L’US Open, dernier grand rendez-vous de l'année, commence aujourd’hui à New York avec une effervescence comme rarement vu ces derniers temps. Outre la très bonne santé du tennis US (2 joueurs dans le top 10 ATP et autant dans le classement WTA), le public attend du spectacle en finale hommes avec une troisième probable confrontation entre Djokovic et Alcaraz. Mais pour le tableau dames, l’issue n’a jamais été aussi indécise avec au moins cinq noms qui se dégagent pour la victoire finale. Quid de la forme et des chances de notre porte-drapeau Ons Jabeur. Décryptage dans cette présentation Ettachkila.
Le plus beau GC de l’année, avec une densité incroyable
Swiatek, Sabelenka, Rybakina, Gauff, Pegula et Jabeur font toutes office de favorites pour l’US Open 2023. Cela n’a jamais été le cas cette année pour un Grand Chelem avec clairement des dynamiques différentes : le duo Sabalenka / Rybakina dominant le début de saison sur dur et Swiatek écrasant la concurrence sur terre battue. La saison sur gazon a vu le big three proclamé (Iga, Aryna et Elena) perdre de sa superbe, Jabeur a été finaliste à Wimbledon, la révélation Vondrousova a gagné son premier GC et Svitolina a sublimé (après un quart à Roland Garros) son comeback avec une demi-finale à Londres.
La tournée américaine n’a fait que confirmer cette nouvelle tendance puisque Gauff a réalisé un incroyable doublé Washington – Cincinatti en battant pour la première fois Swiatek. Muchova finaliste à Roland Garros, a également vécu sa première finale de Masters 1000 et enfin Pegula a brillamment remporté le Masters 1000 de Montréal. Bienheureux celui qui pourra deviner qui parmi ces jeunes femmes soulèvera le trophée le 9 septembre prochain à Big Apple.
Quel parcours pour Jabeur et quelles ambitions ?
Ons Jabeur, à travers son statut mais également ses qualités, est un challenger pour tous les tournois du Grand Chelem. Quart de finaliste sur les quatre, finaliste sur gazon et sur dur, le couteau suisse tunisien n’a pas de plafond de verre. Même tronquée par les blessures, cette saison l’a vu surpasser ses ambitions à Roland Garros mais également échouer tout près du Graal à Wimbledon. Une défaite en finale qui a laissé des traces, comme l’a avoué la tunisienne en conférence de presse.
La native de Ksar Hellal avait besoin de se ressourcer depuis cette date maudite du 15 juillet 2023. Une déconnexion et une préparation minimaliste (en termes de participation aux tournois) qui l’a vu se présenter à Cincinnati sur la pointe des pieds. Bilan ? un comeback incroyable au premier tour en renversant Kalinina au troisième set après avoir été mené 5-1, un deuxième tour maîtrisé contre Vekic avant l’interruption et une solide performance contre Sabalenka malgré une blessure au deuxième set alors que la tunisienne menait 3-1. Trois matchs seulement mais beaucoup d’espoir. La qualité de jeu de la tunisienne, ses déplacements, son mental, tous les ingrédients d’une grande Jabeur ont été aperçus au Western & Southern Open en Ohio.
Tous les ingrédients sauf peut-être l’un des plus importants sur surface rapide : le service. En délicatesse avec ses premières balles depuis quelques mois, les pourcentages de la tunisienne s’en ressentent : 53% (1er tour), 48% (2ème tour) et 51% (Quart de finale). La numéro 5 mondiale ne pourra prétendre au titre ultime qu’en améliorant la qualité de son service. Sabalenka en avait fait très bon usage en convertissant 47% de points sur le premier service de Ons et 63% sur le second. La tunisienne croisera d’ailleurs encore une fois la biélorusse au stade des quarts de finale si la hiérarchie est respectée. Un premier match l’opposera à la colombienne Osorio avant potentiellement de la voir affronter Noskva, Bouzkova ou encore Krejcikova. Des joueuses à la portée de Jabeur même si un match n’est jamais gagné d’avance.
Un quart potentiel donc et un tableau qui la voit éviter les Américaines Pegula et Gauff ainsi que la numéro 1 mondiale Swiatek. De quoi nourrir des ambitions, des ambitions de titre et de premier GC qui lui échappent encore à ce jour. Jamais deux sans trois? le proverbe des finales perdues s’étant concrétisé, on peut se dire que la malédiction est brisée. Jabeur pourrait peut-être faire de l’adage « À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire » son leitmotiv. Elle qui aime prendre des risques, elle qui sublime le tennis, elle qui ne joue comme personne d’autre, ne gagnera certainement qu’avec gloire.