LE JOUR D'APRÈS - Dans le cadre de notre dossier sur les répercussions de la pandémie du Covid-19 sur le football mondial et tunisien, plusieurs techniciens nous ont livré leurs impressions et préconisations face à ce contexte inédit... Nous avons souhaité donner la parole à des footballeurs en activité pour avoir un tableau plus complet... Le milieu de terrain de l'ES Métlaoui, Oussema Boughanmi, s'est confié dans notre site sur cette situation sanitaire et sportive, Interview
Auteur d’un come-back retentissant avec l’Étoile sportive de Métlaoui, le protagoniste de l’épopée de la bande à Kanzari en Corée du Sud 2007 et jeune globetrotteur Oussema Boughanmi (puisque c’est de lui qu’il s’agit) s’est confié à Ettachkila pour nous raconter comment il vivait le foot aux temps du Coronavirus…
Mots d’ordre : Optimisme et self leadership !
Un élan brisé ?
Concernant cette coupure de championnat et son état d’esprit face à cette situation exceptionnelle « D’une certaine manière, un footballeur incarne les valeurs du sport (la bonne santé, l’hygiène de vie, les rituels quotidiens). Il vit pour l’adrénaline des matchs et a besoin de maintenir un niveau de stress positif constant…Il est vrai que cette interruption a été assez brutale surtout que l’équipe commençait à performer et restait sur une courbe ascendante (ndlr : l’ES Métlaoui avait réussi l’exploit d’éliminer l’ESS en 8e de finale de la Coupe de Tunisie sur un doublé d’Oussema Boughanmi et pouvait entrevoir l’opération maintien avec plus de sérénité) mais il s’agit d’une situation mondiale qui nous dépasse et qui n’épargne aucun pays… Il s’agit justement de préserver notre santé et celle de nos proches… C’est la priorité.
Mais je le prends avec beaucoup de philosophie car c’est l’occasion pour nous de nous rapprocher de nos familles, de prendre un peu de recul et de faire le bilan avant de repartir. »
Comment se fait ta préparation physique ?
Conscient de l’importance du maintien de la forme physique avant la reprise de la compétition, il rajoute « Du moment où les joueurs sont confinés et géographiquement éloignés, le staff technique et notre préparateur physique ont partagé avec nous un programme que nous suivons scrupuleusement à distance (via des vidéos sur un groupe WhatsApp)… On a des objectifs, un suivi, des variations d’entraînements…
En parallèle, et en coordination avec notre préparateur physique, je fais des séances physiques supplémentaires (entraînement fractionné de haute intensité) avec un groupe restreint de joueurs (puisque nous en avons depuis peu l’autorisation) en respectant toutes les mesures de précautions nécessaires. »
Quelle approche mentale dans un contexte aussi incertain ?
Le natif de la grande école du Stade Tunisien, passé notamment par l’En Avant Guingamp, l’Espérance Sportive de Tunis avant de rouler sa bosse un peu partout en Afrique du Nord et dans le Golfe, met l’accent sur un point important : « Un sportif professionnel est généralement habitué aux conditions mentales extrêmes… La pression, l’adversité, les challenges font partie de son quotidien et il a besoin de vivre la compétition… Sauf que maintenant, nous devons nous maintenir mentalement prêts en l’absence de deadline, de certitudes… Une situation particulière face à laquelle j’applique ces deux solutions : Primo : le confinement, ce n’est pas des vacances… Hors de question de «baisser la garde» comme on dit. Secondo : je me focalise sur le moment présent : s’entraîner, se nourrir, s’hydrater et récupérer comme si le retour à la compétition était pour demain matin (ndlr : au moment de l’interview, la FTF n’avait pas encore proposé de date de reprise du championnat. Laquelle proposition restant soumise à l’accord des autorités publiques)
Pour mon club, l’ES Métlaoui, il s’agira de disputer encore 10 matchs. Il faudra être prêt dans la tête à la reprise afin de les jouer comme autant de finales. »
Le mot de la fin Oussema ?
Enfin, conscient de la primauté de la santé sur d’autres considération et prenant les choses avec beaucoup de sagesse, il conclut « Derrière cette épreuve il y une vraie leçon de vie à tirer… Au-delà des considérations scientifiques, c’est une période de sacrifices, d’entraide… C’est l’occasion comme je disais de faire une pause, de se reconnecter avec ses rêves, de se débarrasser des regrets et de bien se ressourcer. Que Dieu nous protège et protège notre pays. »