Portrait : Patrice Carteron, l’autre sorcier blanc

Suite à son départ tumultueux du Zamalek et sa signature en Arabie Saoudite à Al Tawoun, Ettachkila se penche sur la trajectoire du spécialiste du football africain "Patrice Carteron". Portrait...

De Bamako à Lumbubashi..

Le sorcier blanc 2.0, tel pourrait être le surnom de Patrice Carteron au vu de sa carrière sur le continent africain. Celui qui a commencé en 2012 au Mali, qui a entraîné en Egypte (3 fois), au Congo et au Maroc vient d’entériner son départ du Zamalek en optant pour un choix (très lucratif) en Arabie Saoudite.

Après un premier passage par le banc de l’AS Cannes en 2008-2009, Patrice Carteron a vécu sa première grande expérience à la tête de Dijon FCO de 2009 à 2012, avant de devenir sélectionneur du Mali et d’être couronné dès sa première aventure africaine par une 3^ème place prometteuse à la CAN 2013. Les Aigles du technicien français venaient de confirmer le travail entamé avec Alain Giresse un an plus tôt (3^ème place également) en faisant appel à la même recette : de vieux briscards comme Seydou Keita et de jeunes pousses comme Mamadou Samassa.

Cette brève mais réussie première expérience permet à Carteron (qui n’avait jusqu’à lors entrainé que deux clubs français) d’attiser les convoitises du TP Mazembe et de son charismatique président : l’homme d’affaires Moise Katumbi.

Double champion du Congo en 2013 et 2014, vainqueur de la ligue des champions en 2015 et finaliste de la coupe de la CAF en 2013, Carteron s’inscrit dans la lignée du succès établi par le club de Lumbubashi. Emmené par l’historique Mputu et l’extravagant Kidiaba, les corbeaux ont fait office d’épouvantail dans les compétitions continentales sous sa direction. Capacité d’adaptation, justesse dans le choix des recrues et préparation physique à la hauteur des échéances, telles ont été les ingrédients du succès de l’entraineur français au TP Mazembe. Évoluant dans un contexte extra-sportif particulier du fait des actualités touchant son président, le club a su garder le cap grâce à un entraîneur qui aura fait du management des émotions sa force de travail.

La parenthèse américaine avec l’ami Drogba

Cette qualité alliée à son adaptation éclair dans les environnements dans lesquels il a évolué, va permettre à Patrice Carteron de tenter une première expérience en Égypte chez Wadi Degla, le club du richissime homme d’affaires Maged Samy (ou il emmené avec lui l’international français Florent Malouda), puis en Arabie Saoudite à Al Nasr. Deux tentatives après le TP Mazembe qui n’auront pas eu le succès espéré et un premier « exil » pour le guerrier blanc.

En 2017, Carteron change complètement d’environnement et prend la direction du club dont (son ami) Didier Drogba est actionnaire-joueur : les Phoenix Risig Stars en USL Championship (deuxième division américaine). Cette nouvelle expérience montre aussi un autre attrait de l’entraîneur : son réseau.

En effet, l’histoire d’amitié entre les deux hommes remontait à l’année 2012 à Londres. Alors que le natif de Saint-Brieuc finissait ses diplômes entraîneur, il fait connaissance de l’ivoirien de Chelsea et réalise rapidement qu’il partageait les mêmes idéaux que lui. Carteron et Drogba commencent à travailler ensemble, en se concentrant particulièrement sur les coups de pied arrêtés… L’ex joueur de l’OM, qui avait perdu du terrain dans son duel avec l’espagnol Fernando Torres, a vu son travail payé lors de la finale de l’UEFA Champions League face au Bayern Munich. Drogba a inscrit le but égalisateur à la 88e minute pour The Blues…suite à un corner et a ensuite converti le tir au but gagnant pour donner à Chelsea son premier titre en Ligue des champions (comme un clin d’œil à son ami Carteron)

Le retour au bercail

Au cœur de son aventure US et alors que le club de Phoenix a entamé une mue pour candidater à la MLS, son entraineur en chef résilie son contrat pour s’engager chez Al Ahly d’Egypte avec à la clé un alléchant contrat et d’importants objectifs continentaux. Son passage sera surtout marqué par la finale de LDC 2018 et le miracle de Radès. La défaite d’Al Ahly au match retour face à l’Espérance Sportive de Tunis (0-3) après avoir remporté la manche aller (3-1) sonnera le glas de sa deuxième expérience égyptienne au bout de seulement 6 mois.

Toujours aussi agile, Carteron enchaine avec une prise de fonction au sein du géant marocain du Raja Casablanca avec qui il remportera la Supercoupe d’Afrique 2019 en prenant une revanche face aux Sang & Or tunisiens. Mais encore une fois la sensation de déjà-vu se reproduit et l’expérience prendra fin après 9 mois. Un titre à la clé certes, mais un départ précipité et cette incapacité à s’inscrire dans la durée pour le coach français. À la tête de Zamalek (le rival du Caire) depuis décembre 2019, vainqueur de la Supercoupe d’Afrique 2020 encore contre l’Espérance et en phase d’affronter une autre vieille connaissance (le Raja) en demi-finale de LDC, Carteron quitte le navire égyptien et claque la porte du président Mourtadha Mansour (en réglant sa clause libératoire), alors qu’il avait entre les mains une équipe favorite pour le titre continental..

Malgré des rumeurs l’envoyant un peu partout sur le continent, il finit par signer en SPL, chez El Tawooun, qui lui a proposé un salaire astronomique qu’il n’a pas pu refuser (5 millions de dollars par an). Auteur d’un départ catastrophe avec son huitième club en six ans (défaite 0-6 à domicile contre Al Sharjah en AFC Champions League) le guerrier blanc commence mal son nouveau challenge où il risque de confirmer (ou pas) sa réputation de coach volage. Wait and see…