence d’une représentation sur la liste de Wadi Jarii, ou pour des supposées contentieux, ces trois clubs ont finalement pris un autre chemin à l’inverse de tout ce plébiscite digne d’une vieille époque révolue en Tunisie.

Vous l’avez compris, l’histoire dépasse un simple duel entre Chihab Laabidi et Jilani Abdessalem dans la surface, c’est plutôt un front ouvert entre ces trois “déserteurs” et l’armada de la FTF, le CS Chebba l’a bien compris, désormais,il n’aura pas la vie facile … Et il doit tenir prêt à des représailles.

Des lourdes sanctions en accusé de réception ?

Le bureau de la Ligue nationale de football professionnel (LNFP) n’a pas tardé à dégainer, et à décider de sanctionner lourdement le CS Chebba. Un match à huis-clos ( Hasard de calendrier, ça sera face à Ben Guerden en coupe de Tunisie), en plus d’une amende de 2 mille dinars.

Le Kiné du CS Chebba Bouraoui Ben Mardhia a écopé d’une interdiction de deux matches, en plus d’une amende de 5 mille dinars pour gestes obscènes envers le corp arbitrale.

Le club a écopé d’une amende de 15 mille dinars pour publications diffamatoires diffusées sur la page Facebook officielle du club (Une première en Tunisie ?), et enfin, le président Taoufik Mkacher a écopé d’une amende de 20 mille dinars pour atteinte au pacte sportif. Son dossier sera transféré à la commission nationale de discipline liée à la FTF.

Bilan de courses

Pour conclure, rappelons tout d’abord, que la violence ne pourra jamais régler les problèmes et que peut importe notre avis sur Sadok Salmi, tenter de l’agresser ou de vandaliser sa voiture restent des faits fermement condamnables et qui ne pourront en aucun cas résoudre un sujet de principe.

Mais, l’état d’esprit de certains dirigeants à la FTF, qui essayent de nous faire revenir à la pensée unique et à la personnification des élections est un danger pour le football tunisien qui doit s’enrichir en instaurant une concurrence saine de projets et de programmes. Le CS Chebba est un cas d’école d’un règlement de compte qui desservira le football tunisien, et qui enverra un mauvais signal à toute volonté de pratiquer un droit de vote libre, secret et personnel.

---