L'attachant et charismatique international tunisien s'est toujours naturellement imposé comme un véritable patron dans toutes les équipes où il a joué, grâce à ses qualités sur et en dehors des terrains.. Retour dans ce premier épisode sur ses débuts en Tunisie, son départ en Europe et sa belle carrière en Allemagne ...
Passé des jeunes de l’AS Kasserine à la Bundesliga après avoir été révélé à Sousse avec l’Etoile du Sahel puis avec l’EN 2004, Karim Haggui aura également joué en France au RC Strasbourg, avant de rejoindre le Bayer Leverkusen, Hanover 96, VFB Stuttgart ou encore le Fortuna Düsseldorf, pour finir sa riche carrière au FC Saint-Gall en Suisse.
Retour sur toutes ces expériences, pour un joueur resté toujours humble et attachant, qui a réussi l’exploit de durer dans le haut niveau européen..
L’enfant de Bouzguem …
Né le 20 janvier 1984 à Kasserine, Karim a vécu une enfance ordinaire et sans histoires dans sa ville natale. Le petit « Haggui » (un nom de famille originaire de Bouzguem, un petit village dans le sud de Kasserine), était passionné de football, un sport qui le faisait rêver et lui donnait déjà des étoiles dans les yeux. Ce qui comptait pour lui à ce moment-là, c’était de rejoindre ces petits copains aux entraînements, en fin de journée. Durant deux saisons avec les minimes A et B de l’AS Kasserine, il apprenait les b.a.-ba du football sous les ordres de Mr Chefaaii Bennani, un homme qui comptait beaucoup pour lui, et qui était le premier à l’avoir lancé dans le grand bain du monde du ballon rond. Mr Bennani, était un excellent éducateur physique, très apprécié à Kasserine et qui a encadré d’autres talentueux gamins, comme le surdoué Saber Trablelsi ou le virevoltant Wajdi Bouazzi. Karim avait une affection très particulière pour son « coach », qui a toujours cru en lui et soutenu son rêve de devenir un jour footballeur professionnel …
Le « gamin » était timide et réservé, mais très assidu, se levait très tôt les jours de match qu’il préparait déjà dans sa tête. Chaque dimanche, aux premiers rayons de soleil, il retrouvait alors ses petits camarades devant leur lieu de rencontre habituel: le café du Cinéma, dit Café « Khediri« , avant de prendre la route des matchs et des déplacements avec l’équipe. Karim était toujours souriant et joyeux et prenait plaisir à partager ces moments de convivialité avec ses amis.. Il n’oubliera jamais son rituel matinal avant chaque match, et son fameux petit gâteau rond …
Ces deux saisons à l’ASK l’ont encouragé à suivre Sabeur Trablesi, un autre joueur de sa génération, parti au centre de formation de l’Etoile du Sahel. Alors âgé de 14 ans, le petit Karim quitta la belle ville du Mont-Chambi, El Kasserine et s’en alla tenter sa chance à Sousse
L’éclosion à Sousse
Arrivé au centre de formation du prestigieux club de Sahel à l’age de 14 ans, le jeune Kassrinois entama une nouvelle étape de sa vie, seul, loin de sa famille et de ses repères. Le « gosse » gravit vite les échelons et montre beaucoup d’aptitudes et de volonté pour apprendre et progresser. Sous la houlette de quelques grands noms du football tunisien, comme la légende du club, Lotfi Hsoumi, il évoluera avec une génération de joueurs composée de beaucoup de jeunes talents, comme son acolyte Saber Trablesi, le gardien Aymen Balbouli, le milieu Khaled Melliti ou le défenseur Radhouane Felhi . Le 22 décembre 2002, alors à peine âgé de 18 ans, il fait ses débuts dans le championnat de Tunisie lors d’un l’ESS – Olympique de Béja, et s’installera dès lors chez l’équipe première de l’Etoile. L’année suivante, il gagna la Coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe, en battant en finale les Nigérians de Julius Berger FC, après un match épique, ponctué par un triplé de Ogochukwu Obiakor. Haggui écoute beaucoup et apprend vite aux cotés de Zoubayer Baya, Raouf Bouzayen, Seif Ghezal et Ibrahima Koné pour ne citer qu’eux, et s’impose comme une pièce maîtresse du dispositif d’Amar Souayah, au point d’attirer la curiosité d’un certain … Roger Lemerre.
