Malgré la fin de l'aventure entre Kais Yaâkoubi et le CA Bizertin, le technicien aura laissé de beaux souvenirs et procuré de vives émotions. Retour sur les moments forts de cette collaboration à l'issue providentielle.
Un défi à sa mesure..
Réputé pour son franc-parler tout au long de sa riche expérience de head coach dans plusieurs pays (Tunisie, Qatar, Syrie…) ou de part son rôle de consultant pour certains médias, Kais Yaâkoubi débarquait à Bizerte pour une véritable mission commando. Sans entraîneur depuis le départ précipité de Sofiène Hidoussi après le match nul à domicile face à Ben Guerden, les cabistes voyaient plus que jamais s’approcher la menace d’une relégation quasi-certaine en Ligue 2. À ce moment de la saison, le CAB est au plus mal, avec un président condamné à 15 ans de prison et réfugié en France, des joueurs impayés depuis des mois et un club sans stade… Bref, tous les voyants étaient au rouge !
Véritable meneur d’hommes et excellent communicateur, l’ex-technicien d’Al Ettihad Alep arrive dans le nord de la Tunisie pour sauver le club. À « Banzart« , Kays Yaakoubi trouve un défi à sa mesure et accepte ce challenge que beaucoup considéraient comme perdu d’avance. Accompagné par son staff technique (Ahmed Souissi, Refki Oueslati et Mohamed Ali Jaziri), le natif du Kram lance l’opération « maintien ».
Un calendrier compliqué, mais il n’était pas interdit de rêver…
Tout démarre au Stade Taieb Mhiri face à une équipe locale quasi invaincue à domicile et jouant les premières places qualificatives aux compétitions africaines : la bande à Kays Yaakoubi réussit l’exploit de ramener le point du match nul face au CSS. Forts de cette performance, les cabistes lancent idéalement leur course « quasi-impossible » vers le maintien. Relégables depuis la 17ème journée de la LP1, les Requins du Nord relèvent progressivement la tête. Accrochés à domicile face l’Etoile du Sahel après avoir pourtant mené au score par deux fois (2-2), solides en déplacement face au Stade Tunisien, le CS Chebba et l’ES Metlaoui (0-0), euphoriques face à l’US Monastir (2-1), les poulains de Kays Yaâkoubi prennent conscience qu’ils sont en passe de réaliser l’exploit. Très ému après la victoire face aux Usémistes (révélation de la saison, qui finira 3e au classement), le technicien cabiste a appelé à l’union sacrée autour du club et définit deux mots d’ordre : « calme et humilité »… Et si le rêve fou du maintien allait devenir réalité ?
Galvanisés par un but de Habib Yaken dans le money time, les Jaunes et Noirs assuraient la victoire qu’il fallait face aux concurrents directs d’El Chabiba (la JSK) avant d’aborder la dernière journée cruciale à Tataouine.. Le rêve est devenu plus proche mais il fallait gagner cet ultime match pour valider le dernier numéro du ticket gagnant..
Un scénario incroyable..
Rapidement menés au score par Tataouine qui jouait aussi sa peau, les coéquipiers de Marouan Sahraoui sont sous la menace du CS Hammam-Lif qui pourrait les condamner malgré son (0-0) face au Stade Tunisien (Métaloui dominait dans le même temps Soliman 3-1), jusqu’à l’ouverture du score du nigérian Victor Abata pour… les stadistes à la 73eme minute. Toute une ville reprend espoir, le deuxième but du « Baklawa » face à « El Hamhama » confirme la sentence et malgré leur défaite finale à Tataouine (0-1), les bizertins se maintiennent en LP1. Providentiel ! Mission accomplie pour Kais Yaâkoubi.
Les clés de la réussite..
Aidé par son inébranlable foi en Dieu dans cette mission quasi-inespérée (une foi revendiquée et assumée), Kays Yaakoubi a sorti un bilan très honorable en 9 rencontres à la tête du CAB (2 victoires, 5 nuls et 2 défaites), soit une moyenne de 1,22 point / match. Il a surtout réussi à booster le niveau de confiance et d’abnégation de son groupe (deux victoires dans le temps additionnel face à Monastir et Kairouan) et a fait confiance à des jeunes qui feront les beaux jours du CAB dans les années à venir (Yassine Kchok, Taieb Ben Zitoun, Elyes Dridi ou Rayed Derbali, pour ne citer qu’eux).
À défaut de pouvoir chambouler son groupe sur le plan tactique, Kays Yaakoubi (qui a su trouver les mots justes aux moments les plus importants) a privilégié d’axer son travail sur le volet mental pour au final réussir une mission quasi-inespérée dans un contexte stressant, parfois insoutenable.. Ne dit-on pas : « Le hasard n’existe pas, tout provient de nous-même » ? Kays Yaâkoubi aura eu le mérite d’y croire et de le démontrer..