La Tunisie de Mondher Kebaier a arraché une victoire ô combien précieuse au classement du groupe J. Néanmoins, les aigles de Carthage n'ont pas fourni une prestation éclatante, se contentant d’assurer l’essentiel. Pour tenter d’expliquer cette faible performance, essayons un instant de décortiquer un système tactique plombé par des défaillances individuelles..
Le « sapin de Noël » de Mondher Kebaier…
Fidèle à ses idées, Mondher Kebaier a aligné face à la Tanzanie, comme à chacune de ses compositions d’équipe depuis son arrivée à la tête de la sélection tunisienne, un onze de départ en 4-3-2-1, composé par une ligne défensive de quatre joueurs : Mohamed Drager, Dylan Bronn, Yassine Meriah et Ali Maâloul, trois milieux de terrain, Elyes Skhiri, Ferjani Sassi et Anis ben Slimane et trois attaquants, à savoir Youssef Msakni, Hamza Rafiaa et Wahbi Khazri. Ce schéma de jeu, connu sous le nom de sapin de noël, est en réalité un système de jeu assez classique, que nous avons beaucoup perçu chez les différentes formations entrainées par le technicien italien Carlo Ancelotti (le Milan AC, le PSG, le Real Madrid ou Chelsea).
L’idée est toute simple : Il s’agit en effet d’une sorte de 4-3-3 où les ailiers sont des milieux offensifs décalés, les deux arrières sont très offensifs et la pointe de fixation devant a un rôle très particulier et spécifique. Autre poste clé dans ce dispositif : celui du numéro 6 qui est juste devant la défense : le regista. Dans les années 2000, c’est Andrea Pirlo (brillamment reconverti) qui a occupé ce poste au Milan AC d’Ancelotti. Un regista est donc un meneur de jeu évoluant devant sa défense, et non devant celle de l’équipe adverse. Vous l’avez compris, tactiquement et sur le papier, c’est un schéma alléchant, mais encore faut-il bien choisir les hommes qui le composent..
Des joueurs en manque de rythme…
En jetant un coup d’œil sur le onze de Mondher Kebaier, si nos deux latéraux Drager et Maaloul sont (sur le papier) très offensifs, capables d’apporter de la largeur ainsi que le surnombre en phase offensive, concrètement, ce ne fut pas le cas. Si Ali Maâloul a complètement rempli son rôle, avec une activité incessante sur le couloir gauche, Mohamed Drager n’a lui, quasiment rien apporté sur le flanc droit. Le poste du meneur de jeu reculé (regista) a été confié à Elyes Skhiri. Le joueur de Cologne est souvent excellent dans un rôle de sentinelle, capable de faire l’essuie-glace devant sa défense mais il a cruellement manqué de créativité sur les phases offensives. Juste devant lui, les deux travailleurs Ferjani Sassi et Anis Ben Slimane avaient pour tâche de fermer les espaces, de couper les lignes adverses et d’apporter la supériorité numérique en phase offensive. Là encore, le constat est assez mitigé après le match de vendredi : Si Ferjani Sassi a évolué dans un registre plutôt bas, essayant de jouer juste dans les petits espaces, son compère Ben Slimane a manqué surtout de percussion pour apporter le surnombre et transpercer les lignes adverses.
Venons maintenant au trio offensif : Les deux milieux offensifs avaient pour mission d’établir le lien avec le milieu, d’effectuer un pressing haut et aussi d’alimenter l’attaquant de pointe et les latéraux auxquels ils libèrent les couloirs. Dans ce rôle, le duo Rafiaa et Msakni a beaucoup « déçu » et n’a pas exercé un pressing constant dans la zone adverse. Nous avons également remarqué une défaillance sur le coté droit, avec la paire Drager-Rafiaa qui tombait dans la précipitation et manquait d’automatismes pour déclencher le pressing et lancer les contre-attaques. Habituellement, Kebaier choisissait le duo Kechrida-Khaoui sur ce coté et ce changement a complètement déséquilibré l’équipe.
Analysons pour finir, le sommet du sapin, la pointe de la flèche. Dans un monde parfait, Msakni et Rafiaa devaient être capables de distribuer de bons ballons pour l’attaquant de pointe, Wahbi Khazri, qui doit être chirurgical dans la finition. Hélas, l’attaquant stéphanois n’a pas reçu beaucoup de munitions et a été souvent séparé du reste de l’équipe. Il s’est, en effet, souvent retrouvé seul et obligé de tirer en dehors de la surface par manque de soutien.
En conclusion..
Dans un schéma qui peut paraitre trop prudent et trop prévisible pour percer une muraille tanzanienne composée de deux rideaux de 5 joueurs de champ, ce qui a pêché dans le système de Mondher Kebaier vendredi soir, c’était le manque de mobilité, de permutations et d’application des consignes par certaines individualités qu’il a choisies. Il faut dire que la rigueur tactique est primordiale pour réussir le fameux sapin de Noël de Carlo Ancelotti, faute de quoi ce système de jeu est resté théorique.