L’Alsace en tremplin
Après la magnifique épopée de la CAN 2004 et sa leçon de courage face au Nigeria, le jeune Karim Haggui (21 ans), n’a pas manqué de prétendants et de sollicitations. Le choix à faire était délicat, complexe.. C’est après mûre réflexion que le jeune défenseur prendra sa décision de poursuivre sa progression dans un club « familial » dans lequel il continuerait à apprendre et à développer ses capacités. C’est finalement le Racing Club de Strasbourg, et sous la houlette du manager général de l’époque et ancien Hammer, Marc Keller, qui remportera la mise en signant ce grand espoir du football tunisien. Arrivé à l’été 2004 en Alsace, Karim Haggui évolua dans une équipe comptant dans son rang d’excellents éléments, tels que le Sénégalais Mamadou Niang, l’Ivoirien Arthur Boka (Qu’il retrouvera quelques années plus tard à Stuttgart) ou encore le Suédois Alexander Farnerud
Malgré une première saison entachée par une blessure au pied qui le privera de deux mois de compétitions, il remportera son premier trophée en Europe : la Coupe de la Ligue en 2005 sous les ordres de Jacky Duguépéroux (connu en Tunisie pour avoir entraîné l’Espérance lors de la saison 2006/07). Sa deuxième année fût encore plus mitigée, car malgré des performances individuelles encourageantes (un rendement plutôt constant et une première participation en coupe de l’UEFA), le club alsacien est finalement relégué en Ligue 2.. le Tunisien est alors à la croisée des chemins.. il décide finalement, avec son nouvel agent, Mouez Chebbi, de tourner la page du « Racing » après 52 matchs disputés entre 2004 et 2006. Karim Haggui gardera d’excellents souvenirs au sein de ce club qui lui a permis de faire le grand saut en Europe …
Der Tunesische Kônig
Levrekusen pour découvrir la Bundesliga
Après avoir foulé les pelouses de la Deutschland avec la Tunisie lors du mondial 2006, l’enfant de Kasserine rejoint la région de Nordrhein-Westfalen dans l’ouest de l’Allemagne, et son prestigieux club Leverkusen. Le choix n’était pas anodin, l’ambition était immense et le rêve de continuer sa progression en Bundesliga (un championnat lui convenant davantage au niveau du jeu et de la mentalité) était encore plus grand. Le 12 Août 2003, le jeune tunisien disputa sa première rencontre au BayArena Stadium, devant 25 000 supporteurs. Avec le numéro 5 floqué sur son dos et associé au Brésilien Juan dans l’axe de la défense, il contribua à la large victoire de son équipe (3-0) face à l’Allemannia Aachen. Sous la houlette de son premier Head coach en Allemagne, Michael Skibbe, un entraîneur pour qui il a beaucoup d’affection et d’estime, il s’est imposé au sein d’un effectif très dense et comprenant des éléments tels que l’Allemand Gonzalo Castro, le Suisse Tranquillo Barnetta ou encore l’international Allemand Stefan Kießling.
Son aventure avec le Bayer durera trois saisons, trois saisons durant lesquelles Karim Haggui aura vécu beaucoup de belles choses avec un total de 83 matchs au compteur. L’international tunisien a inscrit son premier but en Europe avec Leverkusen, au stade Bollaert face au RC Lens de se son copain de toujours … Issam Jemaa. Il a disputé également un quart de finale de l’UEFA Cup en 2008, perdu face aux russes du Zenith. Malheureusement pour lui, sa dernière saison fût plus compliquée, et marquée par quelques déceptions. Lors de la finale de la coupe d’Allemagne en 2009, perdue face au Werder de Breme 0-1 (une rencontre que le Tunisien a dû suivre depuis le banc des remplaçants), le choix de Karim était fait, et c’était sans équivoque : l’heure était maintenant venue de tourner la page Leverkusen et de se lancer dans une nouvelle aventure …
Hanover, sa deuxième maison …
Alors qu’il avait en sa possession des propositions de clubs anglais et espagnols, Karim Haggui fait un choix assez surprenant, en décidant de rejoindre le nord de l’Allemagne, et plus précisément le Hanovre 96. Une belle histoire d’amour entre le tunisien et le club de la région de Niedersachsen allait naître.. Karim vivra ses plus belles années de carrière avec le Die Roten.
Malgré une première saison très compliquée où il assure in extremis son maintien en Bundesliga, le Hanovre 96 réalisera une performance exceptionnelle lors de la saison 2010-2011, en terminant à la quatrième place du classement, signant un retour à la scène européenne 19 ans après sa dernière participation.
Se sentant bien installé à Hanovre, sa « deuxième maison » comme il le dit souvent, Karim prolongera son contrat de trois saisons supplémentaires pour continuer d’y vivre des moments mémorables : une épopée européenne en 2011 ( Son équipe s’est faite éliminer en quart de finale face à l’Atlético de Madrid), un but très symbolique en 2011 face au grand Borussia Dortmund de Jürgen Klopp (Victoire de Hanover 2-1), et surtout, l’honneur de porter le brassard de capitaine à plusieurs reprises, comme signe de confiance mutuelle.
Durant ses cinq saisons, Haggui a tissé une relation très particulière avec ce club, et garda de très belles amitiés avec ses coéquipiers et « potes » comme l’Américain Steven Cherundolo, l’Albanais Altin Lala, les Allemands Christian Shulz ou Lars Stindl, et surtout son entraîneur durant trois saison, Mirko Slomka. Il a aussi été très affecté par le décès tragique de son coéquipier et ami, le gardien Robert Enke, avec qui il a partagé beaucoup de moments (ndrl : aux prises avec des problèmes psychologiques, le gardien Robert Enke s’était jeté sous un train alors qu’il était favori pour garder les buts de la «Mannschaft» à la Coupe du Monde 2010. Un suicide qui a bouleversé le monde du football). Après 132 matchs avec le club d’Hannover, était venu le moment pour Karim de dire « Auf Wiedersehen » faire ses adieux à sa grande famille « rouge » …
La boucle est bouclée en Suisse
La suite de sa carrière le verra rejoindre le club du VfB Stuttgart pour deux saisons, sans grande réussite, une pige en Bundesliga 2, chez le Fortuna Düsseldorf, avant de tenter une dernière aventure en Suisse, en 2016 au FC Saint-Gall, où il rejoint l’Allemand Joe Zinnbauer. Sentant le poids des années et les adducteurs qui sifflent, il mettra un terme à sa longue carrière le 09 Mai 2018, lors de la rencontre de Saint-Gall face au FC Lucerne …
C’est au terme d’une magnifique aventure, qu’une riche et longue histoire d’amour entre l’enfant du Kasserine et la Bundesrepublik Deutschland se tourne. Le papa de « Karam » et « Jad » peut être très fier de lui et de tout ce qu’il accompli depuis ses premiers pas à Kasserine jusqu’aux sommets de la Bundesliga.
A suivre, Karim Haggui et son aventure avec les Aigles de Carthage …