Après deux échecs consécutifs, (en termes de résultats et de jeu) à Nouakchott et à Malabo, la Tunisie a rassuré en montrant notamment 45 minutes de grande qualité devant les Chipolopolos. Analyse tactique
Statistiques
- Score : 3-1
- Tirs : 7-2
- Tirs cadrés et grosses occasions : 5- 2
- Possession : 53% – 47%
- Faits de jeu et déroulement du match : Une domination totale de la Tunisie en première période. Deuxième mi-temps plutôt équilibrée.
Le 3-4-2-1 de Kebaier
Kebaier a délaissé, le temps de ce match, son 4-3-2-1 et opté pour un 3-4-2-1 (Fig 1) qui s’est avéré être très intéressant dans notre animation offensive, complétement défaillante à Malabo samedi dernier.
Généralement, une équipe doit se trouver offensivement en position appelée « position fondamentale offensive » (Fig 2) qui doit être appliquée quel que soit le schéma tactique adopté : 3-4-2-1, 4-3-2-1 ou 4-4-2..
Comparativement avec le match contre la Guinée équatoriale (défaite 1-0, ndlr), en phase offensive, l’équipe nationale aurait due être placée de la sorte (en position fondamentale offensive). Or, notre onze a été en place de cette façon (Fig 3), ce qui explique en partie le manque de maitrise des protégés de Mondher Kebaier pendant ce match.
Face à la Zambie, la position fondamentale offensive était bien appliquée, ce qui explique l’excellente maitrise du jeu comme le montre la vidéo ci-après
Pour résumer, et au-delà du changement de système, le plus important est d’appliquer la position fondamentale offensive (essentielle pour avoir une bonne animation offensive) quel que soit le système initial. Il s’est avéré qu’en optant pour un schéma initial en 3-4-2-1, le profil des joueurs a permis de mieux appliquer cette position, beaucoup plus que lorsqu’on commence avec un schéma en 4-3-2-1.
Les profils que demande un 3-4-2-1
- Les 3 défenseurs vont nous donner plus de solidité défensive dans l’axe, mais pourront pénaliser en phase offensive. Il faut donc des profils assez bons dans la relance, techniques, et avançant dans l’espace laissé par le bloc adverse, exactement ce qu’a réussi Bronn sur le début de l’action du 3éme but par exemple.
- Des pistons offensifs : le piston prend la place d’un ailier dans la position fondamentale offensive. Il faut donc avoir un profil avec une bonne qualité de centre, une bonne technique, mais des qualités physiques et défensives de haut niveau, car le piston a aussi un travail important à réaliser en phase défensive.
- 2 milieux défensifs forts dans la récupération.
- 2 milieux offensifs créatifs : c’est un schéma qui ne demande pas d’ailiers, mais des milieux offensifs se plaçant entre les lignes et très influents dans la création du jeu.
Les clés du match
Les clés de cette animation sont surtout le placement des milieux de terrain, toujours derrière la première ligne défensive adverse, et la bonne relance des défenseurs, comme le montre cette vidéo :
Le placement juste des milieux a permis de pénétrer le bloc médian adverse, de le fixer, et de libérer les côtés, très bien exploités, comme nous pouvons le voir sur cette vidéo :
À ces clés collectives du match, s’ajoutent les satisfactions individuelles : Laidouni, Talbi et Bronn (à part l’erreur sur le pénalty concédé), Khaoui et Sliti, sans oublier le grand match de Farouk Ben Mustafa. Ces joueurs ont très bien appliqué ce système.
Quelques points restent toutefois à ajuster dans l’application du système pour la rendre encore meilleure, que ce soit dans le choix des joueurs, ou dans l’animation. Nous en avons dénoté cinq en tout :
1 / Le manque de profondeur dans l’axe : le choix de Khazri dans ce poste est (à notre sens) inadéquat et le joueur a semblé perdu. Wahbi aurait plutôt excellé derrière la pointe.
2 / Le choix des latéraux : à droite, bien que buteur, Drager n’a pas réussi un très bon match offensivement, avec beaucoup de ballons perdus, et une qualité de centre moyenne. Un latéral plus technique offensivement aurait beaucoup plus aidé. À gauche, un match moyen de Maaloul dont le comportement défensif et la qualité de centre n’ont pas beaucoup aidé. En revanche, les débordements balle au pied du sociétaire d’Al Ahly ont fait beaucoup de bien à l’équipe.
3 / Le match de Sassi : maillon faible de l’équipe, très mou défensivement et approximatif offensivement. Le retour de Skhiri à ce poste fera le plus grand bien à l’équipe.
4 / Les erreurs de Meriah : bien qu’il ait réalisé une meilleure prestation comparativement à ses précédentes sorties, son poste requiert plus de sécurité défensive et d’assurance dans les relances. Il a été très aidé mardi soir par la paire Talbi-Bronn.
5 : La qualité du pressing : le pressing qu’on a vu contre la Zambie n’était pas toujours organisé. Opter pour un 4-4-2 en phase de pressing, modulable selon le coté où se trouve la balle, et orienté vers les points faibles de l’adversaire, nous fera gagner en efficacité de pressing.
En conclusion, et au-delà de la victoire méritée, les Aigles de Carthage ont été l’auteurs d’une mi-temps très convaincante dans un match où il ne fallait pas se rater. Une chose est sure, la marge de progression est bien là pour la Tunisie.
Anis. B